mercredi 31 juillet 2019

Baja Frequencia

Le duo barré de Baja Frequencia sort enfin son premier album, intitulé Hot Kats, chez Chinese Man Records. Basses à foison, électro, cumbia, reggae, dancehall, hip-hop, trap… les ingrédients ne leur manquent pas pour faire rapidement monter la température.
Azuleski et Goodjiu, le duo de Baja Frequencia, étaient tous deux DJs et organisateurs d’événements à Marseille avec les collectifs Massilia Hi-Fi et Backdoor. C’est lors d’un mix à quatre mains, en 2013, pour une de leur soirée tropicale, qu’ils se baptisent Baja Frequencia. Puisque le set est d’influence latine et lourd en basses, une référence à la basse fréquence en espagnol coule de source, mais avec une petite faute d’orthographe involontaire à la française qui est finalement restée. « Nous aimons vraiment jongler avec différents univers musicaux et les faire se rencontrer : passer du hip-hop au moombahton, puis du Bmore au gabber, ou du baile funk au dancehall… Nous nous identifions à la scène global bass. Elle  rassemble des producteurs des quatre coins de la planète qui touchent aux styles émergeants de musique électronique, métissés d’influences folkloriques de tout horizon. » Ce qui ne les empêche pas d’ajouter : « Le reggae/dancehall représente énormément pour nous, c’est comme ça que nous avons commencé ! Nous avons joué, chacun de notre côté, dans des groupes de reggae auparavant [Azuleski à la basse et Goodjiu à la batterie]. Nous avons aussi produit quelques pistes dub et des bootlegs ou remixes. La culture sound system fait assurément partie de notre ADN.»
Après plusieurs projets courts, dont Tropicat (2015), Catzilla (2017), et le récent Crisis pour annoncer la sortie de l’album dès février dernier, le duo a commencé à plancher sur Hot Kats début 2018. La majeure partie de sa réalisation a eu lieu entre mars et septembre, tandis que les collaborations ont démarré durant l’été. Quinze pistes qui accueillent de nombreuses voix féminines, notamment La Dame Blanche, Paloma Pradal, Blimes, Dai Burger, Warrior Queen… mais aussi, Skarra Mucci, sur « Mad Grade », avec qui ils avaient déjà enregistré l’explosif « Badman A Badman », dont le clip a été tourné dans les rues de Marseille. « Nous aimons travailler avec Skarra Mucci, il n’a pas peur des défis ! Chaque fois que nous lui avons envoyé un riddim, pourtant assez éloigné de son univers musical habituel, nous avons réussi à créer un morceau qui fonctionne et avec une réelle originalité. »
L’inspiration de Hot Kats ne tient pas uniquement à l’animal auquel ils avaient déjà fait référence, mais aussi à l’album Hot Ratz de Frank Zappa, dont ils ont également décliné la pochette. Azuleski avoue l’avoir énormément écouté, le citant comme un de ses favoris. « Après l’EP Catzilla, nous voulions garder ce côté détournement et avons poursuivi dans cette lignée, cette fois-ci, avec le nom d’un disque, plutôt que celui d’un film. Hot Kats sonnait bien et ça nous correspondait. La pochette de Zappa nous a tout de suite donné des idées de réinterprétation ! C’est Julien Loïs, connu notamment pour les visuels de Chinese Man, qui l’a réalisée, en partant de ce que nous avions imaginé. » Hot Kats est disponible en vinyle, CD et digital depuis le 12 avril. Baja Frequencia sera sur scène été et automne… Tenez-vous prêts !

Simba



(pour Reggae Vibes Magazine n°66 - juin/juillet 2019)

samedi 20 juillet 2019

Marina P & Stand High Patrol - Summer On Mars (Stand High Records/Differ-ant)

On sait que chaque album de Stand High Patrol est une réussite. Indispensable et intemporel à coup sûr. Si on est déjà accro à la voix de Pupajim et qu’on espère toujours l’annonce d’un nouveau projet où apprécier son timbre et son flow si addictifs, l’idée d’une collaboration du combo avec la chanteuse Marina P avait de quoi nous séduire. Leur musique a cette richesse de révéler toujours de multiples degrés. Concentrez-vous sur chaque mot, chaque son, ou les deux, le voyage nécessite de répéter l’expérience à souhait. Rien de primaire, ni terre-à-terre, impossible de se contenter d’un seul style, un seul genre. Summer On Mars est de la même envergure que les précédents albums de SHP. Quand on pense que Pupajim a composé les instrumentales sur mesure pour les voix de Marina, on comprend pourquoi chaque morceau semble si parfaitement sculpté. Si le dub et l’électro ont la part belle (« Atmosphere », « Landlord », « Fragile », « Raw Lines »…), hip-hop et reggae ne sont jamais très loin (« Dreamcatcher », « Summer On Mars », « Rosetta »). Trente minutes suffisent à cette excursion pour nous transporter en toute délicatesse et nous faire quitter terre… Vivement recommandé !

Simba

(pour Reggae Vibes Magazine n°65 - avril/mai 2019)

lundi 15 juillet 2019

Mahom - King Cat (Flowercoast/ODG/Differ-ant)

Si The Skankin’ Cat a déjà marqué les esprits en 2014, il semblerait que Mahom ait de quoi frapper encore plus fort avec son nouvel opus, justement nommé King Cat. Les oreilles avisées de Panda Dub au côté de nos deux compères, ils ont saisi la crème de ce savoureux dub dont ils détiennent la recette, pour le plaisir de tous. Si l’électro occupe une large part de la tracklist, les vibrations reggae n’ont pas été oubliées, notamment sur « Digital Badness » avec Green Cross et « Snowball » avec Luiza. Accueilli par « Cosmic Cat » et son atmosphère à la fois imposante et planante, « Blue Hole » enfonce fermement le clou pour donner la couleur, les douze morceaux nous transportent et chaque son, comme chaque piste, semble placé parfaitement au bon endroit. En quarante-cinq minutes, toutes les humeurs et émotions sont traversées grâce à des sonorités qui appuient juste là où il faut. Des basses, des samples, des arrangements au poil auxquels on adhère. On s’évade avec un peu de légèreté sur la reprise de Françoise Hardy, « Le Temps de l’Amour », par Luiza. Son clip est sur Youtube, tout comme celui de la piste suivante, l’énigmatique « Disappear ». « Hypnose » finalise notre virée nocturne et dubesque en compagnie de Mahom et du chat, on peut dire qu’ils nous ont complément ensorcelés et qu’on en redemande !

Simba

(pour Reggae Vibes Magazine n°65 - avril/mai 2019)

mercredi 10 juillet 2019

Marcus Gad & Tamal - Enter A Space (Baco Records)

Marcus Gad nous avait déjà conquis sans effort à l’écoute de son premier album, Chanting, se précipitant sur les deux précédents EPs, Soul Talk et Purify. Un roots profond, mélodieux, empli d’âme et d’esprit, où tout est bon à prendre. Si cette fois, le chanteur est accompagné du beatmaker Tamal au lieu des musiciens de Tribe, le projet est aussi puissant que ça a quoi on pouvait s’attendre. Avec ses six titres, Enter A Space nous transporte littéralement dans un autre monde. Le son roots est travaillé dans toutes ses dimensions pour prendre aux tripes et nous faire le plus grand bien dans sa confortable bulle. Comment résister au chant quasi spirituel de Marcus Gad ? L’atmosphère mystique s’intensifie encore sur « Inna Nature » en featuring avec le griot burkinabé Losso Keita et avec les inspirations des philosophies indiennes qu’on retrouve en filigrane dans ses propos sur chaque piste. Enter A Space est un véritable délice pour les oreilles, qui offre une bonne bouffée d’air pur en toute circonstance.

Simba

(pour Reggae Vibes Magazine n°65 - avril/mai 2019)

vendredi 5 juillet 2019

LNP Roots Family

Originaire de Bordeaux, LNP Roots Family est un trio de frères et sœurs qui chantent ensemble et proposent un reggae acoustique original. Leur nouvel EP intitulé Résigné est disponible depuis le 9 novembre sur toutes les plateformes.
Leytis, Olyrics et Dnom commencent à composer avec ce qu’ils ont à leur disposition à la maison, des guitares électro-acoustiques et des percussions. Le reggae acoustique s’impose tout naturellement. Ils font leurs premiers concerts en 2007 à Bordeaux et rencontrent l’équipe de Meltin’ Recordz avec laquelle ils commencent à développer ce style « raggacoustic » bien à eux. Avant de sortir Premier EP en 2013, le groupe s’appelle Love and Peace, qu’ils contractent alors en LNP, suivi de Roots Family, puisqu’ils jouent du reggae en famille ! Touchés par de multiples influences, ils reconnaissent leur diversité : Leytis a un fort penchant rock, métal, J-rock… ; Olyrics est féru des flows et textes de Keny Arkana, NTM, Sniper ou encore Tryo… ; Dnom est adepte de dancehall et de reggae, aussi bien Admiral T, Kalash, que Taïro et Dub Inc… En 2013, la sortie de Premier EP chez Meltin’ Recordz qui réunit quatre titres succède à leur première vidéo live de « La Voix du Peuple ». S’en suit une vingtaine de concerts cette année-là. Le groupe connaît quelques ajustements et fait son grand retour en 2015, alors que la vidéo de « La Voix du Peuple » a eu le temps de se faire largement remarquer sur la Toile. Ils écrivent « Massive » et partent en tournée avec un batteur pour une quarantaine de dates.
En 2017, le trio reprend la route en acoustique, tout en travaillant sur l’EP Résigné. Après avoir enregistré six morceaux chez BigRas Prod, ils décident de sortir ces quatre titres, avant la venue du premier album courant 2019. « Résigné », « Massive », « Chaque Humain » et « Elle » expriment leur style acoustique aux messages à la fois réfléchis et positifs. « Le nom de l’EP « Résigné » en a surpris plus d’un ! Nous souhaitions prendre à contre-courant ce que l’on attend habituellement d’un projet reggae, que ce soit le titre ou les couleurs musicales. « Résigné », c’est le nom d’une chanson du projet qui représente beaucoup pour nous. C’est surtout parce que les gens se résignent que le monde évolue ainsi… Le mal existe depuis toujours, mais tant qu’il s’équilibre avec le bien, il y a de l’espoir ! De nos jours, les gens détournent souvent les yeux, perdent leur humanité, et, au final, la compassion, l’amour…»
Le premier album de LNP Roots Family est bientôt terminé et le trio a hâte de nous le présenter d’ici quelques mois. « Dans ce disque, nous avons voulu vraiment définir ce qui fait la force de notre touche « raggacoustic ». Le travail de réalisation est proche de celui de l’EP mais plus abouti. Les sonorités sont parfois plus dansantes, plus roots à d’autres moments. Nous avons aussi exploré des sujets différents, de nouvelles façons d’aborder ce qui nous touche, dans la forme musicale ou l’écriture. Pour ceux qui se demandent, oui il y aura bien un titre de Leytis en solo ! » Les LNP Roots sont tout sauf résignés ! Sur scène tous les trois, à cinq ou en sound system, la fratrie est prête à faire bouger les massives. A suivre…

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°65 - avril/mai 2019)