Révélation
des Victoires du Reggae 2013, Naâman est l’un des artistes émergents les plus
prometteurs de la bouillonnante scène hexagonale. Le 4 juin sera
disponible Deep Rockers, Back A Yard, réédition de sa première
mixtape concoctée avec Fatbabs dans une nouvelle version enregistrée au Studio
Harry J de Kingston, avec Sam Clayton, Stephen Stewart, Sly Dunbar, Daniel
« Axeman » Thompson, Dalton Browne… Ca valait bien une rencontre.
Bonjour
Naâman, peux-tu te présenter en quelques mots…
Je suis Naâman, auteur et chanteur
reggae/hip-hop de 23 ans, originaire de Dieppe en Normandie. J'ai
découvert la musique un peu avant l'adolescence avec Bob Marley, et je pense
qu'elle est aujourd'hui un des principaux vecteurs d'émotion, d'idée ou de
valeur, au-delà de l'entertainment. C'est pourquoi je m'efforce d'y mettre ce
qu'il y a de meilleur en moi.
Mes parents m'ont élevé et sensibilisé à
la religion catholique. J'ai grandi avec, autour de moi, des gens cultivant ou
cherchant leur spiritualité, et aussi rencontré certains qui savaient comment
rendre cette spiritualité accessible, voire indispensable. Naâman vient de la
Bible, c'est le nom d'un commandant qui a été guéri de la lèpre par sa foi.
C’est une sorte de parallèle avec ce que la musique a pu m’apporter dans la
vie. J’ai choisi ce nom moi-même, ce ne sont pas les gens qui me l’ont
donné ! Il aura du sens tant que j'aurai la force d'écrire et de tenir un
micro.
J’ai commencé à jouer de la guitare à
l’entrée au collège. Mon père d'abord, puis mon prof d'histoire m'ont appris
quelques accords. J'ai ensuite écrit mes premiers textes. A partir de 16 ans,
on a monté un sound system, Natural B. Pour moi, ça consistait surtout à
prendre le micro en soirée sur des faces B, la meilleure école !
Quand
as-tu rencontré Fatbabs ?
Quand j'ai quitté Dieppe pour les
études, en 2008. J’ai d'abord rencontré mon riddim maker Incut, avec qui j’ai
fait les premiers enregistrements vidéo, « Bandolero », « Name
Of Lord »… Le tout début ! Il y avait un milieu hip-hop et reggae bien
développé sur Caen. Certaines prods d’un ami commun, Madtom, un MC caennais,
venaient de Fatbabs. On a bien accroché direct, on a fait « Rumours A
Gwaan » et on s’est dit pourquoi pas faire une mixtape ensemble. On a
fait Deep Rockers en cinq-six mois.
Deep
Rockers est sortie en 2012. Comment l’avez-vous enregistrée et
réalisée ?
Tout s’est fait en auto-prod avec notre
asso 1001ProdsRecords. Fatbabs composait les riddims chez lui et j’allais
enregistrer de mon côté, chez Tarantula Studio. On a fait mixer le tout par une
connaissance et on l’a sorti comme ça. C’était vraiment le premier travail
d’auto-prod, avec un petit mastering, un tout petit budget… Franchement, on ne
s’attendait pas à ça ! J'avais quelque chose à présenter, qui avait du
sens, un concept… Les gens qui nous soutenaient déjà ont apprécié et fait tourner :
on s'est retrouvé à PartyTime, au Reggae Sun Ska 2012…
Deep Rockers, Back A Yard sort le 4 juin. Comment est venue l’idée de ce
projet ?
L’idée de base avec le premier opus
était de rendre hommage au roots jamaïcain, à Joe Higgs, Delroy Wilson, The
Wailers, The Gladiators ou encore Tenor Saw… Et ça s'arrêtait là. La première
étincelle de Back A Yard est venue de Soulbeats Records qui,
ayant appris mes intentions de voyage vers les Caraïbes, nous a proposés de
faire un remix de Deep Rockers en Jamaïque. Au début, je
n’étais pas tellement chaud parce que je voulais faire quelque chose de
nouveau. Mais le deal a changé… Quand j'étais aux Iles Vierges, j'ai appris
que Deep Rockers avait été bien apprécié à Kingston par
l'équipe de Stephen Stewart, et qu'ils nous proposaient de retravailler
entièrement le projet avec des musiciens légendaires comme Sly, Dalton ou
Axeman. Réenregistrer, parfait ! On voulait du neuf, c'était l'occasion.
Soulbeats a suivi l'idée et Fatbabs, mon manager Peter et mon cameraman Faya
m'ont rejoint en Jamaïque pour le Nouvel An, on a passé une dizaine de jours en
studio…
On a été accueillis par Sam Clayton et
Stephen Stewart début Janvier. On ne savait pas trop où on allait en fait, mais
ça s’est super bien passé ! Tous les musiciens étaient intéressés par le
projet. Le découpage des samples de Fatbabs a apporté un truc différent. Il y a
eu de très bons moments, presque magiques et d’autres un peu plus compliqués,
parce que le business en Jamaïque est omniprésent dans la musique, il faut
savoir faire la part des choses… Les gars ont quitté la Jamaïque, je suis resté
pour enregistrer quelques voix et je devais partir avec le master final. Je
suis parti deux semaines plus tard avec un pré-édit et une promesse de la part
de Stephen Stewart. On a reçu un travail riche mais qui ne nous correspondait
pas vraiment… On a remis la main à la patte en France, Fatbabs et ExL ont
refait un édit, on a enregistré des cuivres, des voix, des chœurs, on a remixé
et remasterisé le tout en deux petites semaines seulement !
Y
a-t-il des anecdotes jamaïcaines particulières ?
Ouais ! Par exemple, le featuring
avec Cutty Ranks. En Jamaïque, on était chez Massy et Joan, du label Dam Rude
Records. On squattait le studio Nanook, je faisais des maquettes de voix pour
les sessions studio Harry J, sur Burlington Avenue. Il y a beaucoup de passage,
Stone love font leur soirée en haut de la rue… Cutty Ranks entre, juste pour
dire bonjour. Il a kiffé le riddim, posé un refrain en deux secondes, qu’il a
écrit en à peine plus, juste parce qu’il avait envie de le faire ! Ça,
c’est la petite anecdote du featuring de l’album. Des anecdotes, il y en a
beaucoup…
Quels
sont tes projets pour les prochains mois ?
La sortie de l’album va être l’occasion
d’une fête au New Morning, le 13 Juin, avec, en première partie, Join Da Tease.
On va réaliser un clip d’un des titres de l’album aussi, pour apporter une
image à Deep Rockers, Back A Yard. Comme projet, faire cette
tournée ! On prévoit aussi deux semaines en août à l’étranger :
Deep Rockers, Back A Yard en mode sound system, avec mon DJ Fatbabs.
Sinon, ce sera en band tout l’été, septembre et octobre également.
Certainement, un petit voyage cet hiver pour partir autre part, enrichir encore
la musique. Ce sont vraiment les voyages qui permettent de créer de nouvelles
choses. Objectif : trouver une nouvelle destination et mettre le cap !
Simba
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