jeudi 24 octobre 2013

Obidaya - Obidaya (Natural Prod)

Il existe encore des formations vocales, des trios, et même des quatuors sur notre territoire… Obidaya est là pour le confirmer, et de la meilleure des manières. Parler de leur musique comme de « spiritual roots reggae » est effectivement tout ce qu’il y a de plus approprié. Les onze membres d’Obidaya replongent dans les profondeurs du roots sans hésitation, dans le rythme comme dans les considérations plus prosaïques ou mystiques (« Never Cut Your Dreadlocks », « Hallelujah », « Cool », « Education »…). Le chant lead alterné entre les quatre voix, toujours soutenus par les chœurs bien placés et justement dosés, réjouissent les oreilles sans manquer de faire penser à quelques Meditations, Congos ou Abyssinians, d’autant plus que les thèmes et paroles se veulent d’une semblable inspiration. Obidaya parvient à s’approprier ce roots et à lui apporter son identité sur un album particulièrement soigné et étonnant de maturité. Cinq versions dub se sont glissées pour compléter la tracklist, « Have Faith » visité par Sonde et « Sweet Reggae Music » par Dubmatix. Cet album bat au rythme du cœur du début à la fin et fait du bien par son roots qui en a vraiment sous la semelle. Pour vous faire vraiment une idée de ce que mitonne ensemble les onze musiciens d’Obidaya, il ne reste qu’à vous procurer ce disque éponyme, dont le son paraît rester imperméable aux outrages du temps.

Simba

(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

lundi 21 octobre 2013

The Soul Sonics - Feelings (Innacity)

Encore un album tout droit sorti du studio et label Innacity Prod de Saint-Etienne ! Le premier opus de cette jeune formation nommée The Soul Sonics, née il y a à peine un an, mais dont chaque membre est loin d’être novice en la matière, porte le titre, à la fois simple et sensé, de Feelings. C’est bien tout ce que proposent ici Zeb McQueen et ses musiciens : émotions et vibrations, sonorités de l’âme, un son aussi roots que soul en quête de l’authentique. L’atmosphère est enivrante, les douze pistes s’appellent et se répondent naturellement, portant chacune un groove attachant et une touche de conscience. L’entrée se fait tout en douceur avec « Peace Of Mind » pour remonter à travers le temps en une heure à peine. Le jeu des instruments et cette voix intimiste nous font perdre les repères spatiaux comme temporels. « Feelings », « Try My Best », « Simplicity », « Things You Do »… Autant de morceaux où se mêlent la profondeur des mots et celle des mélodies. Avec ce premier album sous-titré « Hi-Fidelity Soul Reggae Music », The Soul Sonics réussissent parfaitement leur entrée dans le grand bain des charts. Feelings est un album à savourer sans modération.

Simba

(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

samedi 19 octobre 2013

Bouddha Sticks

Constamment sur la route comme sur la brèche, les Bouddha Sticks ne cessent de jongler entre studios et salles de concerts, accompagnant Pierpoljak, RIC ou Vagabon’. Ce dernier s’est ainsi alloué leurs services pour son troisième album, Sommes-Nous Libres ?, disponible dans les bacs en septembre. Rencontre avec le backing band normand du moment.

Comment ça va les Bouddha Sticks ?
Tout va bien ! On revient tout juste du Maroc où l’on a tourné quelques images pour notre prochain clip. Un pays formidable, l’accueil est fantastique et le reggae très apprécié. Sinon, notre activité principale consiste à sillonner la France en formation backing band pour Vagabon’, RIC et Pierpoljak. Une vraie vie de bohème !

Un nouvel album, Sommes-Nous Libres ?, vient de sortir et sera dans les bacs en septembre. Quand a eu lieu la rencontre entre Bouddha Sticks et Vagabon’ ?
Vincent (Vagabon’) est un ami de longue date et, après avoir mis le feu dans les sound systems et sur pas mal de scènes, il avait besoin d’un band pour faire la promotion de son premier album, en 2007. On vient du même endroit, la Haute Normandie, on se marre bien ensemble, la fusion était logique…

Quand et comment avez-vous commencé à travailler sur cet album ?
Pendant la première tournée, on jouait essentiellement des titres qu’il avait composés avec son ancien groupe, Gimme Di Band. Puis, nous avons testé des nouvelles compositions, directement sur scène. Comme ça fonctionnait plutôt bien et qu’on adore la nouveauté, on a créé un nouveau répertoire assez rapidement.
               
Comment se sont passés la composition et l’enregistrement ?
Vincent est arrivé avec ses textes, parfois quelques accords, et chacun est venu avec ses idées d’arrangements. On a fait le tri, peaufiné et, quand ça a pris forme, on a fait des maquettes. Pour l’enregistrement, on s’est posé chez nous, dans une maison à la campagne. Une copine nous a prêté tout le matériel nécessaire et on a fait ça à l’ancienne, sur magnéto, en une semaine. Bloqués par un mètre de neige et isolés du monde extérieur, on avait prévu tout ce qu’il fallait pour tenir un siège! Ensuite, on a amené les pistes au studio Wise à Ris Orangis et Fab les a mixées dans ses machines. Ca clignotait de partout et on s’est tous mis à danser… Pull up ! Puis on a fait le mastering et l’album était fini.

Quels thèmes et quelles sonorités retrouve-t-on sur cet album ?
Le reggae est une musique puissante qui permet de faire passer beaucoup de messages et d’émotions. Pour nous, c’est toujours positif et enrichissant d’en explorer la matière, d’en ressentir les pulsations. Nous ne sommes que quatre musiciens, alors on épure au maximum et on va à l’essentiel. Nous avons ajouté quelques touches de pop, rock, musiques caribéennes, parce qu’elles sont très présentes dans notre environnent quotidien et qu’elles nous influencent. Comme c’est le texte qui définit le thème, on essaie de faire coller notre musique à l’ambiance générale qui s’en dégage. Vincent aborde ses thèmes de manière souvent globale et, parfois, plus personnelle : la beauté du monde, des gens, les travers de l’humanité, la liberté, l’espoir et l’amour…

Quels sont les précédents albums de Bouddha Sticks et de Vagabon’ ?
Pour Bouddha Sticks, un maxi paru en 1999, un album avec Mister Real en 2002 et un autre avec Jah Pearl, en 2010. Vagabon’ a sorti son premier disque éponyme en 2007, puis un album orienté hip hop avec Timal en 2011, et enfin Sommes Nous Libres ?

Que vous apporte cette collaboration ?
On a fait un bon bout de chemin ensemble, c’est une aventure humaine avant tout. L’amitié, la musique, les rencontres, tout ça est très enrichissant et nous arme pour affronter les difficultés de la vie, mais aussi en apprécier les joies les plus simples. Quand tu as la chance de voyager, tu profites de chaque instant et tu prends du recul par rapport aux petits tracas quotidiens.

On trouve un titre avec Pierpoljak, que vous accompagnez également sur scène. Depuis quand vous connaissez-vous ?
Benoît, notre guitariste, a travaillé avec lui en France et en Jamaïque, notamment sur l’album Kingston Karma, qui avait bien cartonné à l’époque. On s’est revu en studio lors du mixage et il a posé un couplet en patois yardie sur le titre « Changer d’Air », un thème qu’il connaît bien ! On apprécie bien sa musique et lui la nôtre, ça s’est fait naturellement.

Sommes-nous libres ?...
Chacun doit se faire une opinion, tout le monde peut y réfléchir. La plupart des gens sur cette planète se battent pour obtenir un peu plus de liberté contre une minorité qui veut les opprimer. Même s’il est souvent difficile de répondre à cette vaste question, nous avons clairement choisi notre camp !

Quelle évolution constatez-vous dans votre musique ?
Tout est affaire d’environnement. Avant, on tournait plus facilement à dix, avec les cuivres, les percussions… Et puis, la musique urbaine a un peu pris le pas sur les sonorités plus roots. C’est très intéressant d’observer les cycles et les modes dans la musique. Ca rappelle que la musique fait partie de la vie, qu’il faut savoir d’où l’on vient et rester soi-même en toute circonstance.

Vous avez chacun diverses expériences musicales derrière vous, comment vous êtes-vous réunis pour former Bouddha Sticks ?
Entre départs et arrivées, le nombre de musiciens qui a joué dans ce groupe est énorme ! C’étaient les débuts de la formation, en 1992-1993. Elle s’est stabilisée avec l’arrivée de Vincent, Benoît et Cascio (chant, guitare et basse), en 2007. Le fait d’évoluer dans le même univers musical facilite les rencontres, le reste est une question d’affinités.

Vous êtes actuellement en tournée, comment ça se passe ?
Très bien, c’est un moment privilégié où on vit tous ensemble, comme une famille. On croise beaucoup d’autres groupes et on fait souvent la fête ensemble, parfois au grand dam des gérants d’hôtels ! Même si nos proches nous manquent, c’est très protecteur. On veille tous les uns sur les autres et le public s’en rend vite compte.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Le prochain disque est déjà quasiment en boîte, il ne nous reste qu’à en définir le concept global. Faire un disque est une aventure extraordinaire : du premier accord posé jusqu’au dernier concert de la tournée, il peut s’en passer des choses…

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

jeudi 17 octobre 2013

Assoh Babylas

Originaire du Bénin, Assoh Babylas présente aujourd’hui son second album, Taximan. Installé depuis une dizaine d’années à Saint-Etienne, son premier opus, La Mort Des Justes, est sorti en 2006. Rencontre avec un artiste dont les voyages et les rencontres sur tous les continents nourrissent l’inspiration.

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
J’ai été élevé à Abomey, capitale historique du royaume du Dahomey, l’actuel Bénin. Avec mes frères et sœurs, on écoutait beaucoup de musique, on chantait, dansait sur tous les styles. A 10 ans, mon instituteur me confiait la mission de faire chanter l’hymne national à toute l’école. J’ai vécu au Bénin jusqu’à 20 ans. Très complice avec un de mes grands frères qui écoutait beaucoup de reggae roots, j’ai grandi avec la musique de Bob Marley, Peter Tosh, Jimmy Cliff, Culture, Alpha Blondy, Steel Pulse, Burning Spear, Lucky Dube, et beaucoup d’autres… Après des expériences dans plusieurs groupes scolaires et universitaires, je suis parti à Lomé, au Togo, où j’ai intégré Les Happyness, à l’invitation de leur guitariste. Deux ans plus tard, je me suis rendu à Abidjan en Côte d’ivoire…

Aujourd’hui, tu vis en France ?
Je vis en France, à Saint-Etienne, depuis quelques années, une ville qui représente dignement la scène du reggae français. Elle réunit plusieurs bons groupes de reggae, autant par leur histoire et par les messages qu’ils véhiculent. Je ne cache pas que le reggae africain à une grande place dans mon cœur.

D’où vient le nom Assoh Babylas ? A-t-il une signification ?
Ma seconde passion est le football. Là aussi, c’est une affaire de famille. Mon père était président du club de foot de la ville d’Abomey. Assoh était le tout premier nom du club. Babylas est mon prénom. J’ai gardé Assoh comme nom d’artiste pour le côté sportif.

Quelles ont été tes premières expériences dans la musique et que t’ont-elles apporté ?
J’ai eu la chance très jeune de travailler avec de très bons musiciens lors de mes voyages. J’ai beaucoup appris, ce qui m’a aidé à me professionnaliser. J’ai écrit mes premières chansons dans les années 1990, elles ont évolué par la suite. Le talent ne suffit pas ! Il faut beaucoup de travail et de persévérance. Mon premier maxi enregistré à Lomé, en 1993, contient les chansons « Jeunesse en Danger », « Somalie », « Africa », « Démocratie »… qui sont aussi sur mon premier album sorti en France en 2006. Le titre « Concurrence » figure, lui, sur mon dernier album, Taximan.

Comment présentes-tu ton premier album La Mort Des Justes ?
La Mort Des Justes est sorti en France en 2006, et seulement deux ans après en Afrique. C’est un album roots reggae africain énergique : de la précision rythmique avec des mélodies inspirées du souffle du continent des origines. 

Taximan est ton second album, disponible depuis le 21 mai, que contient-il ?
Taximan aborde différents sujets. « Ma Bible » parle de mon grand père, de son enseignement sur l’esclavage, tout en rendant hommage à mes aïeux. Je parle aussi de sujets d’actualité, la révolution du monde arabe (« Rendez-vous »), les enfants tchadiens enlevés par l’association l’Arche de Zoé (« Otages »), la situation critique en Afrique où seuls les décideurs se remplissent les poches (« Cercle de Feu »), l’assassinat, en 1961, de l’un des symboles indépendantistes de l’ex-Congo belge (« Lumumba »), la manipulation du concept d'ivoirité à des fins politiques, avec des affrontements violents qui divisent le peuple ivoirien depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny en 1993 (« Ivoirité »), le poids de l’intégration que connaissent tous les immigrés (« Akonkpinkpan », qui signifie « courage »)… « Elles » parle d’un sujet grave, le trafic des filles africaines, à qui on promet l’eldorado européen… J’incite le peuple africain à être fier et à s’unifier autour de ses vraies richesses avec « Debout ». Taximan est un album de 15 titres roots reggae africain, où je chante sur des sujets sensibles, où je cherche à rassembler plutôt que diviser. C’est un message d’espoir dans les vraies valeurs de l’être humain, un appel à la spiritualité…

Comment s’est passée sa réalisation et son enregistrement ?
Tout s’est fait au feeling. J’ai voulu créer un pont entre le reggae roots africain et jamaïcain. Il a été enregistré en grande partie au studio Innacity, à Saint-Etienne, mais aussi en Afrique et en Jamaïque. Plusieurs musiciens de groupes français y ont participé : Fred, Jérémie et Zigo de Dub inc., Kubix de Colocks, Christophe Reyes et Mathieu Coquard de Jah Gaïa, Clément Corron de Datune, Valérie Assouan à la basse, Franck Boutin-Albrand aux percussions, Pierrick Arnaud à la batterie, la section cuivre et les choristes de Tiken Jah Fakoly, Didier Bolai, JB Moundèle, Michel Pinheiro, Julie Brou Rémi, Wendy Wonda, et aussi Bingy, Devon Bradshaw, Ian Coleman, Andrew Diamond… Beaucoup ont contribué à la composition des riddims. C’est un album réalisé totalement en autoproduction et sorti chez MVS.

Pourquoi le choix du titre Taximan ?
Pour deux raisons. Mon premier album, La Mort Des Justes, a été enregistré par les Kinikinis Wéwés, groupe que j’ai créé en 2004, composé essentiellement des musiciens du groupe Dub Inc. Beaucoup d’autres musiciens de différents groupes sont montés à bord de mon taxi ! Et parce que tous les titres de l’album ont un lien avec la chanson « Taximan », même si j’aborde différents sujets.

Tes textes sont à la fois engagés et spirituels, que souhaites-tu véhiculer avec ta musique ?
Pour moi, l’artiste, quelque soit son art, doit être engagé, c’est le but que je me fixe. Mon art est le biais par lequel je fais passer mon expérience de vie et mon regard sur le monde. Il y a mon vécu et celui de mes ancêtres, pour l’aspect spirituel. Il me semble que la foi est importante pour défendre certaines causes. L’art n’a pas de frontière, il est comme un souffle de vie.

On retrouve deux featurings sur ton album, avec Ismaël Isaac et Andrew Diamond. Comment se sont-ils passés ?
Le feat avec Ismaël Isaac était une évidence. On s’est connu à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pays pour lequel j’ai beaucoup d’affection. C’est un ami proche et j’aime beaucoup ce qu’il fait. « Brother’s Song » est un appel à la fraternité sur un continent qui a trop souffert. Un vrai ami, c’est un frère ! Le feat avec Andrew Diamond est né d’une complicité artistique. Andrew a mis une belle touche poétique dans la langue de Shakespeare sur « Kings of Abomey ». 

Y aura-t-il des concerts de prévus ?
Je serai en Afrique en août/septembre pour la sortie de l’album, et pour la réalisation de clips. Ensuite, je serai en concert le 8 novembre au Fil, à Saint-Etienne. Les dates live, ça sera surtout pour l’année prochaine… One Love !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

mardi 15 octobre 2013

Fat Freddy's Drop

Les Néo-zélandais de Fat Freddy’s Drop reviennent avec un troisième album studio, Blackbird, aussi original que les précédents, portant toujours plus haut l’atmosphère hybride et envoûtante qui a fait leur signature au début du troisième millénaire. Débriefing, entre deux concerts, avec Toby Laing, qui assure les cuivres et revient sur leur parcours atypique, entre les lignes.

Tout débute il y a treize ans, pour les sept musiciens de Fat Freddy’s Drop, lorsqu’ils se rendent compte qu’il se passe incontestablement quelque chose quand ils jouent ensemble. Amoureux de la scène, la première sortie du groupe, en 2001, est un album live intitulé Live At The Matterhorn. Enregistré lors d’un concert, dans un lieu qu’ils chérissent de Wellington, ils y exposent toute la richesse de leur style inclassable, au travers de quatre jam sessions improvisées. Les années et le bouche à oreille auront suffi à en faire un disque d’or en Nouvelle-Zélande… En 2005, ils présentent un premier album studio, Based On A True Story, très remarqué, recevant dans leur pays des récompenses dans plusieurs catégories. Ce projet réfléchi et posé sur galette donne une ouverture sur leur univers. L’année suivante, le DVD Fantastic Voyages vol.1 réunit quelques titres capturés lors de leur tournée en Europe en autant de clips (« Ray Ray », « Wandering Eye », « Roadie », « Shuk »). 2009 est l’année de Dr Boondigga & The Big BW, puis un an plus tard, de Live At Roundhouse : deux pièces qui illustrent parfaitement leur capacité à canaliser leur inspiration en studio et à la dépasser lorsqu’ils rencontrent le public. Des singles sont également sortis en vinyl (en édition limitée), comme « Midnight Marauders » et « Hope For A Generation ». Impossible de les classer dans un genre, leurs explorations goûtent à toutes les saveurs : roots, soul, dub, disco, blues, funk… Ils sont tout cela à la fois. Avec ce Blackbird sorti le 24 juin dernier, il était temps de prendre quelques nouvelles des Néo-zélandais. Avec, à leur actif, déjà plus d’un demi-million d’albums écoulés, plus de 800 concerts, dont la moitié sur notre continent, Fat Freddy’s Drop n’a pas fini de conquérir le public. En tournée dans toute l’Europe, dont un Zénith parisien le 18 octobre prochain, certaines dates affichent déjà complet. C’est dire si le groupe a pris une envergure tout à fait méritée.

Toby, peux-tu nous présenter le groupe ?
C’est simple : Fat Freddy’s Drop – Pacific Soul sound system, depuis 1999 ! La composition actuelle du groupe, c’est Dallas Tamaira aka Joe Dukie au chant, Tehimana Kerr aka Jetlag Johnson à la guitare, Iain Gordon aka Dobie Blaze aux claviers, Chris Faiumu aka DJ Fitchie à la MPC, Joe Lindsay aka Hopepa au trombone, Scott Towers aka Chopper Reedz au saxophone et moi-même aka Tony Chang aux cuivres.

Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Chaque musicien est arrivé l’un après l’autre. Nous avons tous improvisé avec les instruments et les enregistrements. Ca collait vraiment bien, alors nous avons logiquement commencé à composer des titres.

Que peux-tu dire sur votre musique ?
La musique de Fat Freddy’s Drop représente parfaitement ce que nous absorbons pendant nos voyages, ainsi que les sons de notre ville natale, Wellington, où il y a une grande diversité de sous-cultures musicales.

Trois artistes qui vous ont influencés ?
Bill Withers, Theo Parish et King Tubby’s.

Blackbird, votre troisième album est sorti fin juin. Pourquoi avez-vous choisi ce titre ?
Blackbird est un nouveau chapitre pour Fat Freddy’s Drop. La chanson du même nom était vraiment le thème que nous avions en tête pendant qu’on travaillait sur l’album, c’est pourquoi nous l’avons choisi comme titre.

Où s’est déroulé l’enregistrement de l’album ?
Nous avons enregistré dans notre studio Bays de Wellington, nous avons aussi notre propre label indépendant, qui s’appelle The Drop, pour la production…

Quelle évolution constatez-vous dans votre musique depuis votre premier album studio, Based On A True Story ?
Nous avons commencé en jouant dans beaucoup de festivals un peu partout en Nouvelle-Zélande. Notre premier album était très influencé par ces expériences. Quand nous avons écrit le second, nous avons commencé à tourner régulièrement en Europe et partout ailleurs. L’album Blackbird combine toutes ces influences. Et maintenant, plus que jamais, nous sommes concentrés pour produire notre meilleur son, de la meilleure qualité possible.

Vous avez déjà donné plus de 800 concerts partout autour du monde ! Comment vous sentez-vous sur scène ?
Jouer en live est ce que nous préférons ! C’était vraiment super de faire tous ces concerts au fil des années. Nous espérons qu’il y en aura encore beaucoup, pourquoi pas atteindre les 1200 ?!?

Comment se porte la scène reggae dans votre Nouvelle-Zélande ?
En Nouvelle-Zélande, le reggae est très fort et très original. Il y a des artistes de toutes sortes à l’intérieur de ce mouvement mondial, c’est vraiment très enrichissant…

Qu’avez-vous d’inscrit à votre agenda ?
Nous serons en tournée en Australie et en Europe en septembre et octobre prochains, n’hésitez pas à venir nous voir !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

samedi 12 octobre 2013

Nemo

Nemo et DJ Redeyes ont confectionné pour cet été un projet en trois volets, The Brown, The Sparrow & The Specialist, afin de présenter les différentes personnalités de ce chanteur éclectique et prolixe.
« Nemo signifie personne. L’idée d’être un peu tout le monde convient bien à ma vision éclectique de la musique. J’ai commencé en tant que Little Nemo, à cause de la bande dessinée de Winsor McCay, puis Captain’ Nemo. J’ai sa devise tatouée sur le bras : « Mobilis in Mobile », en mouvement dans le mouvement, insaisissable comme l’eau. Enfant, j’ai été au conservatoire pendant une dizaine d’années. Dès 13 ans, j’ai eu mon premier groupe, puis un second, et au fil des années, une bonne dizaine de formations. J’ai commencé avec du P-funk, puis du reggae et du hip hop. Aujourd’hui je ne saurais choisir… La musique a toujours été mon oxygène et la scène le seul endroit où je respire à pleins poumons. Ce projet en trois volets, c’est le meilleur moyen de canaliser mes trois amours : le hip-hop, le reggae et la gent féminine. Nemo Brown, c’est mon côté hip-hop, parfois teinté de soul, rythm’n’blues ou dubstep… Oldschool, textuel, conscient, mais cru et provocateur. Scotché dans les 90's, en mode Starter et Stan Smith, avec mille dégradés et reflets, tantôt east, west, sans frontières ou inclassable. Nemo Sparrow, c’est mon côté pirate : mes voyages, mon amour de la Jamaïque et tous ses rythmes du roots au dancehall. Encore une fois, très loin des sentiers battus, clichés ou cartes postales, ni rasta ni badboy. Le Pumpum Specialist, c’est mon côté italien, esthète et poète, qui n’écrit que pour et sur la gent féminine, peu importe le genre musical ou le bpm ! L’unique obsession du Pumpum Specialist : prouver que toutes les femmes sont belles et peuvent l’être. C’est un défenseur des formes non rafistolées ou photoshopées, de toutes les femmes de la vraie vie. DJ Redeyes est un ami de longue date. C’est un des premiers français à m’avoir sollicité, il y a bientôt dix ans de cela. Nous avons plus de 150 morceaux en collaboration, dont la plupart sont encore à sortir ! Selon les shows et les budgets, je joue avec un sélecta ou un band. Si c’est Nemo Brown, avec DJ Lod. Si c’est Nemo Sparrow, avec Blues Party, Roger et Jay C. Et si c’est le Pumpum Specialist, avec mon poto Typoboy. Pour la suite, Ghetto Reporter va réunir un gros paquet de feats. Le volume 0, qui sera gratuit, sort à la rentrée, puis un nouveau volume tous les trois mois. En fin d’année, il y aura The Return of the Brown, the Sparrow & the Specialist et un LP avec les Lords of the Underground… »

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

jeudi 10 octobre 2013

La Granja Orchestra

Tout a commencé dans une grange, quand six gamins découvrent la musique ensemble, certains conquis par le roots, des mythiques Studio One et Black Ark, les autres tournés davantage vers la scène dub-électro incarnée par High Tone, Brain Damage, Improvisators Dub… Voilà comment prend forme La Granja Orchestra, qui présente son nouvel opus Wake Up !
Des heures à écouter de la musique dans une grange et à en jouer font naître ce groupe originaire de Clermont-Ferrand fin 2007, avec Jordan à la batterie, Xavier à la basse, Axel aux percussions, Alexis à la guitare, Martin aux claviers et Joseph au chant. Ils choisissent ce nom original qui coule pourtant de source, la grange étant le lieu de nombreux souvenirs qui ont précèdé l’aventure. Un premier EP, plutôt orienté dub-électro, Musical Ob-session, sort au printemps 2009. Il réunit six pistes, dont deux chantées, et leur permet de trouver leurs marques. Puis, deux ans plus tard, un album, reggae-dubwise éclectique, Massey Vibration, affirme leur identité musicale. Onze titres où reggae et dub sont omniprésents et auxquels ils apportent leurs influences, leur sensibilité et leur rage. Grâce au collectif Flower Coast, le 6 juin dernier est sorti leur nouvel opus, Wake Up ! A la fois titre de l’album et titre d’ouverture, le message est clair : « Si tu veux que tes rêves deviennent réalité, la première chose à faire est de se réveiller ! C’est ce que scande Wake Up !, et c’est ce que nous avons fait. » L’équilibre du groupe est trouvé, comme ses couleurs, avec six inédits enregistrés en live, complétés par deux versions dub, puisque ces deux genres leur paraissent indissociables. Enregistré par Antoine « Megamaximiser » Aubert et Doctor Charly à Improve Tone Studio à Lezoux, non loin de Clermont-Ferrand, c’est la volonté de vivre chaque morceau ensemble, plutôt que chacun à leur tour, piste par piste, et de les capturer ainsi dans l’énergie qui les a amenés au choix des prises live. La Granja Orchestra est sur les routes tout l’été, prêt à réveiller les foules avec leur potion musicale roborative. Attention, le réveil risque d’être brutal !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

mardi 8 octobre 2013

Leah Rosier

Originaire des Pays-Bas, le parcours de Leah Rosier est loin d’être ordinaire. Alors qu’elle chante, joue de la guitare et du piano depuis l’adolescence, elle voyage dans le monde entier en tant que mannequin dès l’âge de 18 ans, passant le plus clair de son temps libre à écouter du reggae, essayer d’écrire des chansons et les enregistrer dans le home studio qu’elle s’est confectionné.
Un séjour en Jamaïque renforce cette passion pour le reggae, sa culture et son histoire. Elle se met à diffuser ses chansons sur la toile et clôt près d’une décennie dans le monde de la mode. Les propositions pour se produire sur scène avec un DJ ne se font pas attendre. En avril 2011 apparaît son premier EP, The Real Leah. Le mois suivant, elle enregistre avec Marlon Asher « Amsterdam » suite à un échange de mails à propos du Ganja Farmer riddim. Le titre éponyme du Jamaïcain est l’un de ses favoris, qu’elle honore avec le ganja tune « Make A Nice Mix » sur le même instrumental. Pour l’occasion, Black Star Foundation rend possible une tournée avec Marlon Asher au Pays-Bas. En août 2012, Leah présente son premier opus, High Paw, sorti sur son propre label, Likkle Green. Il s’agit des morceaux écrits au cours des deux années précédentes, des chansons positives sur l’amour et la vie posées sur des rythmes reggae dancehall, provenant de musiciens et producteurs variés. Son histoire avec le Rise & Shine Band de Besançon, qui l’accompagne pour ses prestations live, débute en juillet 2011 par l’Opus riddim, sur lequel elle délivre « Music Teach Me ». Dans son pays natal, c’est sur le Two Roots Band qu’il faut compter. En version sound system, Skyman Selecta assure ses arrières dans l’Hexagone. Les concerts et sorties continuent, avec le second riddim produit par Skyman nommé Genkidama disponible depuis le 15 juin, un featuring avec Sizzla sur un label français annoncé pour très bientôt…

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

dimanche 6 octobre 2013

Jr Yellam

Jr Yellam fait partie de cette jeune génération hexagonale animatrice d’un reggae avide d’exploration musicale et que les efforts n’effraient pas. Première sortie avec Turn Up The Sound.
C’est en 2007 qu’il commence à chanter, écrivant des textes en anglais, langue qu’il côtoie depuis sa tendre enfance, d’un grand-père américain qui lui a transmis un lien et un contact régulier avec ce pays et sa culture. Après avoir fait ses coups d’essai en sound system, il crée le label Green & Fresh avec, comme objectif, le développement de son projet artistique en gagnant en professionnalisation dans l’organisation comme dans la création musicale. Le collectif Green & Fresh réunit, depuis 2010, musiciens, chanteurs, sélecteurs, photographes, vidéastes, ainsi qu’une équipe dévouée à l’administratif, la promotion et la communication. Sur scène avec le Green & Fresh Band, Jr Yellam est accompagné de JaMax (guitare-chœurs), SkankyBen (guitare), SulliVibes (claviers), Babass (basse), B-Fresh (batterie), Gabinghi (percussions), avec lesquels il joue depuis 2011. En prestation sound system, c’est B-Fresh, également DJ et beatmaker, ou Jericho d’Irie Ites, qui maîtrise le tempo. Convié en première partie de Spectacular lors de sa tournée européenne aux côtés d’Irie Ites, Jr Yellam a eu tout le loisir d’échanger sa musique avec le public. D’ailleurs, la rencontre avec Chezidek et Spectacular l’a profondément touché par son enrichissement musical et humain d’une extrême grandeur, lui-même conquis depuis toujours par les artistes soul du label Motown, par les courants reggae, hip-hop et dancehall d’hier à aujourd’hui. Le 25 mai dernier est sorti le premier projet de Jr Yellam : Turn Up The Sound. Huit titres complétés par autant de versions dub qui visitent roots, nu-roots, reggae, hip-hop, stepper… Composés avec les musiciens du Green & Fresh Band, les instruments ont été enregistrés dans leur home studio, les voix chez Irie Ites. Le tout mixé avec ces derniers au West Finga Studio, masterisé par Villa Mastering à Paris et distribué par Socadisc. « Le choix d'une partie dub sur cet opus permet de mettre en valeur les compositions. Selon moi, la première partie, avec les chansons originales, c’est le plat principal, et la seconde, dub, c’est un bon spliff au dessert pour digérer et se relaxer ! » Jr Yellam travaille sur de nouveaux morceaux, alors que cet été annonce de belles dates, avec notamment un passage au Reggae Sun Ska et au Bodega Festival. L’automne sera l’occasion d’un séjour d’un mois en Jamaïque à l’invitation de Spectacular. Un album se profile tout doucement pour l’année prochaine… D’ici là, turn up the sound !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

vendredi 4 octobre 2013

Wailing Trees

Selon Ma Nature est le titre du premier EP des Wailing Trees, sorti en octobre 2012. Victime de son succès, le groupe lyonnais vient d’en faire une réédition, profitant de l’occasion pour compléter les quatre titres de la tracklist par deux morceaux disponibles jusqu’ici sur internet… et de lui donner une nouvelle identité visuelle.
Les sept musiciens de Wailing Trees se considèrent avant tout comme des fans de musique, réunis par l’amour des mélodies et des notes. Leur nom rend hommage à deux groupes qui ont nourri leur vocation, les légendaires Wailing Wailers et Groundation – dont il est peut-être inutile de rappeler que le premier opus s’intitule Young Tree. L’image d’un jeune arbre qui grandit correspond à la vision que développent ensemble Romain Frechin à la batterie, Pierre Bouilloux à la basse, Thibaud Saby au piano, Jawad Oumama à la guitare (chœurs), Pierre Foret au saxophone (chœurs), Lucas Remon à la trompette (chœurs) et Riwan Hadjara au chant lead. Toute la diversité de leurs influences se mélange autour de ce tronc commun reggae, arrangé à leur sauce, teinté de soul, jazz, rock, musiques cubaines… pour ouvrir sur un univers singulier qui leur ressemble. Un aperçu de celui-ci est posé sur ce premier EP, Selon Ma Nature, évoquant d’emblée leur goût pour le naturel et la sincérité. Enregistré dans leur propre local de répétition, le groupe ne s’est rendu au studio Innacity à Saint-Etienne que pour la section batterie, le mixage et le mastering. En à peine un an et demi, Wailing Trees a eu plus d’une occasion de partager la scène avec des artistes reconnus (dont Groundation, Kymani Marley, Tiken Jah Fakoly, Biga*Ranx…), progressant également sur la réalisation de d’un premier album prévu pour l’automne 2014, qui devrait en révéler encore davantage sur leur vraie nature.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)

mercredi 2 octobre 2013

Strickaz

Formé en 2009, Strickaz est un projet original à la jonction du reggae et du hip-hop. Deux ans après la sortie du Chapitre I de The First Tales Of Strickaz, le combo vient nous révéler le second volet de sa trilogie.
Croisant les termes anglais « strictly » et « strike », qui appuient mutuellement cette volonté de faire avant tout une musique vraie et qui marque les esprits, Strickaz est composé de cinq musiciens : Tim (chant-guitare), Sims (chant), Dub Remus (machines), Alex (batterie) et Oliv (basse), auxquels s’ajoutent Max (ingé son), Marc et Fifou (retours et lumières). Tous font de la musique depuis une dizaine d’années, avant de décider de se réunir pour développer leur inspiration ensemble. Le premier fruit que celle-ci voit pousser est le « Chapitre I » d’une trilogie qu’ils intitulent The First Tales Of Strickaz. « Toutes les bonnes histoires sont écrites en trilogie ! Le chiffre 3 a toujours eu une grande symbolique dans l’histoire de l’humanité. » L’idée est de développer un univers et de proposer une actualité en évolution. Totalement autoproduit, ce premier opus sort en Digipack en 2010. Ce sont neuf titres, dont deux interludes, à l’atmosphère reggae/hip-hop, où les mots, qu’ils soient choisis en français par Sims ou en anglais par Tim, sont percutants et lourds de sens, abordant l’horreur de la guerre, le sort de notre planète, les scandales financiers, l’abrutissement par la télévision, mais aussi le renouveau après les moments difficiles, les plaisirs simples de la vie… Jusqu’ici en prestation sound system, ils intègrent à leur formation basse et batterie. Faire vivre leur musique sur scène est leur plus grand plaisir, et des titres comme « Devolution » et « Judge Not » ont d’abord été joués pour le public avant d’être enregistrés quelques mois plus tard. Le second volet, logiquement intitulé « Chapitre II », disponible depuis le 19 mai, poursuit cette imprégnation dans un univers reggae/hip-hop moderne, où, une fois de plus, ils ont tout confectionné de a jusqu’à z. Le dernier volume leur occupe en ce moment une bonne partie de la tête. Cet été, tournage d’un clip qu’ils présenteront à la rentrée, accompagné d’une petite tournée dans le sud, suivie de nouvelles dates pour l’automne, des featuring et des versions dub en gestation qu’ils se feront un plaisir de diffuser, au fur et à mesure et en exclusivité, sur leur site web… Le message est passé, il est encore temps de faire partie de l’aventure avant que ne soit divulgué l’épisode final.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #31 - août/septembre 2013)