Tout le monde a en tête Blacko, le raggaman du groupe de rap français Sniper. Celui qui chantait avec Soprano le titre qui nous a bercés toute l’année 2007 « Ferme Les Yeux Et Imagine-Toi », l’auteur de nombreux featuring avec des artistes aussi bien hip-hop que du ragga frenchy. Celui qu’on appelle aussi Lionkaf, Solitary Lion et maintenant Afrikaf…
Fondu dans cette masse d’informations, il y a un homme, Karl Appela, à qui nous avons demandé de revenir un peu sur son parcours personnel dans la musique et sur son identité actuelle, avec la diffusion sur Internet en téléchargement gratuit de son premier album solo intitulé Enfant Du Soleil.
Pour commencer, tu as de nombreux pseudos, comment doit-on t’appeler ?
Je suis Karl Appela quelque soit le pseudo que je puisse utiliser. Le public me connaît principalement sous le nom de Blacko mais il peut s’attendre à me retrouver sous d’autres appellations. C’est dommage et triste de se résumer à un seul pseudo. Je pense que ça dépend de la tendance du moment. Mais quoi qu’il arrive, je reste toujours Karl Appela ; ça, ça ne change pas !
Comment se sont passés tes débuts dans la musique et l’envie d’en faire ? Quels sont les artistes qui t’ont le plus influencé ?
Très jeune, vers l’âge 7 ans, j’ai écouté du reggae. Il y a l’album Uprising de Bob Marley qui m’a vraiment marqué, je l’écoutais tout le temps. Après, vers 11 ans, c’était plutôt le rap jusqu’à 18-19 ans avec les pionniers de l’époque comme NTM ou IAM. C’est pour ça que je suis toujours entre reggae et rap. J’aime beaucoup le reggae roots, tout ce qu’il y a jusqu’au début des années 80, avant le son digital, comme Linval Thompson, Junior Reid ou Michael Rose de l’époque, ça me parle…
Que peux-tu dire de l’aventure Sniper ? Est-ce vraiment fini ?
C’est le passé, c’est fini depuis 2007. Il y a beaucoup d’autres choses devant moi maintenant. Quoi qu’on puisse en dire, c’est totalement terminé et si le groupe revient ce sera sans moi.
Comment a eu lieu la collaboration avec Soprano sur le titre « Ferme Les Yeux Et Imagine-Toi » qui a connu un grand succès et t’a placé sous les projecteurs ?
C’est à force de se rencontrer derrière les scènes. Soprano voulait qu’on fasse un tune ensemble. Ca a donné ce titre. Il l’a mis sur son album et le reste a suivi. La notoriété de Sniper et celle des Psy 4 y est pour beaucoup dans cette rencontre musicale.
Comment présenterais-tu en quelques mots ton premier album, Enfant Du Soleil, qu’on peut trouver en téléchargement gratuit sur Internet depuis plusieurs mois ?
Déjà c’est un album 100% reggae francophone. C’est aussi mon premier album reggae et probablement pas le dernier. J’avais hésité entre Enfant du Soleil et Etats d’Ame pour le titre, car j’y parle de ce que je ressens. Je suis un récepteur, je me contente de donner ce que je reçois, je ne sais pas si ce sont vraiment des messages. Ce sont des textes complètement personnels, pas de fabulations comme on peut avoir dans le rap bien souvent. J’y parle beaucoup de spiritualité car c’est tout ce que j’ai depuis le jour de ma naissance (5 février 1979, ndr) dans ce monde trop virtuel. Certains évènements comme les accidents de scooter que j’ai eus m’ont permis de prendre conscience de questions existentielles que Babylone ne veut pas qu’on se pose. Simplement, je les exprime avec sincérité.
Où en sont aujourd’hui tes relations avec Desh Music, qui devait sortir l’album et avec qui tu es en procédure judiciaire depuis ?
Quand je pense à Desh Music, je vois une pierre tombale. Or, ma musique c’est un oiseau et il doit voler. Nos relations sont plutôt mauvaises, nous sommes toujours en procédure mais je ne suis pas trop l’affaire. Ils ne vont certainement pas lâcher et on va avoir de leurs nouvelles dans les mois qui viennent.
Tu fais partie de Roaring Music en tant que chanteur et music maker. En quoi cela consiste-t-il ?
Roaring Music est une structure qui vient de se mettre en place. C'est un collectif de quelques personnes. On a été bloqué par les procès et la sortie de l'album Enfant Du Soleil mais on ne lâche pas ! Il y aura aussi mon second album à venir en téléchargement gratuit sur internet, notamment sur mon site. On part dans l'optique de gagner nos vies sur scène. Là, nous sommes en pleine préparation pour une tournée live avec nos propres musiciens, pour 2011
Le clip de « Chante » vient d’être réalisé et mis sur Internet. Comment cela s’est-il passé et pourquoi ce choix ?
C’était le premier morceau de l’album à la base et il peut parler à tout le monde, il est très accessible. Tout le monde chante ! C’est le premier clip mais beaucoup d’autres vont suivre sur « Déracinés », « Douce France », « Regarde-Moi »… C’est quelque chose qu’on a aimé faire et c’est un bon moyen de diffusion alors, oui, de nombreux autres clips à venir d’ici la sortie du deuxième album.
Te considères-tu au fond de toi comme un rasta ?
Non. Si tu écoutes « Homme Parmi Les Hommes », tu comprends. Je suis un homme parmi les hommes. Je crois en cette planète bleue sur laquelle je suis entouré de vies humaines. On met des frontières, des étiquettes partout. Babylone veut tenir tout le monde en esclavage. Il y a pourtant qu’une planète bleue. Je serai pour une politique du peuple, une religion du peuple tout simplement.
Peux-tu nous dire quelques mots sur ton second album qui est annoncé pour bientôt ?
Il sera plus éclectique dans les sons, plus hip-hop, mais toujours issu de la même inspiration. On espère qu’il sera prêt pour l’hiver, pour la fin de l’année… D’ici-là, des clips, des dates, on ne va pas chômer !
Que penses-tu de la scène reggae actuelle en France, en Jamaïque et dans les Antilles ?
C’était vraiment bien le reggae à l’époque de Bob Marley et d’Island Record. Mais il y a un élan de conscience dans cette musique qui dérange et c’est pour ça qu’elle est si peu sur le devant de la scène. Je trouve parfois dommage qu’on laisse peu de place aux artistes français dans de gros évènements, comme le dernier Garance Festival. C’est une scène très riche et de qualité pour ce qui est du reggae. Pour le dancehall, je ne peux pas dire, ce n’est pas mon créneau…
Pour finir, quelques mots d’encouragement pour les lecteurs de Reggae Vibes ?
Continuez d’écouter du reggae et diffusez-le encore plus ! Ne serait-ce qu’en ouvrant ta fenêtre, en faisant découvrir à ton voisin. Qu’on soit encore plus nombreux, qu’il y ait plus de concerts, un maximum de reggae music !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #15 - décembre 2010/janvier 2011)
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