Parmi
les artistes incontournables de la scène française, on ne présente plus Straika
D, dont les débuts remontent à 1991 en Martinique. Après bon nombre de singles,
de participation à des one riddims et des concerts incessants, Straika D vient
de sortir Cœur de Feu, un nouvel
album à écouter d’urgence, disponible sur toutes les plateformes de
téléchargement. La flamme continue de brûler.
Voilà
déjà plus de vingt-cinq ans que tu fais du reggae ! Que penses-tu de ton
parcours ?
J’en suis plutôt satisfait. J’ai
commencé assez jeune et je me rends compte qu’au fur à mesure j’ai avancé et
progressé dans mon art. Je suis vraiment très satisfait de mon parcours dans
l’ensemble.
Quels
sont les souvenirs les plus marquants qui te viennent à l’esprit ?
Déjà, toute la période où j’ai débuté,
en Martinique, les rencontres avec les pionniers du mouvement, comme MC Janik,
Metal Sound… Je me souviens notamment d’un freestyle de Daddy Yod et MC Solaar
alors que j’étais animateur radio ! Ce sont toutes ces rencontres-là qui
m’ont donné envie de prendre ce chemin. Les sorties d’albums ont aussi été des
moments marquants, comme celle de mon premier album Free D.O.M., en 2004… La première fois qu’un de mes morceaux est
apparu sur une compilation, c’était en 1993 ! La musique m’a emmené assez
loin. J’ai eu la chance de chanter en Afrique, notamment en Ethiopie, en
Ouganda, au Sénégal… Ça fait
partie des grands moments aussi.
As-tu
une idée du nombre de chansons que tu as écrit depuis ?
Entre celles qui sont sorties et celles
qui ne sont pas sorties, ça en fait tellement ! Plusieurs centaines, je dirais…
J’ai écrit ma première chanson vers l’âge de 12 ans.
Ton
nouvel album, Cœur de Feu, vient de
sortir le 22 mai. Ce ne serait donc que ton deuxième album ?
Oui, on peut dire que c’est mon deuxième
album solo, dans le sens où il a été travaillé avec un seul compositeur et
pensé en tant qu’album. Je considère Hits
2 Hts comme un album, même si c’était une compilation de titres qui étaient
déjà sortis en single avec quelques inédits. Sinon, il y a eu celui avec
Matinda et Yaniss Odua, High Tunes.
Pourquoi
s’est-il passé autant de temps entre Free
D.O.M. et ce nouvel album ?
Etant donné que je suis assez productif
en matière de singles et de mixtapes, je n’ai pas vraiment ressenti le besoin
de me concentrer sur un projet perso avant, en fait. Au bout d’un moment vient
l’envie de présenter quelque chose de différent. Travailler avec un seul
compositeur sur douze titres permet aussi de pouvoir mettre en place un show
live cohérent qui plaise au public.
Qui
a composé les instrumentales ?
Hervé Castelnau, un compositeur de La
Réunion que j’ai rencontré il y a trois ans. C’est à ce moment-là que nous
avons commencé à travailler sur l’album.
Au
niveau des textes, quelles ont été tes sources d’inspiration ?
C’est un album un peu plus intimiste, où
j’en dis davantage sur moi, où je parle de ce que j’ai vu et vécu… Par exemple,
« I Love You » est une chanson que j’ai écrite pour mon fils. C’est
un peu un cahier d’expériences vécues ces dernières années que je souhaite
partager avec les gens. J’ai, en quelque sorte, voulu les exprimer en les
posant sur la table et en leur donnant vie par la musique. Les enregistrements
des voix ont eu lieu sur Paris, au Studio Tell Them, étalés sur deux à trois
ans.
Pourquoi
ce titre de Cœur de Feu ?
Cœur
de Feu, parce que le reggae est une musique caribéenne, qui vient du cœur
et du soleil. C’est une référence au soleil et à tout ce qu’il représente.
On
retrouve des sons roots, du dancehall, du français, du créole… As-tu toujours
autant envie de toucher à toute la diversité qui existe dans le reggae ?
Oui, ça me permet d’explorer et je ne
vois pas me limiter à un seul style. Le reggae est mon univers mais j’ai
toujours aimé le hip-hop aussi. Je fais les choses comme elles me viennent,
naturellement…
Quelle
évolution constates-tu entre Free D.O.M.
et Cœur de Feu ?
C’est différent car la réalisation de
l’album Free D.O.M. a été une école
pour moi. C’est Tyrone Downie des Wailers qui avait réalisé cet album. Tout ce
que j’ai appris, et le temps de mûrir tout ça, j’ai essayé de le mettre en
pratique sur Cœur de Feu.
Plusieurs
clips sont déjà sortis…
Oui, le premier a été « Nos
Rêves », ensuite « Cratère » et « Ça vaut de l’or ». D’autres ont été tournés mais pas
encore diffusés…
Sur
quoi travailles-tu en ce moment ?
Je bosse sur de la production, je
compose des riddims et enregistre des artistes. Il y a quelques sons qui vont
sortir sur mon label Straikadisk prochainement. Je ne peux pas dire quand, mais
ça avance !
Que
penses-tu de l’évolution du reggae depuis que tu en écoutes ?
C’est une musique qui sait se renouveler
et garder ses bases également. Il y a toujours une scène très vivante, aussi
bien roots que dancehall. C’est un mouvement en perpétuelle progression, c’est
ce qui le rend intéressant.
Et
que penses-tu du public reggae ?
Je vois de plus en plus de supporters de
la scène reggae, de plus en plus de festivals… Même si ce n’est pas une musique
mainstream, il y a toujours des gens
pour la soutenir, un phénomène de transmission existe… Il ne s’épuise pas et c’est plutôt motivant. Big up à
vous !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #56 - octobre/novembre 2017)