Avec
plus de quinze ans de musique au compteur, Brain Damage présente son onzième
album, Walk The Walk. Cette fois,
Martin a choisi de s’aventurer vers des sentiers plus roots qui l’ont conduit
jusqu’en Jamaïque, s’offrant même la présence d’une poignée d’invités hautement
respectables : Horace Andy, Willi Williams, Kiddus I, Winston McAnuff et Ras
Michael.
Peux-te
présenter rapidement, ainsi que ton parcours.
Martin, en charge du projet Brain Damage
depuis 1998-1999.
Comment
résumer autant d’années d’activisme en quelques phrases ?
Je dirais que le projet s’articule
autour d’un style : le dub. Depuis toutes ces années, il y a pas mal de
facettes du style qui ont été explorées. Au fil de onze albums, je me suis
permis de prendre plusieurs directions qui ont pu surprendre certaines
personnes parfois, et ajouter, sans prétention, ma patte au dub.
Comment
résumerais-tu la discographie de Brain Damage ?
Le maître-mot serait
« surprise », autour d’une seule ligne directrice, le dub. D’un album
à l’autre, on peut changer complètement d’univers. Il y a eu une période avec
des albums bien expérimentaux, d’autres qui sont plus tournés vers l’Angleterre
et la manière anglaise de faire du dub… Là, plus récemment, j’ai eu la chance
de me rendre en Jamaïque. Mes productions s’en trouvent donc bien plus roots.
Pour résumer ma discographie, je dirais beaucoup de prise de risque, de remise
en question et de changements de direction.
Ton
nouvel album, Walk The Walk, est sorti
le 16 octobre dernier. Comment le présentes-tu ?
Depuis un moment, j’avais l’intention de
changer un peu mon fusil d’épaule et de faire quelque chose de plus roots,
alors que j’ai évolué dans des univers plutôt froids et urbains jusque-là. J’ai
essayé de réchauffer un peu le propos musical et, parallèlement, j’ai eu la
chance d’aller en Jamaïque, grâce à Samuel Clayton Jr., qui m’a ouvert les
portes du Harry J Studio, lieu mythique pour avoir vu passer d’immenses
artistes, dont Bob Marley. Sam Clayton Jr. m’a aussi mis en contact avec les
chanteurs de la génération qu’on voulait justement solliciter pour ce projet –
et pas des moindres : Horace Andy, Willi Williams, Kiddus I, Winston
McAnuff et Ras Michael. Voilà comment je présente l’album : musicalement,
des sons plus roots, et la rencontre avec cinq légendes qui ont fait le
reggae !
C’était
réfléchi ou tout ça s’est fait de façon spontanée ?
Ce qui était réfléchi, c’est la couleur
musicale, changer mon propos, mettre plus de mélodie, de chaleur dans ma
musique. Le fait d’aller en Jamaïque également. Le fait de se concentrer sur
cette génération-là, c’était aussi l’idée de départ. Après, sur qui on allait
exactement tomber, qui allait être disponible sur la période où j’étais à
Kingston, ce n’était pas gravé dans le marbre. On avait fait une liste de gens
potentiellement intéressants pour le projet. Sam Clayton Jr. a tellement de
contacts qu’il a pu me présenter à ceux qui sont présents sur l’album, ce qui
correspond exactement à ce que je voulais ! J’ai été vraiment séduit par
la fraîcheur de ces sessions studio avec des personnes qui ont cinquante ans de
carrière derrière eux ! A chaque fois, ça a été émotionnellement très fort
et artistiquement très riche.
Quand
a eu lieu ce voyage en Jamaïque ?
En février. Je suis resté quinze jours
sur l’île et, grosso modo, il y a eu un ou deux jours de travail avec chaque
intervenant. Ils ont l’habitude de travailler très vite, avec un résultat très
authentique. En Jamaïque, nous avons fait uniquement les prises de voix. Sinon,
tout a été fait en France, chez moi, dans mon studio. L’album sera disponible
en CD, en vinyle et en téléchargement, un peu partout dans le monde.
Y
a-t-il une tournée de prévue ?
Oui, il y a une tournée qui a déjà
commencé et qui se prolongera en 2016. J’assurerai les shows seul, comme je le
fais souvent avec Brain Damage. Mais, autour de la sortie de l’album, je me
suis permis de solliciter Willi Williams, qui va venir, sur une quinzaine de
jours, soit huit dates, en passant par Paris et d’autres villes de province.
N’hésitez pas à vous tenir au courant sur www.brain-damage.fr.
On
peut dire que la scène dub est très active actuellement…
La scène dub est très active dans
plusieurs pays et internationalement. On s’aperçoit qu’il y a eu un renouveau.
Ça fait déjà une vingtaine d’années qu’il y a une bonne scène dub en France. Il
y a eu une première génération, dont je fais partie, qui est née vers la fin
des années 1990. Ensuite, une nouvelle génération est arrivée, qui proposait
une autre approche du style, avec, notamment une explosion du sound system à la
manière anglaise. Avec du recul, c’est assez stupéfiant de voir les évolutions
et les échos que peut susciter le dub. On ne sait pas ce que l’avenir nous
réserve…
Quels
sont les projets que tu as, toi, en tête ?
Dans un premier temps, essentiellement,
défendre cet album en live, seul ou avec Willi Williams. Il est question que je
retourne en Jamaïque et, aussi, que je diffuse les versions dub des morceaux
chantés qui sortent sur l’album.
As-tu
des collaborations en vue pour la suite ?
Pour l’instant, c’est un peu tôt pour en
parler… J’ai enchaîné énormément d’albums, de tournées, le projet avec High
Tone, celui avec Vibronics, puis la tournée, qui a pris quand même deux ans, ce
qui a abouti à un album, plus un album live… Le nouveau qui vient juste de sortir,
un album dub sûrement après… Je pense
que je vais essayer de prendre un petit peu de temps pour assimiler ce que j’ai
pu vivre ces dernières années, analyser les différentes cultures et approches
du dub auxquelles on peut être confronter, que ce soit en France avec les High
Tone, en Angleterre avec Vibronics, en Jamaïque avec le travail dont je viens
de te parler. Il y aura forcément une suite à Brain Damage, mais je ne peux pas
encore dire quelle forme elle prendra !
Que
peut-on souhaiter pour la suite de Brain Damage ?
Continuer de faire ce que je fais le
plus sereinement possible. C’est déjà un combat parce que c’est énormément de
travail. Tout ce que je demande, c’est de pouvoir continuer à faire des albums
et des tournées !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #45 - décembre 2015/janvier 2016)
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