A
l’été 2012, deux ans après la naissance du groupe, Païaka faisait son entrée avec
un premier EP intitulé Red, suivi, début
2014, par son remix, Redder Than Red, issu
de leur rencontre avec The Dub
Shepherds. Les huit musiciens de Païaka continuent sur leur lancée avec la
sortie de l’album Alive Anyway, fruit
de leur détermination collective et d’un travail soigné. Entrevue – très conviviale
– avec la formation auvergnate.
Le
26 janvier sort votre premier album, Alive
Anyway. Comment s’est déroulée sa réalisation ?
Red
était plutôt un recueil des deux premières années du groupe et on parlait déjà,
à ce moment-là, du disque suivant. On voulait que ce soit un album réfléchi et
abouti, avec une vraie esthétique et une cohérence entre les morceaux. En 2012,
on a donc commencé à travailler sur de nouveaux riddims, parallèlement à la
tournée de Red. Les premières
sessions de la maquette ont débuté en 2013, on en a fait plusieurs sur l’année
pour faire mûrir les compositions et les arrangements. En décembre 2013, on a démarré
les premières sessions et, début 2014, on est entrés en studio pour les prises
rythmiques définitives. De février à juin, on a enregistré les claviers,
guitares, cuivres et percussions additionnelles, les chœurs et les voix lead.
Le mixage a eu lieu en juillet/août 2014, et on a travaillé sur le mastering en
septembre. L’objectif était de prendre le temps pour faire les meilleurs choix
à chaque étape. Pour nous, Alive Anyway
est l’aboutissement de deux années de recherche et de création, aussi bien
identitaire que musicale.
Le
titre est plutôt positif. Quel était l’état d’esprit du groupe à la naissance
de ce projet ?
Le titre est tiré de la cinquième
chanson de l’album, « One Man Is Smiling »,
qui parle de la chaleur que peut transmettre un sourire, à la fois simple et
inexplicable. C’est aussi une sorte de synthèse de tous les sujets évoqués dans
cet album. Beaucoup parlent d’une quête d’identité, individuelle ou collective,
et notre recherche musicale va aussi dans ce sens. Chacun contribue à un monde
rempli de diversités, de merveilles mais aussi d’atrocités. A partir de là, nos
textes, qu’ils soient légers ou graves, sont optimistes sur notre monde et sa
capacité à réagir face aux défis qui lui sont lancés.
Comment
s’est répartie la composition des titres entre les membres du groupe ?
Dans Païaka, on a un processus de
composition vraiment collectif. Produire un morceau est quelque chose d’assez
long, d’autant plus qu’il faut que chacun des huit musiciens s’y
retrouvent ! En période de création, il y a beaucoup de débats et
d’argumentation, chacun se permet de donner son avis sur la partie des autres.
On a toujours fonctionné ainsi, ce qui nous a appris à communiquer sainement et
contribué à souder le groupe.
Où
et avec qui a été enregistré l’album ?
Il a été enregistré à Improve Tone
Studios, dans la campagne auvergnate. On connaissait bien les lieux, puisque
c’est là qu’on a enregistré notre premier EP ! Le studio a été créé
quasiment en même temps que le groupe. Il évolue au même rythme que nous et la
relation avec le gérant est vraiment bonne. Pour les prises et le mixage, nous
avons travaillé avec Antoine Aubert, notre ingénieur du son, qui a fait un
boulot remarquable du début à la fin. Sur les prises, nous avons eu l’appui et
l’expérience de Stéphane Blaëss (Fela Kuti, No More Babylon…).
Le
premier extrait, « Like A Candle », est disponible en single et en
clip depuis le 24 novembre. Que raconte ce morceau ? Pourquoi ce choix
d’un clip réalisé en plan-séquence ?
Notre vie, on la voit dans le prisme de
la musique depuis deux ou trois ans maintenant, et peu importe ce qu’en disent
les autres, les remarques, les critiques et les obstacles… Ce que nous voulons,
c’est profiter de cette chance de pouvoir vivre de sa passion. Nous faisons
beaucoup de sacrifices pour cela, passons beaucoup de temps sur les routes, en
répétition, en résidence, en studio… Le temps passe très vite quand tu as ce
rythme de vie, tu ne t’économises pas. Un peu comme une bougie : plus la
flamme est belle, plus la mèche se consume. On assume ce choix et c’est ce
qu’explique « Like A Candle ».
En racontant l’histoire de la chanson à Alice, la réalisatrice, nous avons
décidé de filmer le processus de création d’un morceau, de l’idée de départ
jusqu’au concert. Le plan-séquence était évident. Pas de montage, pas de
retouche ! Nous avons aimé soigner les détails, quitte à ne pas se
simplifier la vie. Si tu regardes le clip, on change de vêtements à chaque
scène, ce qui est une petite performance pour un plan-séquence !
Pourquoi
avoir illustré la pochette de l’album avec le dessin d’une main colorée ?
Une main colorée… et ouverte ! On
voulait mettre en image ce concept d’appartenance au monde vivant et à
l’humanité. On a beaucoup discuté avec Lucie Auclair (artwork) et Quentin
Pigeat (infographie) avant de les lancer sur le projet. Il y a eu un vrai travail
d’équipe, d’échange et de réflexion. Au
final, cette main était une proposition de leur part, qui a tout de suite fait
l’unanimité dans le groupe. Ils ont fait un super boulot sur cette pochette !
Sur
quoi travaillez-vous actuellement ?
Sur les arrangements live des nouveaux
titres, pour que les morceaux soient percutants en concert. Nous allons aussi
chercher à mettre en avant chacun des musiciens et profiter du projet dub Redder Than Red pour aller plus loin
dans les effets. Nous entrons d’ailleurs bientôt en résidence pour finaliser ce
boulot. Nous avons vraiment hâte de repartir en tournée ! Sinon, nous projetons
de travailler sur un second clip. Il est aussi question d’un vinyle avec des
remixes ou des versions dubs… Bien sûr, nous pensons déjà au prochain album,
c’est plus fort que nous !
Le
mot de la fin ?
Nous remercions tous les gens qui
militent et défendent la culture, car beaucoup de choses changent en ce moment.
En tant que moyen d’expression, elle est et sera toujours menacée. Nous
remercions tous ceux qui s’intéressent, la défendent, la mettent en lumière, et
qui vivent à travers elle. Big up à tous les lecteurs de Reggae Vibes !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #40 - février/mars 2015)
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