Après Land
Of The Free sorti
en 2012, Martin Zobel et son Soulrise Band sont de retour avec un nouvel album,
intitulé Keep Planting Seeds, empli d’espoir et de bonnes vibrations roots reggae. Interview avec Martin Zobel pour en
savoir un peu plus sur ce nouvel opus, et aussi
l’histoire et l’esprit de Soulrise…
Quand
est né le groupe Martin Zobel & Soulrise Band ?
J’ai
vraiment commencé à faire de la musique et à donner de petits concerts en 2004.
Juste moi et ma guitare, et ça a duré comme ça pendant plusieurs années. Je
n’avais pas du tout prévu de devenir musicien ! Je jouais juste mes
chansons de temps en temps et, à un moment, un autre groupe, qui était en
pleine tournée, m’a vu et m’a demandé si je voulais faire leur première partie
sur toutes leurs dates. J’ai dit oui et je suis parti en tournée avec eux.
Quand les promoteurs demandaient comment m’annoncer, on utilisait juste mon
vrai nom, parce que je ne pensais pas que cela comptait. Les gens ont commencé
à me connaître, j’ai fait encore plus de concerts et il était trop tard pour
trouver un nom d’artiste. Voilà pourquoi j’utilise encore mon vrai nom
aujourd’hui !
J’ai
rencontré des musiciens sur la route et, quand nous avons décidé de former un
groupe, Soulrise est né. Mais ça avait peu à voir avec le Soulrise Band
d’aujourd’hui. Ce n’était pas vraiment reggae, c’était plus un chanteur avec
une touche de reggae. Les premiers membres du groupe, qui en font toujours
partie aujourd’hui, l’ont rejoint en 2007 et, à partir de là, le projet a
évolué. Nous nous sommes alors plongés profondément dans le reggae. La majeure
partie du groupe n’a pas changé depuis 2011. C’est devenu ma seconde
famille !
Qui
sont les musiciens du Soulrise Band ?
Le Soulrise
Band est un groupe très spécial : chacun des membres est extrêmement
talentueux ! Ce sont des musiciens extraordinaires, qui aiment le travail
fait à la main, le roots reggae music analogique ! Et, au-delà de ça, ce
sont des personnes formidables, comme je l’ai dit, ma seconde famille. Je suis extrêmement
reconnaissant d’en faire partie.
A la
batterie, nous avons aDUBta, aka 3in1, un batteur exceptionnel ! Je n’en
connais pas d’autres en Allemagne qui puisse jouer du roots comme lui !
Nous avons l’habitude de l’appeler aDUBta, mais le premier jour où nous étions
au studio pour enregistrer Land Of The
Free, Fully l’a appelé 3in1, parce qu’il a dit que aDUBta joue comme trois
de ces batteurs préférés à lui tout seul (Santa Davis, Sly Dunbar et
Horsemouth) !
A la basse, pendant
toutes ces années, nous avons eu Dublex, avec là aussi, un maximum de vibrations.
Même les grands du genre, comme Aston Family Man Barrett et Fully Fullwood, le
félicitaient ! Malheureusement, en novembre de l’année dernière, Dublex
nous a soudainement quittés, à l’âge de 33 ans… et il a laissé un vide profond
dans le groupe. C’est aussi pour cette raison que, sur le nouvel album, Fully
Fullwood a pris la basse à la place de Dublex… Maintenant, notre nouveau bassiste
est une fille, Sumalee. Elle est très petite – à peu près la taille d’un Ampeg
8x10 (rires) – et toute fine, mais sa
basse est énorme ! Tu devrais la voir et l’entendre, tu n’en reviendrais
pas !
A l’orgue,
clavinet et mélodica, nous avons Andy Haslacher, le dernier à avoir rejoint le
groupe. Il a un super feeling avec le son et les instruments. Il écoute
toujours très attentivement ce qu’il se passe musicalement dans le groupe et y
répond instantanément. C’est ce que j’aime chez lui.
Au piano,
synthé et chœurs, nous avons Jan Geuer, qui est un génie ! En fait, c’est
un bassiste, mais c’est aussi un chanteur d’enfer. Il a commencé dans le
Soulrise Band comme choriste. Au bout d’un moment, nous avions besoin d’un
second clavier et, comme il a plusieurs cordes à son arc, nous lui avons demandé
s’il pouvait en jouer. Il a dit quelque chose comme « oui, je pense que je peux apprendre », et maintenant, il
assure grave ! Je suis sûr que si on lui demandait de réparer une voiture
en même temps que de donner un concert, il pourrait le faire ! (rires)
Egalement
aux chœurs, nous avons Jennifer Washington. Jenny est une chanteuse incroyable.
Je pense que c’est une des plus grandes artistes reggae féminines que
l’Allemagne a à offrir. Reggaeville a même écrit qu’elle faisait partie des
meilleures artistes féminines d’Europe actuellement ! Je suis très honorée
qu’elle soit dans le groupe !
Le dernier,
mais non des moindres, Daniel Rickler, à la guitare lead. Ce mec a quitté
l’école quand il avait 16 ans pour étudier la guitare. Je pense que depuis, il
n’a fait que ça ! Vous pouvez penser que j’exagère, mais pourtant non. Selon
moi, et je suis sûr que beaucoup seraient d’accord, c’est le meilleur
guitariste de roots reggae que nous avons en Allemagne en ce moment !
Donc, tu
vois, je suis très fier de mon groupe, mais il y a de bonnes raisons !
Votre
musique est vraiment roots reggae. Quels sont les artistes qui vous ont
influencés ?
Probablement
trop pour les citer tous ici ! En dehors des évidents Bob Marley, Peter
Tosh… je dirais The Gladiators, The Abyssinians, Culture, Max Romeo… pour en
nommer quelques-uns. Ce qui nous influence essentiellement est le son
chaleureux et naturel de ces enregistrements. On peut entendre ce qu’il se
passe dans la musique. Il y a des musiciens qui ont une certaine vibration quand
ils jouent ensemble. Comparé à aujourd’hui où on dit juste « faisons un nouveau riddim », c’est
une autre mentalité. Je trouve que le reggae vintage est très rafraîchissant.
Votre
premier album ensemble a été One Future,
sorti en 2010, avec Irievibrations Records, c’est bien cela ?
Oui, c’est
en partie vrai. Il n’y avait que Daniel et Dublex qui faisaient déjà partie du
Soulrise Band, quand nous avons enregistré One
Future. C’était notre première expérience à jouer vraiment du reggae. Et
une approche complètement différente : nous avons enregistré tout piste
par piste et, parfois, nous avons fait plusieurs prises parce que nous voulions
que ce soit parfait. Tout était édité sur l’ordinateur. Au moment où il est
sorti, j’ai vraiment aimé. Mais après avoir goûté à l’expérience des sessions
d’enregistrement analogiques, en direct, et entendu le son que cela donnait,
j’étais totalement époustouflé par la différence !
Que
s’est-il passé pour le groupe depuis la sortie de Land Of The Free en 2012 ?
Land Of The Free a changé beaucoup de choses pour nous.
L’album a été numéro 1 des charts reggae allemands et, tout d’un coup, nous
avons été vus et appréciés par une bien plus large audience, pas uniquement en
Allemagne, mais aussi dans les autres pays d’Europe, et même aux Etats-Unis, en
Amérique Latine… Nous avons fait une tournée en Allemagne, Autriche et Suisse
et, l’hiver 2012, nous avons fait notre première tournée américaine, incluant
plusieurs émissions de radio, c’était super ! Au final, nous avons joué
dans les plus grands festivals, ici, en Allemagne, comme le Summerjam. Tout ça
a constitué un grand pas en avant pour nous.
Nous
avons commencé à travailler sur les chansons l’été 2013, avec une entière
pré-production faite dans mon studio, au sud de l’Allemagne. Ce studio, j’ai
commencé à le construire juste après les enregistrements de Land Of The Free. J’étais tellement
inspiré par le son analogique que je voulais qu’il soit le plus analogique possible.
Ainsi, l’Analogvibes studio dispose d’une console analogique et de beaucoup
d’effets qui ont été fabriqués dans les années 1960-70, et il a même une
machine à bandes. Nous nous y sommes
retrouvés un certain nombre de fois, nous avons jammé pendant 3-4 jours et nous
avons tout enregistré. Ensuite, nous avons écouté et choisi les idées que nous
aimions. Les enregistrements étaient prévus pour décembre 2013, donc nous nous
sommes vus un peu avant pour répéter les chansons que nous voulions sur l’album.
Ce
nouvel album a été enregistré dans un contexte inhabituel, le décès de votre
bassiste Dublex… Comment peux-tu résumer l’esprit et l’inspiration de cet
album ?
Comme
je l’ai dit, nous avons commencé à travailler sur l’album à l’été 2013. Au
printemps, la tumeur au cerveau de Dublex a été diagnostiquée. Je me souviens
encore quand tout a commencé, car nous avions un concert avec Groundation, en
Allemagne, la nuit juste avant l’intervention. Il était à l’hôpital tout l’été,
nous l’avons sorti de là une paire de fois sans que sa famille ne le sache. Lex
vivait pour la musique et ne pas pouvoir jouer de la basse le rendait
complètement fou. Une fois, nous l’avons sorti de l’hôpital et avons jammé dans
notre studio. Il nous répétait souvent que jouer de la musique avec nous
l’aider à garder la force de surmonter cette épreuve. Une autre fois, nous
l’avons sorti parce que nous étions programmé au Summerjam Festival et ça avait
toujours été le rêve de Dublex de jouer là, alors nous devions le faire !
Pour
revenir sur le nouvel album, pendant cette période, il m’appelait souvent en me
disant qu’il avait des idées pour l’album, mais il n’avait pas la possibilité
de les enregistrer. J’ai pris du matériel d’enregistrement portable, une basse
et ma guitare acoustique, j’ai roulé 150 km jusqu’à l’hôpital et nous avons
enregistré ses idées directement dans sa chambre. Nous les avons ensuite
utilisées et créé des chansons en fonction d’elles. Musicalement, on peut dire
qu’il y a un peu de Dublex dans cet album. Mais l’esprit et l’inspiration qu’il
a contribué à apporter à cet album va bien plus loin que ça. Il faut que tu
saches que Dublex est l’un des mecs les plus sympa que j’ai connu, mais il
était aussi celui qui nous rappelait toujours la chance que nous avions de
vivre ce que nous vivions, que nous vivions notre rêve et que nous avions
trouvé notre liberté dans la musique. Parce que lorsque nous jouons de la
musique et célébrons le roots reggae ensemble, nous pouvons oublier nos peurs,
nos peines, notre douleur. Là, si tu reprends ce que j’ai dit, tu as déjà le
titre de deux chansons ! Même si le titre de l’album est inspiré par Lex,
d’une certaine manière, nous avons traversé une période très difficile après sa
mort, mais nous voulons continuer de planter des graines !
Vous
avez enregistré les chansons exclusivement en session live analogique au
Fully’s Kitchen Studio de Fullwood. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Je
t’ai parlé de mon studio. Nous aurions pu enregistrer le nouvel album là, mais
nous avons décidé de retourner en Californie, pour plusieurs raisons :
1. Nous voulions encore travailler avec Fully, parce que c’est un génie de la musique ! Il était déjà devenu un vrai ami et un frère pendant que nous travaillions sur Land Of The Free. Depuis le début, il sait exactement comment ça doit sonner.
2. Au studio de Fully, c’est lui le producteur, nous sommes les musiciens, c’est donc lui qui prend les décisions. Si tu sais que tu peux faire confiance au mec qui décide, parce que tu sais qu’il sait exactement ce qu’il fait, c’est un grand avantage !
3. Nous n’étions pas dans notre environnement quotidien, ce qui nous permettait de nous concentrer complètement sur la musique, tu vois ce que je veux dire ?
4. En dehors de ça, travailler avec Fully signifie qu’il n’y aura qu’une seule prise, peut être une deuxième, mais c’est tout. Nous avons du nous y habituer, parce que les erreurs peuvent arriver. Particulièrement dans le reggae, il est question de vibrations et non de perfection. C’est ce que nous a enseigné Fully.
5. Et aussi, la Californie est très agréable ! Particulièrement en hiver, par rapport à l’Allemagne ! (rires)
1. Nous voulions encore travailler avec Fully, parce que c’est un génie de la musique ! Il était déjà devenu un vrai ami et un frère pendant que nous travaillions sur Land Of The Free. Depuis le début, il sait exactement comment ça doit sonner.
2. Au studio de Fully, c’est lui le producteur, nous sommes les musiciens, c’est donc lui qui prend les décisions. Si tu sais que tu peux faire confiance au mec qui décide, parce que tu sais qu’il sait exactement ce qu’il fait, c’est un grand avantage !
3. Nous n’étions pas dans notre environnement quotidien, ce qui nous permettait de nous concentrer complètement sur la musique, tu vois ce que je veux dire ?
4. En dehors de ça, travailler avec Fully signifie qu’il n’y aura qu’une seule prise, peut être une deuxième, mais c’est tout. Nous avons du nous y habituer, parce que les erreurs peuvent arriver. Particulièrement dans le reggae, il est question de vibrations et non de perfection. C’est ce que nous a enseigné Fully.
5. Et aussi, la Californie est très agréable ! Particulièrement en hiver, par rapport à l’Allemagne ! (rires)
L’EP 4 titres Inspiration, extrait de Keep
Planting Seeds, est disponible en téléchargement gratuit sur la Toile.
Est-ce un aperçu de l’album, en quelque sorte ?
Oui,
mais seulement deux chansons de l’EP sont sur l’album. Les deux autres sont
exclusivement disponibles sur l’EP. Après tout ce qui est arrivé, nous avons
été absents pendant un certain temps et, avec cet EP, nous voulions annoncer
notre retour, dire merci et offrir quelque chose de spécial à notre public. (http://www.soulrise.analogvibes.net/
/ https://soundcloud.com/reggaeville/sets/martin-zobel-soulrise-inspiration-ep)
Y a-t-il des concerts prévus en France et
en Europe prochainement ?
Tout
d’abord, nous allons faire une tournée en Allemagne, en Autriche et Suisse, en
février et mars 2015, et bien sûr, quelques festivals. J’espère que nous
donnerons aussi des concerts en France ! Les gens nous disent souvent que
nous devrions venir en France, parce que les massives français apprécient
vraiment le bon roots reggae. Bien sûr, nous aimerions venir, mais nous n’avons
pas encore de tourneur attitré là-bas…
Quels sont les projets pour les prochains
mois ?
Nous
allons à Paris ! (rires) Keep Planting Seeds est sorti dans
beaucoup de pays et il y a encore du travail à faire. Depuis le 17 novembre, le
disque est enfin disponible en France, et le 21 novembre arrive une édition
vinyl ultra limitée. Nous avons une tournée promotionnelle des radios à Paris,
du 26 novembre au 2 décembre, pour présenter Keep Planting Seeds au public français. Pour finir, nous travaillons
sur un nouveau set live pour 2015… et nous sommes aussi activement à la
recherche de partenaires booking afin de venir jouer en France !
Simba
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