Né
en Guyane française de parents surinamiens, Patko rejoint Paris en 2001, avant
de s’installer à Grenoble, en 2005, où il mûrit son reggae new roots riche et
diversifié, métissé des cultures sud-américaine, africaine, antillaise et
occidentale. Auteur, compositeur et interprète, Patko présente son premier
album, Just Take It Easy, sorti le 29
avril.
Peux-tu
nous parler un peu de toi et de tes débuts dans la musique ?
Patko, c’est
un surnom qui vient de mon pays d’origine, le Suriname. Ma famille m’a toujours
appelé comme ça et c’est resté. J’ai baigné très tôt dans la musique. Mon oncle,
Paul Intro, était un sélecteur très populaire au Suriname. Il avait un mur de
son, je le regardais souvent quand il enregistrait des jingles. Le week-end, je
le voyais charger le matos pour aller jouer et, quand on est un petit gars, on
ne peut qu’être attiré par ça ! Un autre oncle, lui aussi sélecta, m’a
appris quelques grilles d’accords à la guitare, puis au clavier. A l’heure où
les autres enfants du village d’Acarouany jouaient au foot, je boeufais avec
mon oncle presque tous les après-midi ! Ca a développé mon oreille
musicale de chercher les accords des chansons qu’on écoutait sur cassettes !
C’était vraiment une belle époque…
Par la suite,
j’ai fait partie d’un groupe reggae, Enfants de Jah, à Mana, en Guyane
française, avant de me mettre au chant. Mais comme j’étais quelqu’un d’assez
réservé, ce n’était pas facile… Les encouragements des filles du village m’ont
beaucoup motivé ! (rires) Puis, j’ai
eu envie de bouger. Je n’étais pas du tout attiré par l’école. Du coup, j’ai
tout lâché en 1ère pour me consacrer à la musique. J’ai tout de
suite eu envie d’aller en métropole et, à mon arrivée, je suis resté quelques
mois sur Paris à squatter chez des amis. Je me suis presque retrouvé à la rue…
Un pote d’enfance, qui était à Tours, m’a hébergé et c’est là que j’ai croisé
Mighty Killa lors d’un open mic. Après, je suis parti pour Grenoble, où j’ai pu
me poser et continuer à faire de la musique, à la maison cette fois.
Y
a-t-il des artistes qui t’ont marqué ? De quels instruments joues-tu ?
Je suis inspiré par tout ce qui
m’entoure et j’ai beaucoup de respect pour les bons artistes, surtout quand il
y a de l’originalité. Je joue un peu de basse, guitare et clavier, mais pas suffisamment
pour en jouer sur scène.
Quelles
ont été tes expériences avant ce projet et que t’ont-elles apporté ?
Avec Myg, un
autre beat maker, on a monté un petit label. On a bossé sur le projet Shaby,
qui a eu une signature chez Wagram. A l’époque, il y avait l’émission Graines
de Star, elle était toute jeune pour concourir. Au final, ça a été pour moi une
grosse déception… Puis, on a composé des titres pour une compile avec presque
tous les bons artistes du moment, Tiwony, Straika, Mighty Killa, Lyricson,
Rosta Damaniak… mais cette compile n’est jamais sortie, on manquait
d‘expérience. Ensuite, le one riddim Flame
of Life, l’occasion d‘entendre Takana Zion, Lyricson, Straika, et même Colonel
Reyel avant qu’ils ne touchent le grand public. Chacune de ces étapes a été un véritable
cadeau du ciel. A cette époque, je rêvais de composer pour un album tout entier…
J’ai eu le No Gun riddim sur
l’album K Libre de Mighty Killa, Messages de Lyricson et For The Next Generation de Maxxo.
Ton
premier album s’intitule Just Take It Easy, une invitation à la
paix. Quelles sont les sources d’inspiration des textes que tu écris ?
Mes
inspirations ? Le départ de la Guyane, l’arrivée en France, ma vie privée,
les différentes rencontres, les échanges culturels, la vie au quotidien…
C’est
un album métissé dans les styles et les langues (anglais, patois jamaïcain,
créole et français), à ton image. Comment conçois-tu ta musique ?
Elle est le carrefour
de plusieurs identités musicales dont le reggae est la vibe dominante. On me
dit souvent que ma musique englobe plusieurs styles et que le dosage est
intéressant, donc une fois que vous aurez l’album, n’hésitez pas à me faire un
retour ! (rires)
Comment
se sont passés son enregistrement et sa réalisation en France comme en Jamaïque ?
La plupart des instruments ont été enregistrés
en France en home studio et les drums en Jamaïque. Le mix et mastering ont été
faits à Grenoble par le magicien Don Pablo. Et, très franchement, même Fitzroy a
été bluffé par son taf quand il l’a entendu. Donc respect Don Pablo !
Avec
quelle équipe et quels musiciens as-tu travaillé ?
La plupart des batteries sont de Fitzroy
Green (Alborosie, Luciano…). Il y a Ivan Boucheras, un keyboard d’exception (Maxxo,
Mighty Cut, The Soulsonics), Jo Coco (Mighty Cut, Clinton Fearon, Broussaï,
Cornell Campbell, The Viceroys, Sir Jean…), Eldé, que l’on connaît en tant que
chanteur et qui est aussi un excellent bassiste, Djuka à la guitare (L’Année du
Singe, Shaady), Rafi (Jah King) et Jimmy aux chœurs. J’ai moi-même joué les
claviers sur certains titres et on a bossé les arrangements avec Benjamin
Chambaz, mon technicien son façade.
Y
a-t-il des évènements prévus pour accompagner la sortie de l’album ?
L’album est sorti
le 29 avril. Premier concert, le 23 mai à l’Ampérage de Grenoble, et quelques uns
cet été. On prépare surtout une belle tournée pour l’automne. Côté vidéo,
le clip de « Mama » a été réalisé par Antoine Dubois, une bête
de réalisateur ! On vient de finir le montage de « Just Take It Easy
» dont une petite partie a été tournée à Los Angeles, Oakland et San Francisco
pendant mon séjour le mois dernier. Là, je pense à clipper « Dom Tom »,
titre que j’affectionne particulièrement…
Quels
sont tes projets pour les prochains mois ?
Au programme, enregistrements, compos autant
que possible, tenter de faire une tournée aux USA avec Dubtonic Kru, avec qui
j’ai passé du temps en studio en Californie, récemment. Je vais peut être
travailler avec Sir Jean sur son album solo. Il y a aussi un projet avec
Aboubass, ancien chef d’orchestre du Solar System, avec qui on collabore depuis
maintenant un an… Pas mal de choses à
venir, mais je préfère en parler une fois que ce sera plus sûr…
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #30 - juin/juillet 2013)
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