Vous connaissez la voix de Devi Reed grâce au groupe toulousain The
Banyans et à ses albums, Steppin’ Forward
et For Better Days, qui auront su
rassasier nos oreilles de pur reggae roots. Devi a sorti son premier album
solo, Essence Of Life, le 19 mai sur
le label Khanti Records. Le chanteur ouvre un nouveau chapitre musical et nous
en dit un peu plus sur ses futurs projets.
Pour commencer, d’où vient ton nom ?
Devi est mon deuxième prénom et
« reed » signifie « roseau » en anglais. C'est une plante qui me
parle, car elle plie mais ne rompt jamais. Il y a une fable à propos d'un chêne
et d'un roseau… Une grosse tempête arrive et le chêne se moque du petit roseau,
mais c’est le chêne qui finit par tomber, alors que le roseau reste debout…
Après le grand et majestueux banyan, on peut dire que je reviens en solo en
tant que roseau !
Effectivement, on te connaît depuis quelques années comme chanteur
du groupe The Banyans, qui a sorti deux albums et donné plus de 400 concerts.
Que représente le groupe pour toi ?
Je ne peux pas décrire ce qu’il
représente, ce projet m'a tellement apporté ! Ce sont mes premières
expériences de scène et de studio, du petit bar du coin au Zénith de Paris, du home
studio aux studios Davout… C’est
aussi beaucoup de rencontres, de fous rires, de travail, de bonheur, de
combat et de persévérance ! Ça m'a permis de réaliser des rêves, d'avancer dans
ma passion et de faire passer le message en tournée comme sur album. Se
retrouver en studio avec Big Youth ou Johnny Osbourne en Jamaïque, parler de
Bob Marley avec Aston Barrett en première partie des Wailers… Forcément, ça
restera gravé à vie !
Depuis quand songeais-tu à proposer un projet perso ?
Les Banyans ont une couleur musicale
bien précise, du roots reggae universel chanté en anglais. Ça faisait longtemps
que je voulais exprimer les influences et inspirations que j'ai depuis tout
petit. J'ai grandi entouré de musiciens, avec beaucoup de reggae à la maison,
mais aussi du hip-hop, de la soul, de l’électro, notamment avec mon grand frère…
Voilà pourquoi, depuis mars 2016, j'ai lancé ce projet sous mon propre nom.
Comment s’est déroulée la réalisation de ce premier EP ?
Certaines compositions datent de
quelques années, d'autres sont plus récentes. Après une tournée intense pour le
deuxième album des Banyans, j'ai pris le temps de me ressourcer. Je suis parti
seul sur une île grecque, c'est là que j'ai écrit le titre « Quoi de Plus Beau ».
Après plusieurs semaines en solitaire, j'ai pris conscience de ce besoin d’être
en contact avec les autres, de la joie des tournées et des rencontres… A mon
retour, j'ai monté les morceaux en guitare/chant, puis j'ai commencé à les jouer
en duo acoustique avec percussions. Nous avons fait la première partie de
Clinton Fearon et Nâaman. Le public a vraiment bien réagi, ce qui m'a motivé à finaliser
les compositions. Nous avons fait une tournée de vingt-cinq dates l’été dernier,
ainsi qu'une autre en Angleterre à l'automne…
Avec qui l’as-tu enregistré et où ?
J'ai travaillé principalement avec Tamal
sur Paris, entre son home studio et les studios Davout. Nous avions déjà bossé ensemble
sur For Better Days. C'est un ami, un
ingénieur du son et un beatmaker exactement dans le style que je recherche. J'ai
aussi travaillé sur Toulouse avec Clem, batteur des Banyans, qui m'accompagne à
la batterie sur ce projet, et Otam, beatmaker, mon autre acolyte. Sans oublier
Jay, ancien guitariste des Banyans, qui est notre manager et tourneur.
Pourquoi ce titre d’Essence Of
Life ?
J'avais envie de parler de cette essence
si puissante et si belle qui vit en nous tous, cette énergie qui nous réunit,
sans question de religion, de race ou de sexe. On peut y voir une notion
scientifique ou spirituelle. Cet amour existe partout et en chacun de nous. De
plus, avec ce projet, je reviens vraiment à mon essence. J'ai eu envie de
retrouver l’adolescent qui écrivait des textes en français, qui ne se limitait
pas à un style, qui écoutait simplement son cœur, sans se préoccuper du jugement
des autres…
Quel est le fil conducteur des sept titres qui le composent ?
Je dirais que c'est l'amour et le
respect de soi, la connaissance et la confiance en soi, pour pouvoir connaître
et aimer les autres ; on peut retrouver ça dans chaque morceau. Musicalement,
il y a une base hip hop, parfois électro, mélangé au reggae. Le dernier morceau
est en acoustique, pour finir sur une note plus intimiste.
Avais-tu en tête dès le départ de faire un album court ?
En fait, je suis monté sur Paris pour
mettre quelques compositions en place, sans même l'idée de sortir un mini-album.
On pensait juste à un ou deux singles… Finalement, après quelques sessions, il
y avait de quoi faire un EP. On aurait pu en mettre plus, mais on a préféré
garder les titres les plus représentatifs pour découvrir mon univers…
Premier clip avec « Quoi de Plus Beau », comment s’est
fait le choix du morceau ?
Je souhaitais sortir
d’abord un titre qui rassemble les gens, en français, car presque personne ne
m'a entendu chanter en français auparavant ! Pour bien marquer la différence avec
les Banyans, c’est le bon premier extrait. Le second clip, « Essence Of
Life », est sorti le 28 avril.
As-tu déjà un album en préparation ?
On travaille beaucoup, avec Clem et
Otam, pour défendre le projet en live à trois. On sera au Nouveau Casino à
Paris, le 19 mai, soir de la sortie, puis au Rototom Sunsplash, Reggae Sun Ska,
Zion Garden, ainsi que plein d'autres dates cet été… Le prochain album est en
préparation, avec de belles collaborations prévues. Nous testons actuellement de
nouvelles compositions en live, pour ne garder que les meilleures !
Que se passe-t-il du côté des Banyans ?
Nous avons récemment pris la décision
d’arrêter le groupe. Ça a été
un choix long et douloureux, mais réfléchi. Nous sommes tous partis dans différents
projets après le second album. Nous avions besoin d'air frais et, maintenant,
nos projets nous prennent trop de temps pour continuer le groupe. Nous tenons à
remercier tous les gens qui nous ont soutenus, autant le public que les
professionnels. Nous n’oublierons jamais cette aventure. Tout ce que l'on a
semé est loin d'être perdu et va nous accompagner pour la suite. Nous
continuerons à partager le même message, la même vibe, avec nos nouveaux
projets respectifs. Comme le dit Monsieur Marley : « When one door is closed, many more is open… ».
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #54 - juin/juillet 2017)
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