Evènement de taille en ce dernier jour du mois de mars : la venue à la KulturFabrik à Esch sur Alzette (Luxembourg) du plus célèbre rasta sicilien, j’ai nommé Alborosie. Pour ce faire, il est accompagné du Shengen Band. A l’occasion de la tournée promotionnelle de Escape From Babylon sorti l’année passée, l’association Melting Pot et la KulturFabrik ont saisi l’opportunité de combler le public luxembourgeois et frontalier en invitant sur scène l’un des artistes les plus en vue de la scène reggae actuelle. Pour parfaire le tableau, place est faite à deux premières parties françaises : Les Colocks originaire de la capitale et Tony Nephtali, jeune artiste lorrain à découvrir. Autant dire que le programme avait de quoi ouvrir l’appétit. En ces circonstances, le public a répondu à l’appel et investit aisément les lieux de la KulturFabrik.
Pour commencer tout en douceur, une entrée légère et loin d’être indigeste : Tony Nephtali en session acoustique pour se présenter et annoncer les vibrations de la soirée. En bon chauffeur de salle, Smocky (Irie Crew) éveille l’attention du public vers cet artiste naissant. En quelques morceaux, le ton est donné : propos rasta et conscients de rigueur ce soir. Il interprète plusieurs titres de son répertoire notamment « Zion Train » et « Unité ». Travaillant actuellement sur un album, nous devrions bientôt avoir davantage à se mettre sous la dent et ce, pour notre plus grand plaisir.
Pour le hors d’œuvre, un des groupes parisiens dont on entend de plus en plus parler : Les Colocks. Ils viennent tout juste de sortir leur premier album intitulé Construire Nos Vies et commencent à se faire une place au sein de la scène française au côté de groupes tels que Sinsemilia, Danakil ou Broussaï. Né d’une banale histoire de colocation dans une maison à Paris, le groupe a aujourd’hui tout pour être pris au sérieux. S’ils ne sont pas encore connus de tous les massives, jouer en première partie d’Alborosie est l’occasion rêvée d’en conquérir davantage. En moins d’une heure, ils insufflent leur flow interprétant notamment leur titre phare qui donne son nom à l’album. Le public se laisse porter, échauffé pour ce qui va suivre.
Vers 22h30, le plat de résistance : l’arrivée sur scène d’Alborosie ! Ces dernières années, il s’est installé comme une des références de la scène reggae européenne devenant ainsi une figure emblématique. Si aujourd’hui Alborosie a complètement intégré la culture rasta et vit à la capitale jamaïcaine, la place qu’il a su se faire reste inégalable. Après nombre de singles épatants sortis sur différents labels, c’est début 2009 que sort son premier album Escape From Babylon qui fait l’effet d’une bombe. Et on peut le dire avec certitude, ce dernier est l’un des meilleurs opus qu’a vu naître l’année 2009 ! En peu de mots : un album hors du temps et hors du commun où les clins d’œil au reggae des origines font légion. A se procurer d’urgence, si ce n’est pas déjà fait ! Pas de temps à perdre, Alborosie et son band lancent les premières notes d’un des morceaux les plus notables de l’album au message clair et conscient, « No Cocaine » suivi par le single hit « Herbalist ». C’est suffisant pour emporter avec lui tout le public présent ce soir. Les morceaux s’enchaînent : entre titres de l’album (« M. President », « Money », « Global War », « Mama She Don’t Like You », « I Rusalem ») et singles incontournables (« Rastafari Anthem », « Soundkilla » (Ring The Alarm), « Kingston Town », « Precious »), tout y est pour prendre de bonnes vibrations et le public ne se fait pas prier pour cela. Aucun temps mort, tout s’enchaîne avec fluidité sur un feeling nu-roots accrocheur. On notera particulièrement le morceau « Free Rototom » dédié au Rototom Sunsplash Festival* ainsi que, lors du rappel, son tube « Greetings » en featuring avec la belle Etana et interprété pour l’occasion avec l’une des choristes dont la voix est surprenante. Et enfin, « One Love » de Bob Marley qui clôt le show avec un splendide message d’unité. Alborosie a su transporter son public. Et si nous ne pouvons pas chiffrer le nombre de kilomètres qu’il a parcouru sur scène en une heure et demi, nous pouvons dire avec certitude qu’il y a mis tout son cœur. La réussite de cette prestation, nous la devons également au Shengen Band avec qui l’entente musicale semble parfaite. Minuit passé, Alborosie quitte la scène. C’est trop tôt, bien sûr, mais le public rejoint l’extérieur satisfait et même comblé. Un petit set sound system en guise de dessert aurait ravi les amateurs mais ce point de détail ne peut en aucun cas ternir une soirée aussi réussie dans sa qualité et sa variété musicale.
Merci à l’association Melting Pot, à Smocky, aux artistes présents et au public évidemment !
Prochains évènements organisés par l’association Melting Pot : rendez-vous le 30 avril à l’Ile du Saulcy à Metz pour apprécier Lord Bitum et le 15 mai, Ziggi à Bruxelles au Magasin 4.
Simba
(pour Reggae-Est)
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