Depuis
plus de dix ans, c’est avec persévérance que Sylem s’est fait une place dans le
reggae. Avec Soldjah, l’artiste amorce en
parallèle une carrière solo riche en bonnes vibrations.
Retour sur son parcours, de la
Martinique aux Bermudes en passant par la France, de l’école des sound systems
à Soldjah en passant par les Positiv Young Lion…
Ton
pseudonyme « Sylem » a-t-il une signification particulière ?
« Sylem » vient d'un ancien de
ma commune, Le Robert, en Martinique. Il était ce qu'on appelle chez nous
un « majo dans ladja », quelqu'un de très respecté dans
la danse traditionnelle antillaise. On pourrait comparer cela à la
capoeira brésilienne.
Comment
as-tu commencé à faire du reggae ?
A cette époque, on en écoutait beaucoup
sur des cassettes qui venaient de Sainte Lucie, l’île voisine. Le rythme m'a
conquis et ne m'a jamais lâché depuis ! On s'entraînait dans les rues et on
montrait ce qu'on savait faire au lycée. On trouvait déjà des talents comme
certains membres des Neg Ki Pa Ka Fè La Fèt', Man Tuff, Apach ou Mr Wally.
Quelques mots sur ton sound system Arawak ?
C’est le premier sound system avec
lequel j'ai tourné et fait mes armes face à un public. C'était le sound system
numéro 1 à Nantes, de 1998 à 2000. On a inspiré d’autres sound à éclore
parce qu'on a amené une vibe qui manquait dans la région, la vibe caribéenne.
Avec l’efficacité de mon sélecteur Djul Mandika, on a écumé tout l'ouest de la
France du nord au sud !
Tu
as ensuite intégré Positiv Young Lion aux côtés de Torody et General Lion.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
A l'époque où j'étais avec Arawak,
Torody et moi on se connaissait déjà, on était ami. Je connaissais General Lion
de loin. Il jouait avec un autre sound de la région, nos crews se respectaient.
Il y a eu cassure de mon côté avec mon selecta. General et Torody se sont
rapprochés et ont formé leur propre sound, déjà appelé Postiv Young Lion.
J'étais en solo et ils m'ont proposé de les rejoindre, ce que j’ai fait !
En 2007 est sorti le premier album de Positiv Young Lion Fo Nou Rassemblé. Que peux-tu en dire aujourd'hui ?
Franchement le produit est de bonne
qualité. Je le réécoute parfois et j'aime bien le travail. A chaque morceau, ce
sont des souvenirs qui reviennent. Ca a été beaucoup de sacrifices au niveau de
la famille, l’argent, le temps et les voyages entre Nantes et Paris. Tout
l'album a été réalisé avec la grâce de Jah et sa bénédiction. A chaque fois
qu'il y avait un début de galère, Jah résolvait le problème pour nous ! Je
remercie Jah, c'était une vraie aventure. Ca nous a pris 3 ans à tout faire en
ghetto youths !
Tu te consacres actuellement à ta carrière solo. Fais-tu toujours partie de Positiv Young Lion ?
Positiv Young Lion et moi, c'est for life ! Je me concentre sur mon parcours solo
parce que je suis aux Bermudes depuis 4 ans donc c'est une chose qui devenait
inévitable vu la distance, mais on a toujours des projets ensemble. D'ailleurs
je reviens en France cette année et ça va être fumant !
Comment présenterais-tu ton premier street album Soldjah sorti il y a quelques mois ?
Cet album représente tous les aspects du
reggae que j'aime et c'est mon premier projet perso : une réunion
d'énergie et d’amour. Je tiens à remercier tous ceux qui y ont participé :
des artistes à la conception des images, riddims, mixage,
mastering, distribution ; et ma famille bien sûr, sans eux rien
n'aurait été possible. "No man is an island no man stand alone" !
Comment
se sont noués les featuring qu'on retrouve sur l'album ?
Ce sont des personnes que j'apprécie
pour leur simplicité et leur gentillesse, et ce sont tous des artistes de
talent. J'aime bien les featuring, c'est une combinaison d'énergie où chacun
doit pousser l'autre à faire mieux. Tous ont vraiment donné le meilleur
d’eux-mêmes et je les en remercie ! Dany Dan fait partie de ceux qui me
produisent, la collaboration était évidente, d'autant plus que c'est une figure
importante du rap. Nazareken, artiste de talent qui chante depuis qu'il est né…
Yeahman C, pur singjay quelque soit le dub... Et je citerai Little D Lion, les
bermudiens Princess Black et Live Wires, un des membres du crew de Collie
Buddz, Roach Killa, et quelques autres dont Younggy, un vrai talent aussi.
Ceux que je ne cite pas ne sont sûrement pas moindres, je considère chacun
d’eux comme de vrais frères. Pour les riddims, c’était à la vibe, j'ai vraiment
utilisé ce qui était à ma portée : quelques jamaïcains, du lourd local et
un riddim d'un des membres de Dub Inc.
Tu
transmets par ta musique un message rasta, que peux-tu en dire ?
Pour moi, Rastafari, c'est la vie.
C'est-à-dire l'esprit divin qui vit en chacun de nous et on se doit de faire de
notre mieux pour la lumière de Jah. Vivre et éclairer d'autres plutôt que de
laisser les tentations tellement faciles s'emparer de nous. On se trouve face à
un défi : peut-on réussir à se préserver dans ce monde
de malades qui nous entoure ? La réponse est oui, avec les
enseignements de King Hailé Selassie I. C'est un vrai exemple qui s'offre
à nous pour mener une vie saine. J'essaie de mettre ça en musique et d'appeler
la voix intérieure de chacun qui nous montre ce qui est juste. Beaucoup ont
besoin qu'on leur rappelle ces évidences comme apprécier la vie, arrêter de se
plaindre pour rien, prendre conscience de ce qui s'offre à nous et qu'on a la
possibilité de réaliser tout ce qu'on veut à partir du moment où on arrête de
se limiter. Notre histoire en tant que Noirs est ainsi faite que nous devons
réapprendre à avoir confiance en nous et reprendre le contrôle de nos vies.
Tu
vis aujourd'hui aux Bermudes, quels sont tes projets à venir ?
J'annonce mon retour en France très
bientôt, donc j'espère des concerts. Un gros one
riddim bermudien sur le feu, Bagay' Cho. Je n’en
dis pas trop en espérant réaliser le plus, avec la grâce !
Que
penses-tu de la scène reggae actuelle ?
Lorsque je suis revenu en France en
2010, j'ai eu l'occasion de rencontrer Sista Jahan dont j'aime bien la
vibes. Pour les nouveaux, étant éloigné, je suis un peu perdu, donc
je parlerai de ceux que je connais notamment Younggy D, talentueux. J'aime
écouter mes frères Man Tuff et Yeahman C. Et sinon les fondations : big up
Straika, Tiwony, Guy Al MC, Admiral T, Positiv Young Lion…
Quel
message as-tu envie de transmettre aux lecteurs de Reggae Vibes ?
More Love More Life More Strength Fi
Di People Dem! Et bien sûr un
big up à Reggae Vibes qui permet de montrer ce que font les artistes. Blessed Love! Give Thanks And Isis!
Soldjah (CD autoproduit)
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #17 - avril/mai 2011)
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