Pensiez-vous que l’aventure Chinese Man
Records pourrait durer aussi longtemps ?
Frédéric
Maigne : Pas vraiment... C’est l'idée de faire vivre des projets
multi-artistiques qui a fait naître le collectif. Le premier, initié par les
trois membres de Chinese Man, a été de sortir un vinyle à 500 exemplaires vendu
de main en main, en 2004.
Sly
(Chinese Man) : On ne peut pas dire que l'objectif à ce moment-là était de
créer ce que CMR est devenu aujourd'hui. Mais le succès rencontré par le groupe
et les opportunités ont fait que nous avons pu professionnaliser la structure.
Quel souvenir gardez-vous de la création
du label ? Est-ce que ça avait été facile pour vous à l’époque ?
F. M. :
Le label s'est créé sous la forme d'un collectif et pas d'un pur label de
musique. Les choses ont beaucoup évolué au fil des années, pour passer d'un
projet entre potes assez « artisanal » au label/tourneur qu'il est devenu.
High
Ku (Chinese Man) : A l'origine du collectif, avec Matteo et Sly, nous nous
sommes attelés à sortir notre premier projet, Pandi Groove. Notre but était de sortir un vinyle pour pouvoir le
jouer en soirée. En fait, il a suffit de réunir assez d'argent pour presser 500
exemplaires !
F. M. :
En parallèle, le collectif s'est assez vite lancé dans la production vidéo avec
les deux premiers clips de l’album. Les trois événements marquants de la
première année sont la sortie du vinyle Pandi
Groove, le tournage du premier clip et la première soirée à Marseille Pandi Night en 2005.
Quels ont été les projets qui ont suivis ?
Les premiers artistes avec lesquels vous avez travaillé ?
F. M. :
Entre 2004 et 2007, il y a eu trois vinyles de Chinese Man, qui ont été réunis sur
le premier CD sorti en 2007, The Groove
Sessions Vol.1. Les titres étaient alors composés uniquement par les trois
membres de Chinese Man. Dès 2009 et la sortie du second volume des Groove Sessions, les premiers featurings
apparaissent et certains titres sont également produits par des artistes du collectif
de la première heure, comme Leo Le Bug, par exemple.
Matteo
(Chinese Man) : Nos premiers featurings viennent tous de la Bay Area, des
rencontres faites lors d’un des premiers voyages fondateurs du collectif, en
2006, à San Francisco. Nous avons rencontré Mophono et Philip Drummond, tous deux
producteurs et DJ, qui nous ont présentés pas mal de MCs issus de la scène des
battles hip-hop : Cyph4, Plex, Lush One… Ce sont aussi les premiers MCs
américains qui sont venus avec nous en tournée quelques années plus tard, quand
nous avons commencé à faire de grosses scènes.
Quels ont été les grands moments du label
au cours de ces quinze années ?
F. M. :
C'est difficile de choisir quelques moments, parce qu'on commence à avoir fait
pas mal de trucs en quinze ans ! Le premier concert live en 2009 à
l'Affranchi à Marseille, la première date en tourbus et la rencontre avec de
grands artistes que tu as écouté toute ta vie et qui se retrouvent à côté de toi
en backstage, les premiers grands festivals (Solidays, Francofolies,
Garorock...), certaines tournées à l'étranger, les concerts en Zénith, notamment
le 10 Years Tour avec Deluxe… Chaque
rencontre artistique a été réellement marquante, avec Taiwan MC, puis
Youthstar, Scratch Bandits Crew, Tumi, et plus récemment Baja Frequencia ou
ASM…
H.
K. (Chinese Man) : Forcément, nous avons de supers souvenirs de festivals,
de rencontres, de tournées à l'étranger… Faire des morceaux avec Chali 2na
(Jurassic 5) ou Johnny Osbourne, partager la scène avec Method Man et le voir
faire un concert entier avec un t-shirt Chinese Man, partir en tournée en Asie
ou en Amérique du Sud tous ensemble…
Y a-t-il eu des périodes plus
difficiles ?
F. M. :
Pas vraiment... Tous les projets n'ont pas abouti et certaines périodes sont
moins roses, mais ça fait partie du jeu. L'ambition du projet CMR a toujours
été raisonnable et raisonné, ça nous a permis de grandir à une vitesse gérable
et de minimiser les erreurs. Parallèlement, pour faire tourner le label, gérer
quotidiennement l'équipe qui s'est beaucoup agrandie et développer tous les
projets des artistes et notre modèle 360°, cela nécessite d'y passer beaucoup
de temps, d'y mettre beaucoup d'énergie et d'avoir une équipe motivée, passionnée
et super investie... C'est le cas et c'est aussi ce qui fait avancer le
projet !
Pour fêter cet anniversaire, une tournée
est prévue en mars/avril prochain intitulé The
Groove Sessions Live, qui suivra la sortie de The Groove Sessions Vol.5 en février, réalisé par Chinese Man, Baja
Frequencia et Scratch Bandits Crew. Que prévoyez-vous pour le show ?
Sly
(Chinese Man) : Les morceaux du GS5 seront le fil rouge de ce nouveau show
et seront interprétés par les trois groupes réunis sur scène, accompagnés de
Youthstar et Miscellaneous. Nous jouerons également les classiques de chacun
pour marquer nos quinze ans. Évidemment, la vidéo aura une place importante
dans le show avec une toute nouvelle scénographie !
Que trouvera-t-on sur ce nouvel
album ?
H.
K. (Chinese Man) : En février dernier, nous nous sommes exilés pendant quinze
jours entre les Cévennes et la Lozère. L'idée était de mélanger les styles et
les inspirations de chacun en privilégiant la spontanéité des productions. On
pourra sentir l'énergie tropicale de Baja Frequencia, la technique et le
savoir-faire aux platines de Scratch Bandits Crew et le côté mélodique de
Chinese Man. La plupart des MCs les plus proches du label ont aussi été invités
à participer à ce nouvel album.
Comment imaginez-vous les quinze
prochaines années de Chinese Man Records ? Quels sont vos souhaits ?
M.
(Chinese Man) : L'idéal serait que le label évolue comme il a évolué ces quinze
dernières années, lentement mais sûrement, en gardant une dimension humaine et
notre façon de faire.
F. M. :
Globalement, nous essayons de faire évoluer la structure en nous appuyant sur
l'équipe du label, sur tous les talents qui entourent chaque groupe, et en
développant nos points forts. Nous avons envie de sortir plus de choses, mais
de le faire bien, et de continuer à développer la partie booking. Beaucoup de
projets sont en cours avec ASM, Taiwan MC, Baja Frequencia, Youthstar, Rumble,
Matteo, et des surprises aussi… On ne va pas s’ennuyer pour fêter les quinze
ans du label !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine n°69 - décembre 2019/janvier-février 2020)