Depuis le 18 février, le premier album
des Banyans, Steppin’
Forward, est enfin disponible. Finalistes de l’European Reggae Contest pour
la France, les Toulousains seront à la Bellevilloise le 4 avril prochain. Alors
que leur actualité est en plein montée de sève, rencontre avec Jay, guitariste,
et Devi, chanteur des Banyans.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Jay : j’ai rencontré
Devi, il y a huit ans, au lycée. On a monté un premier groupe de reggae et on a
connu, par la suite, Natty, le bassiste. En 2007, on a formé les Banyans.
Beaucoup de répétitions, une première maquette, quelques concerts, dont les
premières parties d’Anthony B, Sinsemilia… ça commençait à prendre. Nous avons
rencontré d’autres musiciens, Clément à la batterie, Maël au piano et Jean,
pianiste-choriste. Tous les six, nous sommes la formation actuelle des Banyans
depuis 2010, c’est là que le groupe a pris un autre tournant et s’est
professionnalisé. Ensemble, on a fait une maquette, qui s’appelle Back To The Roots, avec laquelle on a
beaucoup tourné.
Comment s’est fait le choix du nom The Banyans ?
Devi : le nom, c’est Jay
qui l’a trouvé et l’a proposé. J’ai adhéré tout de suite ! Le banyan est
un arbre qui pousse surtout en Inde, une sorte de figuier. Il y a plusieurs
symboles par rapport à cet arbre. Comme on dit en anglais, c’est un « roots tree », un arbre de racines.
Ce qui est particulier, c’est qu’il a des racines qui partent du sol, mais
aussi qui remontent du sol et vont vers les branches. Pour nous, c’est aussi ce
message, le « I and I »,
vers la terre et vers le ciel.
Quelles sont vos influences et sources d’inspiration ?
Devi : C’est un
« roots tree », et ce qu’on
aime faire, c’est du roots reggae. Nos inspirations sont Burning Spear, Israel
Vibration, Bob Marley & The Wailers, The Gladiators… toute cette lignée-là.
On est tous les six passionnés du reggae des années 60-70, depuis une dizaine
d’années. Pour moi, il y a aussi ce qui
vient de la soul, Otis Redding, Sam Cooke…
Comment se sont passés la réalisation et l’enregistrement de votre
premier album, Steppin’ Forward, sorti
le 18 février dernier ?
Jay : Nous sommes
entrés en studio début février, il y a un an, dans un studio analogique et
vintage qui enregistre sur des bandes et avec des micros à ruban, des préamplis
à lampe : le Studio de la Trappe à Toulouse, à l’ancienne, avec du
matériel des années 60 à 80. C’était un souhait de notre part d’avoir ce
matériel au niveau des prises de son. Le studio de la Trappe existe depuis plus
de quinze ans et c’est l’un des rares en France à posséder ce matériel. En
fait, on pourrait croire que c’était un signe, les lieux où l’on répète sont à
50 mètres de ce studio ! Ensuite, on a fait le mixage au studio HP de
notre ingé son, dans le sud de Toulouse. Et enfin, le mastering à Globe Audio,
à Bordeaux. Pour la section cuivre, il s’agit de featuring, avec notamment Guillaume
"Stepper" Briard, qui joue dans le Homegrown Band, et Didier Bolay, tromboniste
et trompettiste pour Tiken Jah Fakoly. Tous les deux ont été enregistrés à Paris.
Comment présentez-vous cet album ?
Devi : Steppin’ Forward, un pas en avant… On
avait déjà fait deux maquettes, donc là, c’est vraiment deux ans de travail
abouti. Au niveau du message, comme on peut le voir sur la pochette, c’est un
chemin qui avance vers le banyan, l’arbre. On le présente tout simplement comme
un message de retour à des choses simples, avec cet équilibre à la fois vers la
terre et vers le ciel.
Tous les titres sont en anglais…
Devi : Oui, c’est un
choix qui s’est fait naturellement. J’écoute le reggae jamaïcain depuis tout
petit. J’ai commencé vers 10 ans à peu près. Mon père m’a emmené voir Israel
Vibration, c’était mon premier concert reggae. C’est la volonté du groupe de
faire un reggae roots universel, et pas uniquement français. Ce qui nous a amené,
l’année dernière, à faire une belle petite tournée en Italie et, cet été, on y
retourne, avec une tournée en Pologne aussi !
Quels thèmes explores-tu au fil des morceaux ?
Devi : Il y a surtout
un message de rassemblement, qui appelle à l’unité. Plusieurs textes engagés,
comme sur « International Disorder », « Nah Run » ou
« Big Rock », qui dénoncent cette poignée de personnes qui domine plus
ou moins le globe. Il y a aussi des textes plus personnels, comme « Same
Love » ou « Free Your Soul », où je parle de la perte d’un être
cher. C’était destiné directement à mon frère, qui venait de perdre un ami
proche. On trouve un message spirituel, comme sur « Solid as a
Rock ». L’album finit par une grosse touche d’espoir, « Dreamer »,
un morceau pour tous les rêveurs et rêveuses…
Quoi de prévu maintenant que l’album est sorti ?
Devi : Aller
promouvoir cet album au quatre coins de la France ! On a une vingtaine de
dates un peu partout, la première partie d’Horace Andy et Johnny Clarke
notamment. Cet été, une tournée en juillet en France, en Août en Italie et en
Pologne. Pour la fin de l’année, une petite tournée à la Réunion, ce serait
aussi dans nos objectifs, car un de nos musiciens vient de là-bas…
Jay : Notre but,
c’est de tourner le plus possible, le plus loin possible, et partout ! Ce
qui nous fait le plus plaisir, c’est de jouer du reggae !
Que pensez-vous de la scène reggae française actuelle ?
Jay :
Elle est de plus en plus active et se développe continuellement. Il n’y a qu’à
voir le nombre d’inscrits pour la France à l’European Reggae Contest ! Nous
sommes contents de voir que ce mouvement prend de l’ampleur. Durant les trois
dernières années, on a partagé la scène et fait des échanges de concerts avec
des groupes de différentes villes, ce qui nous a permis de tisser des liens
forts avec certains. On pense notamment à Jah Legacy et I&I
Livity, mais la liste est longue, on ne peut pas tous les citer. Du coté de
Lyon, nous avons aussi rencontré les Mighty Lions, avec leur label Ka Records,
qui se bougent pour faire perdurer le son vintage et le vieux roots reggae à
l’ancienne. Sans oublier de remercier des groupes phares de la scène reggae
française, qui ont su rester humble et nous ont aidés, conseillés dans notre
développement : on pense aux Danakil. Big up à tous ceux qui contribuent à
faire vivre la culture reggae en France !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #29 - avril/mai 2013)
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