Depuis
leur première collaboration sur Paris
Rockin’ en 2007 avec les Français du groupe Java, Winston et Fixi ne se
sont plus quittés. Leur premier album en duo, New Day, sort en 2013. La voix du chanteur trouve parfaitement ses
marques sur les notes placées par le musicien multi-instrumentiste débordant
d’imagination.
Cinq
ans plus tard, l’expérience est renouvelée. Big
Brothers compte dix chansons et, si le reggae est toujours présent en toile
de fond, le titre éponyme offre un cha-cha-cha cubain, tandis que « I Came
I Saw » fusionne gospel, soul et accordéon pour un groove des plus
puissants… Avec des paroles pleines de sagesse, Winston délivre des maximes de
vie, des confidences et des paraboles toujours humaines et bienveillantes. Les
femmes sont aussi à l’honneur avec des chansons d’amour fondantes, comme
« Sweet Love Of Mine » et « My Angel », et par la présence
de la chanteuse Pongo, originaire d’Angola, seul featuring de l’album, sur
« One Note ». Pour parler de ce nouvel album et de son lien
particulier avec la France, notamment grâce à cette aventure qui dure depuis
deux décennies avec le label Makasound, devenu depuis Chapter Two, rencontre
avec Winston McAnuff et son acolyte Fixi, en toute convivialité.
Comment avez-vous choisi le titre Big Brothers ?
Winston : Ça
s’est fait naturellement en bossant ensemble. Fixi compose de la musique de
différents genres. Après avoir fait une vingtaine de chansons ou plus, nous avons
ensuite choisi celles qui nous plaisaient le plus, et nous avons essayé de
trouver un titre pour les réunir ensemble. Un single qui s’appelait « Big
Brothers » a été réalisé pour le disque. Romain de Chapter Two m’a appelé
et demandé quel était le nom de l’album. Nous ne l’avions pas encore et il a
demandé ce que je pensais du titre Big
Brothers. J’ai trouvé que c’était vraiment une bonne idée.
Fixi : Nous
avons voulu détourner la célèbre expression « Big
Brother » qui nous hante tous et qui désigne nos vies décidées par
d’autres, affirmer la fraternité qui nous unit en tant qu’êtres humains et qui
doit nous rendre plus forts ensemble au lieu de nous diviser
Comment pouvez-vous présenter ce nouvel
album ?
Winston : Cet
album est une nouvelle étape dans le duo que nous formons Fixi et moi, au fil
des années, tout en essayant d’aller toujours plus loin dans notre percée musicale
mondiale.
Fixi :
C’est le troisième voyage de Winston et Fixi !
Les textes parlent essentiellement de
fraternité et d’amour. Comment sont nées les chansons de cet album ?
Winston : Fixi
est responsable de la partie musicale. La plupart du temps, il fait tout
lui-même, en faisant en sorte que les compositions soient toujours très
dynamiques. Ensuite, j’ai choisi dans mes dossiers des chansons qui
correspondaient avec les musiques composées. C’est ainsi que nous travaillons. Toutes
les chansons ne peuvent pas parler d’un seul sujet. Rasta parle d’amour, c’est
comme un arbre qui apporte en permanence de nouveaux fruits.
Votre musique ensemble ne sonne pas
uniquement reggae… Comment aimez-vous mélanger les différents styles ?
Winston : En
Jamaïque, nous vivons dans un grand mélange musical. Nous écoutons de la
musique de Miriam Makeba, Aretha Franklin, Hugh Masekela, The Beatles, les
chansons du japonais Sukiyaki… Contrairement au mythe populaire, les Jamaïcains
ont une grande compréhension de la musique et nous n’écoutons pas seulement du
reggae. Je suis toujours ouvert à la bonne musique, peu importe d’où elle
vient. Je n’ai pas de limite ou de parti pris dans la musique, si elle est
bonne je suis prêt à bosser dessus.
Fixi : On
peut dire qu’on s’amuse à mélanger nos histoires et nos origines pour donner un
nouveau genre.
Avec Fixi, le piano et l’accordéon
prennent une plus grande place dans les instrumentaux, ce qui semble rendre les
chansons plus profondes. Comment s’est passé le travail ensemble ?
Winston : Je
me contente juste de suivre la musique comme elle vient. Comme on dit : « ride di riddim ». Donc si
Fixi va en profondeur avec les instruments, alors j’ai juste à prendre une
grande bouffée d’oxygène.
Fixi :
Souvent, je compose une ébauche de musique, un rythme, une mélodie, une couleur,
et je vois comment Winston réagit.
Quels sont les autres musiciens qui ont
participé à cet album ?
Winston : Eh
bien, il y a beaucoup de musiciens ! Des personnes comme Olivier Araste du
groupe réunionnais Lindigo, Kiddus I, Richie Mac, Monty, ma fille Nadia McAnuff
et mon fils Rashaun Kush McAnuff, Cyril Atef, la bassiste Elise Blanchard qui
joue avec Matthieu Chedid, les cuivres de Nicholas Laraque… et d’autres
musiciens que Fixi a sollicités en mon absence et en sa qualité de directeur
artistique. Nous avons aussi accueilli la superbe chanteuse d’Angola, Pongo,
sur « One Note »
Où et quand avez-vous enregistré les voix
et les instruments ?
Winston : Tout
a été enregistré entre Paris et la Jamaïque. A Paris avec Fixi, Olivier Lude et
Tom Fire. En Jamaïque, au Caveman studio et à Stony Hill.
Quels souvenirs vous viennent à l’esprit
concernant ces sessions ?
Winston : Eh
bien, le souvenir qui est gravé en moi revient au moment où je pensais avoir
terminé l’album et avoir tout ce qu’il fallait. Fixi m’a dit que les chansons
avaient besoin de plus de texte, alors j’ai du réécrire l’album. Puis Olivier
Lude est venu et il a édité les chansons. Quelques unes ont été réduites à
moins de paroles que ce que j’avais écrit. « If
yuh want good yuh no affi run », cela signifie que si tu veux de
bonnes choses, tu dois parfois être prêt à faire un effort supplémentaire.
C’est votre troisième collaboration après Paris Rockin’ (2007) avec Java et,
ensuite, A New Day (2013).
Qu’avez-vous fait après la sortie de A
New Day et avant de travailler sur Big
Brothers ?
Winston : Eh
bien, je travaillais tranquillement sur l’album et le label m’a demandé de
repousser la sortie pour faire partie du collectif Inna De Yard. C’est ce que
j’ai fait avec plaisir, pour tous les gens qui voulaient et attendaient depuis
si longtemps de voir cet authentique roots vibrer encore et encore ! Nous
avons aussi fait un documentaire sur le projet Inna De Yard réalisé par Peter
Webber (Girl with a Pearl Earring, Hannibal Rising…).
Maintenant, je suis de retour sur mon chemin mystique avec l’universel W-Fi que
sont Winston et Fixi !
Fixi : J’ai
écrit une musique de film pour le réalisateur Olivier Lousteau sur La Fille du patron. J’ai composé des
pistes de musicothérapie avec Tony Allen, Vin Gordon, Lindigo et Ernest
Ranglin, pour mon ami Stéphane Guetin et sa société Musicare. J’ai aussi fondé
un nouveau projet, Pachibaba, avec Olivier Araste de Lindigo et Cyril Atef…
Comment as-tu connu le groupe Java, avant
votre première collaboration ?
Winston : Je
travaillais avec ma maison de disque Makasound et ils connaissaient R.Wan, le
chanteur du groupe de Fixi, Java. Nous avons organisé une réunion et voilà
comment tout a commencé…
Tu connais le label français Makasound
depuis 1999 ! En quoi cette rencontre a-t-elle influencé ta
carrière musicale ?
Winston : En
fait, c’est cette rencontre entre Romain Germa, Nicolas Maslowski et moi-même
qui a lancé le label Makasound. J’avais un album depuis vingt ans que je
voulais distribuer, mais sans succès. Donc quand nous nous sommes rencontrés je
leur ai demandé de me distribuer en France. A leur retour, ils ont dit que
c’était vraiment compliqué pour eux et ils ont décidé de monter un label. La
première sortie a été cet album que je gardais depuis vingt ans, Diary Of The Silent Years (1977-2000).
L’histoire a fait le reste, mais c’est le moment où la graine a été plantée.
Il y a beaucoup de concerts prévus cet
automne pour promotionner Big Brothers !
Comment préparez-vous le show ?
Winston : Fixi
et moi allons nous assurer que tout soit en ordre. Comme d’habitude, Fixi est
un perfectionniste, et je suis un maréchal, donc nous ne devrions pas avoir de
problèmes sur le champ de bataille. (rires)
Que penses-tu du public français ?
Winston : Je
pense qu’il est vraiment merveilleux ! Nous sommes toujours contents de
jouer en France et de rencontrer notre public un peu partout.
Que feras-tu pendant les prochains
mois ?
Winston : Eh
bien, il y a un clip vidéo pour le prochain single, « My Angel », et
beaucoup de répétitions pour la tournée à venir… Nous allons faire des radios
et télé promotionnelles aussi avant la sortie de l’album et la tournée.
Pour finir, qu’aimeriez-vous dire aux
lecteurs de Reggae Vibes Magazine ?
Fixi : La
musique est l’arme du futur !
Winston : Ne
restez pas assis à attendre, Big Brother, Big Sister, Mama ou Papa… Avancez,
allez chercher, oui vous pouvez. Rastafari !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine n+62 - octobre/novembre 2018)
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