Les cinq musiciens de Zenzile sont de retour avec un
nouvel album, Berlin, le dixième à
leur actif en presque vingt ans ! Inspiré du film de Walther Ruttmann de
1927, Berlin, La Symphonie d’une grande ville, ce nouvel opus est tiré de leur
seconde expérience de ciné-concert, quatre ans après Le Cabinet du Dr Caligari.
« Cette bande son est notre deuxième expérience de composition
pour un ciné-concert. Comme la première, il s'agit d'une proposition du
festival européen de premiers films Premiers Plans, à Angers. Berlin, La Symphonie d'une grande ville nous a été proposé par Xavier Massé,
administrateur du festival. C'est un film qui a une identité graphique forte,
un montage aux rythmes tantôt lents, tantôt rapides, et qui, de par son sujet,
le déroulement d'une journée à Berlin, offre une grande variété d'images, riches
en inspiration (le train qui file dans la campagne allemande avant
d'arriver en ville, les rues désertes qui se remplissent petit à petit de
travailleurs jusqu'à former un flot qui entre dans les usines, les chaînes de
montages automatisées qui se mettent en branle, la juxtaposition de l'opulence
et de la pauvreté…). Pour notre première expérience de ciné-concert, Le
Cabinet du Dr Caligari, nous avions voulu
nous mettre totalement au service du film, en jouant dos au public, peu
éclairés, afin que l'audience soit totalement plongée dans l'intrigue. Cette
fois-ci, nous cherchions un film nous permettant de créer une relation
différente. Berlin, par son absence de scénario, au sens narratif du terme,
permet au spectateur de naviguer entre l'écran et la scène, de se concentrer
sur le film ou sur les musiciens, sans perdre complètement le fil. Après l’avoir
visionné plusieurs fois sans sa musique originelle, ensemble et
individuellement, notre premier axe de recherche a été le krautrock, mouvement
musical allemand né à la fin des années 60, comme point de départ, et pas nécessairement
comme crédo immuable à tenir pour toute la musique à composer. Nous avons
ensuite jammé et développé les idées que chacun avait. Lorsque celles-ci étaient
assez nombreuses et suffisamment avancées, nous avons commencé à visualiser le
film, le découper en séquences, et y poser notre musique. Il y a évidemment une
recherche de correspondance entre la tonalité de l'action et la couleur
musicale, mais aussi une recherche de tempo par rapport au montage des images.
Le premier ciné-concert a eu lieu lors du festival Premiers Plans au Chabada d'Angers, en janvier 2014. Nous
l'avons ensuite joué en février à Vannes dans un multiplexe, en mai à Stéréolux
à Nantes, puis à Lille. L’accueil a été très
enthousiaste lors de ces quatre représentations ! Nous avons différents
retours du public : certains ne décrochent pas du film, d'autres font des
allers-retours entre l’écran et les musiciens, et d'autres sont plongés dans le
concert. C'est vraiment ce que nous avons cherché à créer : un dialogue
entre le film, le groupe et le public. Ensuite, l'idée était de faire un
album qui puisse s'écouter indépendamment du film. Nous avons donc adapté
certaines structures des morceaux, et, pour d'autres, ajouter des idées. Quelques
uns sont restés identiques, et seul un titre n'a pas trouvé sa place sur
l'album. Berlin est sorti le 27 octobre dernier, nous allons maintenant le
défendre sur scène ! »
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #39 - décembre 2014/janvier 2015)