Avec
son équipe Green & Fresh et le label Irie Ites, Yellam présente son nouvel
album, The Musical Train, enregistré
en Jamaïque en compagnie des vétérans Roots Radics. Deux années ont été
nécessaires pour finaliser le projet. Rencontre avec le chanteur, à quelques
jours de sa sortie.
The Musical Train sort le 21
octobre. Qu’as-tu envie de dire sur ce nouvel album ?
C’est
le fruit d’un long travail qui s’est étalé sur deux ans, à partir de mon
second voyage en Jamaïque, en 2014. Je suis content qu’il sorte enfin et que
les gens puissent l’écouter, qu’ils puissent voyager dans l’univers de The Musical Train avec nous. Il y a une
sorte d’excitation pour la sortie et aussi une grande envie de monter sur
scène !
Qu’est-ce
qui t’a inspiré pendant l’écriture et la composition des morceaux ?
Pour cet album, étant en Jamaïque, j’ai
dû composer en studio avec les Roots Radics. J’étais venu avec certains thèmes,
certains textes, et, au final, il y a des chansons que j’ai écrites avec
l’instrumentale, dont « Heaven’s Door », quand je suis revenu en France,
lorsque j’ai appris la mort de Style… [Lincoln
« Style » Scott, l’un des trois fondateurs du groupe, ndlr] Il
est présent sur pratiquement tous les morceaux et je voulais qu’il y en ait un qui
lui soit dédié. D’ailleurs, nous travaillons sur le clip, qui sera une sorte de
dessin animé où nous le faisons revivre. Il y a aussi des thèmes qui sont liés
dans cet album, notamment les chansons d’amour, « Sweet So » et
« Let’s Move On ». La première parle d’un début de relation, la
seconde de la séparation et du fait qu’il faut aller de l’avant…
Toutes
les chansons n’ont donc pas été écrites en Jamaïque ?
Certaines, mais pas toutes. Il devait y
avoir 30% de chansons déjà écrites et le reste s’est fait sur place ou après. Je
suis souvent inspiré par le travail en live avec les musiciens, je trouve que
c’est la meilleure manière de composer un morceau.
Cet
album s’avère bien plus roots que Turn Up
The Sound, même si on y retrouve des touches très actuelles. Comment
expliques-tu cette évolution ?
Jericho d’Irie Ites écoute pas mal de
roots et ça m’attire aussi beaucoup, parce qu’il y a des influences américaines
au niveau de la soul dans les tunes reggae des années 60-70. Tendre vers ça m’a
permis de laisser beaucoup plus d’espace à ma voix, d’être moins dans le débit parfois.
C’est ce que j’ai envie d’explorer en ce moment, être plus dans les envolées et
travailler les mélodies. Ce côté roots a aussi été apporté par les musiciens,
les Roots Radics et les Tamlins aux chœurs. Il est question que je parte à
New-York, un show est prévu là-bas. Il y a des producteurs qui mélangent de la
soul avec du reggae, j’aimerais bien aller y travailler pour les projets futurs.
Les
enregistrements ont eu lieu lors de ton second voyage en Jamaïque, fin 2014, avec
les Roots Radics au mythique studio Harry J. Quels souvenirs en gardes-tu ?
C’était
un peu comme dans un rêve, parce qu’au départ j’avais vu ces artistes dans des
documentaires ou des vidéos de session. Je n’ai pas réalisé ce que je vivais
sur le moment ! C’est quand j’en parle que je me rends compte que j’ai eu
beaucoup de chance. La rencontre avec Style m’a vraiment marqué. C’est le
musicien dont j’étais le plus proche et avec qui je passais du temps en dehors
du studio. On a énormément parlé et il devait même venir jouer en France. Style
avait un vrai côté humain et c’était quelqu’un de talentueux, qui a été à la
base de la création du rub-a-dub quand même ! Il a été moins médiatisé que
Sly, mais ça reste l’un des meilleurs batteurs rub-a-dub/reggae. Je tenais à ce
qu’il y ait un côté assez humain dans toutes les collaborations de l’album, que
ce soit les musiciens ou les chanteurs.
Les
featurings ont-ils été enregistrés à ce moment-là en Jamaïque ?
Pas tous. Les featurings avec Perfect et
Skarra Mucci ont été enregistrés en France au studio d’Irie Ites ; celui
avec U Brown et Trinity s’est fait au studio Mixing Lab à Kingston, un jour
avant que je reparte ; et celui avec Sizzla à Judgement Yard…
Comment
ça s’est passé avec Sizzla ?
Lors de mon premier voyage en Jamaïque,
en 2013, je voulais découvrir Judgement Yard et rencontrer Sizzla. Je l’ai
rencontré le deuxième jour. Je lui ai fait écouter quelques trucs et il m’a dit
qu’on ferait un morceau ensemble, sans histoire d’argent ou autre. Je suis
reparti sans le featuring mais, lors du voyage suivant, j’y suis retourné avec
Jericho et nous l’avons fait pendant la deuxième semaine de mon séjour. J’ai
passé énormément de temps là-bas, à discuter avec les gars du crew. Ils me
mettaient aussi au test de chanter devant tout le monde, à la manière jamaïcaine.
Pas le choix, il fallait que je sorte ce que j’avais dans le ventre ! Je
n’oublierai jamais ma rencontre avec Sizzla et cette session avec lui. Nous
avons pris le temps d’écrire, juste à côté du studio, et après je suis allé
enregistrer ma voix, puis ça a été son tour. De l’avoir fréquenté au jour le
jour, j’ai pu voir comment il était et comment il était perçu par les gens. Il
a vraiment ce côté enseignant, un vrai teacher ! Il est très cultivé et
vraiment impliqué dans sa communauté.
Que
raconte le morceau que vous partagez, « Fruit Of Life » ?
C’est un riddim de Willy William, qui
faisait partie du crew d’Irie Ites au départ. Je voulais écrire une chanson sur
ce que je pouvais ressentir pour la musique. Nous racontons notre expérience et
ce que représente la musique à nos yeux.
Bientôt
une décennie que tu fais de la musique ! Quel regard portes-tu sur ton
parcours ?
Il s’est passé pas mal de choses, mais
je suis un rêveur et j’ai toujours des rêves ! Je suis très content du
développement que nous avons eu avec mon équipe. Nous sommes restés soudés
depuis dix ans. Ce sont des musiciens et, avant tout, des amis. Nous avons réussi
à nous professionnaliser et, aujourd’hui, nous réalisons aussi des clips pour
d’autres personnes. Nous essayons vraiment de développer quelque chose de
solide autour de ce projet. Notre souhait est de développer tout ça à
l’international si possible.
Comment
va se passer la sortie de The Musical
Train, selon toi ?
Je n’en ai aucune idée ! (rires) Nous sommes tous très concentrés
là-dessus en ce moment. The Musical Train
sera disponible en CD, téléchargement et vinyle (en édition limitée) à partir
du 21 octobre. J’aimerais qu’il soit écouté par le plus grand nombre et que les
retours soient positifs ou négatifs, mais constructifs ! La grosse date à
retenir sera le 31 janvier à Paris au Petit Bain, où nous allons inviter à nos
côtés des artistes de la nouvelle et de l’ancienne génération. Soyez là !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #51 - décembre 2016/janvier 2017)
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