samedi 30 novembre 2019

Taiwan MC - Interview

Le Franco-anglais Taiwan MC vient de sortir l’EP Nah Leave Me Corner, avant un nouvel album pour octobre, toujours chez Chinese Man Records. L’occasion idéale de parler de cette sortie, de revenir sur Cool & Deadly et de se mettre en condition pour la suite.

Vous venez de sortir un nouvel EP, Nah Leave Me Corner, composé de six pistes, disponible en vinyle et digital. Que pouvez-vous dire pour nous le présenter ?
C’est un projet qui a été pensé pour le vinyle. Il comporte trois chansons sur la face A et trois versions alternatives sur la face B. Il y a des inspirations rub-a-dub, new roots, dub et jungle. J’ai travaillé avec deux producteurs, SOAP et Von D, ainsi que plusieurs beatmakers, chanteurs et musiciens. Je me suis vraiment fait plaisir en l‘enregistrant !

Pourquoi avoir choisi ce titre, Nah Leave Me Corner ?
En référence à des lyrics rub-a-dub d’Eroll Scorcher, et aussi, au fait que j’ai toujours aimé faire des expérimentations et des crossovers entre les styles musicaux… Cette fois, je voulais quelque chose de simple, que je connaissais plutôt bien, rester dans ma zone de confort, dans mes sons de prédilection.

Comment sont arrivées les collaborations avec Davojah, Dapatch et ManuDigital ?
Le titre avec Manudigital est déjà un mix alternatif. Il était sorti sur son album Bass Attack dans sa version originale. Comme je kiffais vraiment le vocal, nous avons récupéré les pistes et, avec Von D, nous avons fait un mix rub-a-dub, un peu plus roots que la version de Manu. J’ai rencontré Dapatch par Manudigital justement. Nous avons fait plusieurs shows ensemble. Il a une grosse présence sur scène, une superbe voix, je le trouve vraiment fort. Du coup, c’était logique de l’inviter sur ce morceau, « Nah Leave Me Corner », qui colle parfaitement à son univers musical. Quant à Davojah, c’était lors d’un festival dans le sud de la France. J’avais auparavant entendu ses sons sur Internet et je l’avais d’ailleurs félicité pour son style de chant ! Quelques années plus tard, nous avons finalement enregistré ensemble ce big tune, « Let The Weed Bun », sur une composition originale de Célas.

Le visuel de la pochette est très stylé. Est-il une nouvelle fois signé Julien Loïs ?
Bien sûr ! Au départ, je lui ai juste donné les titres des trois chansons et expliqué un peu les thèmes. Il a directement choisi « Nah Leave Me Corner » et, avant même d’avoir entendu la musique, il avait déjà visualisé la scène ! Nous avons aussi eu comme référence les pochettes de disque des 70’s où les noms des musiciens et les titres des chansons sont incrustés dans le décor urbain… Julien a travaillé ça à sa sauce et nous a sorti cette superbe illustration ! Il prépare d’ailleurs la pochette du prochain album…

Cet EP annonce justement votre deuxième album… Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Il sort cet hiver chez Chinese Man Records et s’appelle Special Request. Assez orienté dancehall, mais avec toujours une touche hip-hop, rub-a-dub, reggae électronique… et plein d’autres styles inexplorés !

Le premier extrait sera « Colombian Gyal », feat. Paloma Pradal. Quand pourrons-nous le découvrir ?
Le morceau paraitra en juillet. Nous allons organiser un concours de remix pour tous les beatmakers. Il sortira en streaming et digital, mais aussi en stems (pistes séparées), pour que chacun puisse faire son remix et le poster en ligne. Nous allons aussi essayer d’organiser un dance challenge sur les réseaux sociaux.

Cool & Deadly est sorti en octobre 2016. Quel bilan en faîtes-vous à ce jour ?
Je suis très content ! Le disque s’est bien vendu, nous avons fait de nombreux shows dans le monde entier, avec un public toujours bien présent, et le single de cet album, « Catalina » avec Paloma Pradal, produit par SOAP, a été vu plus de trente millions de fois sur Internet !  Il y a maintenant des gens qui me suivent et écoutent ma musique partout dans le monde…

Quels souvenirs retenez-vous particulièrement de Cool & Deadly ?
Il y en a beaucoup ! La tournée en Amérique du Sud avec Bony Fly, la Release Party à Paris au Petit Bain avec toute l‘équipe du label, la Fête de L’Huma avec tous les guests, l’enregistrement de l’album à Paris avec SOAP et les différents MCs, chanteuses et musiciens… c’était tous de grands moments !

Il y a dix ans, vous avez rencontré Chinese Man. Cet événement a-t-il changé votre vie ?
Ça a changé ma façon de voir les choses en tout cas… Ça m’a permis d’apprendre sérieusement le métier, de découvrir le côté professionnel de la musique, la vie en tournée, connaître les salles et grands festivals, rencontrer de nombreux artistes de talent, et aussi développer ma carrière solo en enregistrant mon album… Le collectif Chinese Man et le label, c’est sûr que ça a été une rencontre décisive pour moi !

Avez-vous songé à changer de nom de scène ?
Il y a quelques mois, j‘ai eu la surprise de vivre un moment absurde sur Internet avec des étudiants nationalistes taïwanais, qui m’ont reproché mon nom de scène, et quelques activistes politiques du pays, qui m’ont expliqué que la situation entre la Chine et Taïwan était plutôt tendue… Mais ça n’a pas été trop sérieux, ça n’a pas duré. J’ai simplement changé le nom d’utilisateur sur Twitter et Instagram, au final.

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
En ce moment, je suis en studio avec SOAP. Nous avons commencé à enregistrer le deuxième album, Special Request. Nous sommes également en tournée avec Dj Bluntsman tout l’été pour le Nah Leave Me Tour. Retrouvez-nous sur la route des festivals ! D’ailleurs, nous travaillons sur un show un peu spécial que nous présenterons le 9 août au festival No Logo avec de nombreux invités sur scène…

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°67 - août/septembre 2019)

lundi 25 novembre 2019

Mathew Nya Dub Band

World Calling est le titre du nouvel album de Mathew Nya, oscillant toujours entre reggae acoustique et dub poetry. Disponible depuis le 16 mars chez tous les bons disquaires, le chanteur multi-instrumentiste nous livre un voyage autour du monde, au rythme du cœur, à en effacer toutes les frontières.
Depuis près de quinze ans, Mathew Nya enregistre et produit sa propre musique, au gré des rencontres et des voyages. « J’aime la musique métisse, comme je le suis moi-même, de par mes origines franco-vietnamiennes. J’aime le partage entre les cultures, les mélanges, les rencontres, les escapades et les découvertes… J’adore le nyabinghi et le dub poetry, parce que c’est le rythme du cœur. Je crée ma musique en écoutant ce que mon cœur me dit et ce que je peux faire. J’ai toujours mon matériel portatif de son sur moi pour pouvoir saisir l’instant, lorsque la vibe est là. Ma musique est libre et sans frontière. Ce nouvel album a pour force le partage de notre humanité en musique, avec d’autres artistes rencontrés aux quatre coins du monde. Nous sommes un seul peuple, peu importe d’où on vient et où on va. C’est un album moderne et traditionnel à la fois, pour comprendre que la vraie richesse est celle du cœur. Un seul but, un seul amour, une seule vie » avoue Mathew.
World Calling est un appel au monde, à l’humanité, par la musique, dans toute sa sincérité. « Le disque est disponible à la Fnac, Leclerc, Cultura, Amazon, et aussi sur Spotify… Je tenais à ce qu’il soit présent chez les disquaires indépendants, Oneness Records à Nantes, Haffidread Records à Orléans, Livity Records à Lyon, Rastafrica Shop à Pézenas… On y retrouve comme invités le Jamaïcain Oba Simba, les griots du Burkina Faso, Hawa Zo Diarra et Fatogoma Keita, l’artiste vietnamienne Mia Phi, l’artiste française Lioness Mama, le balafon avec Abdoulaye Dembele, des cuivres des pays scandinaves… Nous avons chanté ensemble et exprimé nos points de vue, partager nos lyrics et un peu nos vies, nos sourires, et immortaliser le moment. Il y a des chansons qui dénoncent, qui sensibilisent, qui encouragent… On parle de vie et ça vient du cœur ! C’est un appel à l’unité, nous voulons tous la même chose, la paix, l’amour et l’harmonie. Il faut être déterminé pour croire en un monde meilleur…» Il ne vous reste plus qu’à vous diriger vers votre disquaire préféré ou vers votre clavier pour découvrir les quatorze morceaux de World Calling !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°67 - août/septembre 2019)

vendredi 15 novembre 2019

One Root

Les Belges de One Root, anciennement Sunrockers, présentent leur premier album, Soldiers of Love, disponible depuis le 14 février. Après avoir enchaîné les concerts ces dernières années et sorti l’EP Revelation, ils ne leur manquaient qu’un album réalisé avec soin pour répandre encore plus largement leur profond roots reggae dub.
Le groupe Sunrockers a vu le jour en 2004 en Belgique de la passion pour le reggae de Matthias Hélin aka Matt I et trois amis musiciens. Leur son va du reggae roots des années 70 au reggae dub des 80’s. En 2008, Jérémy Dupuy aka Jay Dub les rejoint. Ils sortent en 2011 un premier single, « Holy Land ». Le groupe remporte le Benelux Reggae Contest l’année suivante et tourne sur les plus grandes scènes du secteur. C’est là qu’Alex, un des membres fondateur, bassiste et compositeur, décide de se consacrer à sa carrière solo. Ils changent alors de nom en 2013 pour One Root – parce que nous venons tous d’une même racine, l’Afrique – de la volonté de quatre des membres de Sunrockers de continuer à jouer leur roots rock reggae. Ils sortent alors le titre « This World », en collaboration avec le sénégalais Jupiter Diop, avant l’EP Revelation, avec cinq titres et deux pistes dub. One Root multiplie les concerts et a l’occasion de faire la première partie de grands noms, tels que Inna De Yard, Midnite, The Wailers, Clinton Fearon, Max Romeo, Groundation…
Leur premier album, Soldiers of Love, est sorti le 14 février dernier. L’inspiration de cet album est exprimée dans la chanson « The Future Of Mankind » puisqu’ils se sentent profondément impliqués dans l’avenir de l’humanité. Quatre morceaux qui figuraient déjà sur Revelation ont été retravaillés pour l’occasion (« Mr Farmer », « Burn », « Time Bomb » et « This World »). On y retrouve aussi « Leave Dem Alone », un classique des Sunrockers, ainsi que cinq nouveaux morceaux. L’ensemble a été enregistré intégralement avec des instruments, sans aucune programmation ou sample. Au côté de Matt I et Jay Dub : Aziz aux percussions, Selim au saxophone, Eddy au trombone, Kofi et Jules aux claviers. Le mixage et le mastering ont été réalisés par Jean Vanesse à Greenhouse Studio à Beaumont en Belgique. Le reggae de One Root est assez arrangé, à la manière des albums de Bob Marley and The Wailers, Steel Pulse ou Black Uhuru. Le premier clip, « Mr Farmer », est déjà disponible sur la Toile. Le groupe travaille sur le second, tout en se préparant pour les concerts à venir, en sound system ou en band. L’aventure continue !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°67 - août/septembre 2019)

samedi 9 novembre 2019

Faygo

Faygo signifie « salut, ça va ? » dans un dialecte populaire du Suriname. Roots a découvert ce pays lors d’un tour du monde et a mis en musique une partie des expériences qu’il y a vécues. Ce qui était au départ le nom d’une chanson est devenu celui d’un groupe ! Le deuxième album de Faygo, Together, arrive pour octobre.
Le groupe est né en 2013, d’une bande d’amis, tous passionnés par la musique reggae. Trois d’entre eux font toujours partie de l’aventure : Roots (chant lead, chœurs), See Jay (guitare, chœurs) et Marcelo (batterie, chœurs). Cody Jahrett (basse) et Twan’an (claviers, chœurs) les rejoignent en 2015. Ce sera ensuite le tour, en 2018, de Cid (guitare) et Hoarang (machines), puis d’une section de cuivres (trombone, trompette, saxophones alto et ténor). Leur premier album, Harvest, sort en 2016 en totale autoproduction. Il exprime leur son roots, influencé par les incontournables du genre et les trios vocaux des 70’s (The Wailers, The Gladiators, The Abyssinians, Steel Pulse…), mais aussi les sonorités plus modernes (Groundation, Mystical Faya…) et variées (afrobeat, blues, jazz…). Ayant la chance de bénéficier de trois auteurs dans le groupe – Roots, See Jay et Cody Jahrett – leur sauce incorpore des harmonies, des chœurs, des cuivres et même des versions dub, tout en puisant dans leurs expériences personnelles, en portant un regard sur l’état du monde actuel et en essayant de participer au changement des mentalités pour éviter les dérives humaines… Puisqu’ils chantent de manière collective depuis leur début, c’était aussi une évidence de faire place dans le groupe à une deuxième guitare et à la chaleur des cuivres.
Après un passage de cinq à onze musiciens, Together est le résultat de leur évolution, enregistré fin janvier 2019 au studio du Faune et produit par Fawaka Production, leur propre label. Ensemble a été le mot d’ordre de ce projet. Ils ont travaillé soudés, du début à la fin, pour obtenir la musique qui leur plaise à tous et les fasse vibrer à l’unanimité. Le premier clip, « Be Yourself », est sorti en juin, tandis que le second est en préparation. Faygo a plusieurs résidences programmées pour l’été et la rentrée, histoire de travailler les lives des prochaines dates, qui devraient traverser toute la France et les alentours, et même s’exporter hors d’Europe… La Release Party de Together est déjà en préparation, avec la venue de nombreux invités, pour partager un bon moment tous ensemble !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°67 - août/septembre 2019)

lundi 4 novembre 2019

Mystical Faya

Pour les musiciens de Mystical Faya, le projet Chill Sessions est né de l’envie d’explorer d’autres univers musicaux sur des morceaux issus de leurs précédents albums, Never Give Up et Sleeping Souls. Sorti fin 2018, Chill Sessions prouve qu’ils ont de nombreuses cordes à leur arc. Les voilà déjà de retour avec l’annonce d’un nouvel EP pour l’automne, Born Again.
C’est après avoir posté une petite vidéo du trio vocal en répétition qu’a germé l’idée d’un projet acoustique. « Dès le premier titre, « This Way », nous nous sommes pris au jeu et avons voulu enchaîner sur d’autres versions, avec comme ligne directrice de garder le texte, ainsi que la mélodie de chant, en se permettant de modifier les lignes d’accords et les arrangements. Le projet d’album est arrivé après le second titre, « Best Laid Plans ». Jérome du label Khanti Records, qui nous a découverts avec ce remix, est entré en contact avec nous et nous a proposé de pousser un peu plus loin, jusqu’à en faire un album, Chill Sessions. La manière de travailler a été totalement différente. Le point de départ a été la réécriture de la ligne d’accords. Ensuite, nous avons choisi vers quel univers emmener le titre et, en fonction, les invités. Les enregistrements ont eu lieu dans le home studio de Riké El Compressor, notre bassiste. La création et l’enregistrement des dix titres se sont faits sur la période de mars 2017 à juin 2018, pour une sortie nationale le 7 décembre 2018 ! »
L’originalité et la qualité de Chill Sessions ont permis à Mystical Faya d’élargir son public au-delà des frontières du reggae et de gagner en notoriété. « La sortie de Chill Sessions a mis un bon coup de projecteur sur le groupe. Du coup, on s’est dit qu’il était vraiment important de rester dans cette dynamique et de rebondir assez rapidement avec un projet reggae. La sortie du prochain EP, Born Again, à l’automne, est le premier disque composé avec les membres actuels du groupe.» Le clip de « Born Again » est sorti le 17 mai dernier. « C’est le premier extrait de notre prochain EP éponyme, qui sortira le 8 novembre, toujours sur le label Khanti Records. Cet EP comportera cinq titres exclusifs, deux versions dub et un titre bonus déjà sorti en novembre 2017, « Jah Never Fail » avec Derajah. Les morceaux sont assez variés, avec des sonorités digitales, du roots down tempo, du rub-a-dub plutôt moderne… On peut même vous annoncer un featuring avec Marcus Gad et une section de cuivres menée par Tribuman ! » En attendant l’arrivée de Born Again, Chill Sessions est toujours disponible en CD et téléchargement. Mystical Faya est à l’affiche de plusieurs festivals cet été et sera en tournée à La Réunion fin octobre.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°67 - août/septembre 2019)