Presque
deux décennies de musique dans les jambes, et voici seulement le premier album
solo de Lord Bitum, Même Pas Mort. Avec
sa voix au timbre envoûteur, capable du plus large éventail de prouesses
vocales, du chant langoureux au toast à grande vitesse, difficile d’échapper à
ce pilier de la scène française. Le Lord nous livre quelques confidences sur
son nouvel opus… fruit d’une déjà longue carrière.
Ton album Même Pas Mort est
sorti le 23 juin. Quand as-tu commencé à travailler dessus ?
Avec
le 149 Band, nous avons commencé à travailler sur cet album il y a deux ans.
D'une part, nous avons voulu prendre le temps de construire un bel opus, tant sur
le plan musical qu'au niveau des textes, et d'autre part, il a fallu trouver
les fonds nécessaires pour sa sortie…
Comment as-tu choisi le titre ?
« Même
Pas Mort » est l'une des chansons de l’album. Elle aborde le sujet de
l'âge, du temps qui passe si vite, de toutes ces années qui font ma carrière,
et elle explique que, malgré le temps qui court, je suis toujours présent. Elle
parle aussi du fait que rien n'est simple dans la vie, qu'il faut se battre
pour avancer, qu'il faut se relever lorsque l'on tombe… Je suis tombé plusieurs
fois, le monde artistique n'est pas un monde facile, mais « tout ce qui ne te tue pas rend plus fort ».
Eh bien, moi, je ne suis même pas mort encore !
Que souhaitais-tu mettre en avant sur ce premier album solo ?
J'ai
voulu que cet album soit très personnel, qu’il me mette un peu à nu… J'ai 40
ans aujourd’hui, mon souhait était que ce soit un peu l'album de la maturité.
Il était temps ! (rires)
On y trouve certains titres déjà sortis et des nouveaux. Comment les
as-tu choisis et réunis ?
Nous
avons enregistré la totalité de l'album au 149 Studio, à La Trinité, près de
Nice, sur plusieurs sessions. Les titres qui existaient déjà (« Loin d'Elle »,
« Je Ne Lâcherais Pas L'Affaire », « Unité » et « Même
Pas Mort ») étaient sortis sur différents one riddim albums de 149
Records. J'ai voulu les garder et les mettre ici pour leur permettre d'avoir
une seconde vie, faire rejouer les riddims par 149, et les réarranger
spécialement pour l'album. D'autant plus que ce sont des titres très appréciés de notre public !
Comment sont nés les trois featuring qui figurent sur la
tracklist : Ras McBean, Queen Omega et Jah Rain ?
Ce
sont trois artistes que j'affectionne et qui travaillent régulièrement avec 149
Records. Concernant Ras McBean, ça faisait longtemps que je souhaitais un
feat avec lui, car nous avons eu plusieurs occasions de nous croiser. Il se
trouve qu'il avait une date de concert avec 149 à Nice pendant une session
d'enregistrement de l’album. Tout naturellement, je l'ai invité pour un featuring.
Nous avons trouvé le thème, puis nous avons écrit et enregistré le duo en une
journée. Ensuite, je suis complètement fan de Queen Omega, il fallait
absolument qu'elle soit sur mon album. Pour moi, c'est la plus belle voix
féminine du reggae ! Quant à Jah Rain, il fait partie de l'écurie 149. J’aime
beaucoup son travail et son style. Il aurait pu y avoir encore plus d'invités,
vu le nombre d'artistes que j’apprécie, mais mes projets Bitum & Friends sont aussi là pour ça ! Pour l’album, je
ne voulais pas trop de featuring et particulièrement des Anglophones.
Pourquoi avoir choisi de reprendre « Lady » avec Queen
Omega ?
« Lady »
est une chanson que j'écoute depuis tout petit (dans la version reggae de Wayne Wade,ndlr). Elle fait partie de
celles avec lesquelles mes oncles, fans de reggae, ont bercé mon enfance. Je
projetais déjà depuis très longtemps d'en faire la reprise. Comme c'est une
chanson d'amour, après réflexion, je me suis dit pourquoi pas la partager avec
une voix féminine. Qui d'autre que LA QUEEN du reggae pour l’interpréter aussi
bien ?! Queen Omega a réécrit un couplet pour l'occasion. Malgré mon
mauvais anglais, je suis très content du résultat.
Cet album est vraiment reggae, sans manquer pour autant d’une pointe
d’éclectisme…
C'est
vrai que c'est un album très reggae new roots. On me connait surtout comme
« la mitraillette vocale », adepte du fast style. C'est très
compliqué de fastyler avec des thèmes comme ceux que j'ai choisi d’aborder ici.
Quand bien même je pourrais le faire, ça n'aurait pas grand intérêt, on ne comprendrait
pas grand chose… Avec les années, j’apprécie de plus en plus chanter, même si
le fast style garde une place importante, c'est un peu mon empreinte. L'album
contient un titre très fast style (« Faut Taffer ») et aussi un titre
ovni (« Douce Connerie »), au thème léger et décalé, chanson hip-hop soul,
co-écrite avec Lionel Achenza (Raspigaous/Bass Maker). Nous souhaitons
sincèrement trouver un tourneur qui puisse faire vivre cet album sur les routes
de France et de Navarre, qu'il touche le public et se vende correctement malgré
la conjoncture actuelle et le marché du disque.
Dès le premier morceau, « Pour Les Intimes », tu reviens
sur ton parcours musical. Quel regard portes-tu sur tes différentes expériences
au sein de K2R Riddim, Bass Maker, The Voice… ?
Je
trouvais important de revenir sur mon parcours, car beaucoup, notamment les
plus jeunes, ne le connaissent pas. Toutes les formations dont j'ai fait partie
ont fait de moi l'artiste que je suis aujourd’hui, de mes débuts à la batterie
en passant par le hip-hop, raggamuffin, jusqu'à la jungle… K2R Riddim m’a
apporté énormément, tant en expérience personnelle qu'en visibilité. C'est avec
ce groupe que je suis passé au statut professionnel. Bass Maker est dans la
continuité logique du mélange de mes goûts musicaux. C’est aussi une manière de
se lâcher avec Lionel, car c'est un projet très conceptuel. Il est en stand-by
actuellement, mais rien ne dit qu'on ne refera pas un album un de ces jours... X-Factor et The Voice suscitent beaucoup de débats, donc je ne m'étalerai pas
sur le sujet. Tout ce que je peux en dire, c'est que ça a été une expérience
enrichissante pour moi : j'ai été fier de montrer à la TV qu'il y a
d'autres musiques que celles qu'on passe en boucle sur les radios !
Pour finir, Lord Bitum &
Friends vol.3 est sorti fin 2012. Y a-t-il un autre volume en prévision ?
Le
volume 4 est en préparation depuis quasiment un an. J'ai déjà beaucoup de
featurings en ma possession et d’autres sont en cours. Ce quatrième volume ne
sortira pas avant 2015, afin de ne pas interférer avec l'album d’abord, mais
aussi parce que je vais avoir pas mal de travail en résidence et en répétition dans
les mois à venir.
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #37 - août/septembre 2014)
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