mardi 13 août 2013

Naaman - Grandeur d'âme

Révélation des Victoires du Reggae 2013, Naâman est l’un des artistes émergents les plus prometteurs de la bouillonnante scène hexagonale. Le 4 juin sera disponible Deep Rockers, Back A Yard, réédition de sa première mixtape concoctée avec Fatbabs dans une nouvelle version enregistrée au Studio Harry J de Kingston, avec Sam Clayton, Stephen Stewart, Sly Dunbar, Daniel « Axeman » Thompson, Dalton Browne… Ca valait bien une rencontre.

Bonjour Naâman, peux-tu te présenter en quelques mots…
Je suis Naâman, auteur et chanteur reggae/hip-hop de 23 ans, originaire de Dieppe en Normandie. J'ai découvert la musique un peu avant l'adolescence avec Bob Marley, et je pense qu'elle est aujourd'hui un des principaux vecteurs d'émotion, d'idée ou de valeur, au-delà de l'entertainment. C'est pourquoi je m'efforce d'y mettre ce qu'il y a de meilleur en moi.

D’où vient ton nom d’artiste ?
Mes parents m'ont élevé et sensibilisé à la religion catholique. J'ai grandi avec, autour de moi, des gens cultivant ou cherchant leur spiritualité, et aussi rencontré certains qui savaient comment rendre cette spiritualité accessible, voire indispensable. Naâman vient de la Bible, c'est le nom d'un commandant qui a été guéri de la lèpre par sa foi. C’est une sorte de parallèle avec ce que la musique a pu m’apporter dans la vie. J’ai choisi ce nom moi-même, ce ne sont pas les gens qui me l’ont donné ! Il aura du sens tant que j'aurai la force d'écrire et de tenir un micro.

A quel moment et dans quelles conditions as-tu commencé à faire de la musique ?
J’ai commencé à jouer de la guitare à l’entrée au collège. Mon père d'abord, puis mon prof d'histoire m'ont appris quelques accords. J'ai ensuite écrit mes premiers textes. A partir de 16 ans, on a monté un sound system, Natural B. Pour moi, ça consistait surtout à prendre le micro en soirée sur des faces B, la meilleure école !

Quand as-tu rencontré Fatbabs ?
Quand j'ai quitté Dieppe pour les études, en 2008. J’ai d'abord rencontré mon riddim maker Incut, avec qui j’ai fait les premiers enregistrements vidéo, « Bandolero », « Name Of Lord »… Le tout début ! Il y avait un milieu hip-hop et reggae bien développé sur Caen. Certaines prods d’un ami commun, Madtom, un MC caennais, venaient de Fatbabs. On a bien accroché direct, on a fait « Rumours A Gwaan » et on s’est dit pourquoi pas faire une mixtape ensemble. On a fait Deep Rockers en cinq-six mois.

Deep Rockers est sortie en 2012. Comment l’avez-vous enregistrée et réalisée ?
Tout s’est fait en auto-prod avec notre asso 1001ProdsRecords. Fatbabs composait les riddims chez lui et j’allais enregistrer de mon côté, chez Tarantula Studio. On a fait mixer le tout par une connaissance et on l’a sorti comme ça. C’était vraiment le premier travail d’auto-prod, avec un petit mastering, un tout petit budget… Franchement, on ne s’attendait pas à ça ! J'avais quelque chose à présenter, qui avait du sens, un concept… Les gens qui nous soutenaient déjà ont apprécié et fait tourner : on s'est retrouvé à PartyTime, au Reggae Sun Ska 2012…

Deep Rockers, Back A Yard sort le 4 juin. Comment est venue l’idée de ce projet ?
L’idée de base avec le premier opus était de rendre hommage au roots jamaïcain, à Joe Higgs, Delroy Wilson, The Wailers, The Gladiators ou encore Tenor Saw… Et ça s'arrêtait là. La première étincelle de Back A Yard est venue de Soulbeats Records qui, ayant appris mes intentions de voyage vers les Caraïbes, nous a proposés de faire un remix de Deep Rockers en Jamaïque. Au début, je n’étais pas tellement chaud parce que je voulais faire quelque chose de nouveau. Mais le deal a changé… Quand j'étais aux Iles Vierges, j'ai appris que Deep Rockers avait été bien apprécié à Kingston par l'équipe de Stephen Stewart, et qu'ils nous proposaient de retravailler entièrement le projet avec des musiciens légendaires comme Sly, Dalton ou Axeman. Réenregistrer, parfait ! On voulait du neuf, c'était l'occasion. Soulbeats a suivi l'idée et Fatbabs, mon manager Peter et mon cameraman Faya m'ont rejoint en Jamaïque pour le Nouvel An, on a passé une dizaine de jours en studio…

Comment se sont passés les enregistrements au studio Harry J ?
On a été accueillis par Sam Clayton et Stephen Stewart début Janvier. On ne savait pas trop où on allait en fait, mais ça s’est super bien passé ! Tous les musiciens étaient intéressés par le projet. Le découpage des samples de Fatbabs a apporté un truc différent. Il y a eu de très bons moments, presque magiques et d’autres un peu plus compliqués, parce que le business en Jamaïque est omniprésent dans la musique, il faut savoir faire la part des choses… Les gars ont quitté la Jamaïque, je suis resté pour enregistrer quelques voix et je devais partir avec le master final. Je suis parti deux semaines plus tard avec un pré-édit et une promesse de la part de Stephen Stewart. On a reçu un travail riche mais qui ne nous correspondait pas vraiment… On a remis la main à la patte en France, Fatbabs et ExL ont refait un édit, on a enregistré des cuivres, des voix, des chœurs, on a remixé et remasterisé le tout en deux petites semaines seulement !

Y a-t-il des anecdotes jamaïcaines particulières ?
Ouais ! Par exemple, le featuring avec Cutty Ranks. En Jamaïque, on était chez Massy et Joan, du label Dam Rude Records. On squattait le studio Nanook, je faisais des maquettes de voix pour les sessions studio Harry J, sur Burlington Avenue. Il y a beaucoup de passage, Stone love font leur soirée en haut de la rue… Cutty Ranks entre, juste pour dire bonjour. Il a kiffé le riddim, posé un refrain en deux secondes, qu’il a écrit en à peine plus, juste parce qu’il avait envie de le faire ! Ça, c’est la petite anecdote du featuring de l’album. Des anecdotes, il y en a beaucoup…

Quels sont tes projets pour les prochains mois ?
La sortie de l’album va être l’occasion d’une fête au New Morning, le 13 Juin, avec, en première partie, Join Da Tease. On va réaliser un clip d’un des titres de l’album aussi, pour apporter une image à Deep Rockers, Back A Yard. Comme projet, faire cette tournée ! On prévoit aussi deux semaines en août à l’étranger : Deep Rockers, Back A Yard en mode sound system, avec mon DJ Fatbabs. Sinon, ce sera en band tout l’été, septembre et octobre également. Certainement, un petit voyage cet hiver pour partir autre part, enrichir encore la musique. Ce sont vraiment les voyages qui permettent de créer de nouvelles choses. Objectif : trouver une nouvelle destination et mettre le cap !

Simba

(pour Reggae Vibes Magazine #30 - juin/juillet 2013)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.