Un
an et demi après la sortie de Heavy This
Year, Taiwan MC est armé d’un nouvel EP, Diskodub, toujours chez Chinese Man Records. Pour fêter les dix ans
d’existence du label, l’écurie a fait le tour de l’Hexagone avec des concerts
chargés en dynamite, ce qui n’a pas empêché le MC de trouver le temps de
préparer un cocktail musical aussi dévastateur que le précédent !
Comment
se passe ton aventure avec l’équipe de Chinese Man ?
C’est vraiment agréable de travailler
avec un label indépendant qui te laisse une grande part de créativité et te
soutient dans tes choix, bien qu’ils soient certainement différents de ce
qu’attendrait une major. C’était vraiment un honneur de faire partie de cette
tournée incroyable pour les dix ans : on a joué dans les plus grandes
salles et festivals en France ! Une expérience inoubliable. Beaucoup trop
de folie épique pour résumer toute cette année en une seule phrase ! (rires)
Te
voilà de retour avec un nouvel EP. Peux-tu nous présenter Diskodub ?
C’est mon second disque solo sur Chinese
Man Records. Après Heavy This Year,
qui était assez éclectique, ce nouveau projet est plus personnel, avec, pour
fil conducteur, le reggae digital, hommage, entre autres, à Jammy’s, King
Tubby, Bobby Digital… et également influencé par la funk et d’autres courants musicaux plus actuels.
Pourquoi
avoir privilégié le format EP ?
Je préfère aller à l’essentiel, être
satisfait de tous les morceaux : « No fillers, strictly killers ! ». (rires) Aussi, et surtout, parce que le projet initial était de
sortir un maxi vinyle 45T pour avoir la meilleure qualité de pressage, et, de
fait, limiter à trois ou quatre le nombre de morceaux par face.
Pourquoi
l’avoir intitulé Diskodub ?
Quand j’ai fait le riddim qui est devenu
« Diskodub », j’ai d’abord composé cette ligne de basse funky. Ensuite,
j’ai rajouté le skank du synthé digital, posé sur une rythmique très minimaliste.
Je me suis dit que c’était un mélange de styles plutôt intéressant. D’ailleurs,
si on remonte dans le temps, dans les années 70 et 80, les producteurs de
reggae jamaïcains ou anglais comme de funk/disco américains avaient tendance à
utiliser les mêmes nouveautés, synthés, boîtes à rythmes et autres effets
dub analogiques… C’est l’un des fils conducteurs de l’EP : l’interaction
de plusieurs influences musicales, a priori définies comme étant de familles
très différentes. L’orthographe, c’est parce qu’on est quand même très loin de
l’univers musical que les gens associent habituellement au terme
« disco » !
Diskodub a été produit et
réalisé par Son Of A Pitch, avec qui tu avais déjà travaillé sur Heavy This Year. Qu’est-ce qui t’a poussé
à lui confier ce projet ?
C'est avec lui que je travaille le plus
souvent en studio. On a commencé à bosser ensemble il y a plus de cinq ans ! Il
est arrangeur, beatmaker, musicien et DJ. Il est intervenu sur la composition,
les enregistrements, c’est lui qui a fait le mixage de l’EP, et on fait aussi
le live ensemble. C’est très intéressant et enrichissant de bosser avec lui.
On
y trouve également des instrus de Dreadsquad et ManuDigital…
Sur ce disque, il y a un titre produit
par Dreadsquad, qui est un producteur de reggae actuel que j’apprécie beaucoup.
Manudigital a fait un wicked remix de « Blaze It Up » produit par
Chinese Man, une dédicace à tous les « herboristes »…
Il
paraît que tu t’es aussi mis à la composition…
C’est vrai, j’ai créé certains titres de
ce nouvel EP. Ça faisait longtemps que je voulais sortir des instrus à moi. Là,
c’était la bonne occasion !
A
la différence de Heavy This Year qui accueillait
de nombreux invités, on te retrouve cette fois en solo. Pourquoi ce
choix ?
C’est à la fois une volonté et un hasard
dicté par l’urgence. On a fait ce disque en même temps que la série de dates pour
fêter les dix ans du label. On n’avait pas forcément autant de temps que pour
le premier… Quand les morceaux étaient bien avancés et qu’on a commencé à
penser à des featurings potentiels, on a vite réalisé que ça retarderait la
sortie. C’était l‘occasion de faire mes preuves sur des titres entiers, avec
couplets et refrains. Un exercice nouveau pour moi qui m’a vraiment fait
avancer !
Depuis
mi-septembre, Heavy This Year Remix
est disponible sur le site du label en téléchargement gratuit. Qu’est-ce qui
t’a donné envie de proposer une version remixée de l’intégralité de ce premier
EP ?
Je souhaitais offrir des morceaux aux
gens qui nous suivent, permettre à ceux d’Heavy
This Year de circuler un peu sous d’autres formes, avec d’autres tempos. J’aime
bien entendre des remixes de mes titres. On a beaucoup de gens dans notre
entourage qui produisent et remixent, pourquoi ne pas mettre aussi leur travail
en avant !
Quels
styles ont donc été explorés pour les remixes ?
On a laissé libre cours à l’imagination
des remixeurs : il y a Numa Crew, Jinx In Dub, Tom Fire, entre autres. On
peut dire que c’est beaucoup le style bass music qui a été retenu, mais il y a
de tout : ça va de la cumbia ultra dansante, au trap le plus dark en
passant par la jungle oldschool ! Le mieux, c’est de l’écouter. Il est
dispo en téléchargement libre sur le site du label et sur les différents
réseaux sociaux.
Des
concerts arrivent pour bientôt en France et en Europe. Que peux-tu nous en dire pour donner envie au public de
venir te voir sur scène ?
Je dirais qu’il y a beaucoup de petites
surprises en live. On essaie de faire des versions uniques des morceaux qu’on
joue. Souvent, on en fait aussi des nouveaux, pour les tester, bien avant
qu’ils ne sortent sur disque…
Quels
sont tes projets pour 2015 ?
Plusieurs titres en téléchargement
gratuit, de nombreuses collaborations, notamment sur le label de Son Of A
Pitch, Audiolingus… Et un featuring pour le groupe de hip-hop Dirty Zoo, un
autre pour un groupe de hip-hop instrumental français… Des concerts en France
et en Europe, une tournée d’été avec Chinese Man, suivie de quelques
mystérieuses dates parisiennes… Et, bien sûr, de nouveaux projets d’EP et d’album
encore top secret !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #40 - février/mars 2015)
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