Après
deux beaux EPs chez Chinese Man Records, Heavy
This Year en 2013 et Diskodub
l’année suivante, Taiwan MC vient de passer un an à plancher sur son premier
album, avec l’aide, entre autres, de son acolyte Son Of A Pitch. Cool & Deadly sera disponible le 7
octobre et son premier extrait, « Catalina », fait déjà sérieusement
monter la température.
Quand
as-tu commencé à travailler sur Cool
& Deadly ?
J’ai commencé à bosser dessus l’été
dernier, il y a à peu près un an, en rassemblant des instrus, des débuts
d’idées de riddims, en demandant aussi à d’autres producteurs… Ensuite, je suis
allé voir SOAP avec une première maquette et on a commencé à travailler
sérieusement dessus depuis octobre.
Quelle
couleur musicale voulais-tu donner à ce premier album ?
En fait, je ne le considère pas vraiment
comme un premier album, mais plutôt comme un troisième EP et, surtout, dans la
continuité du premier. La couleur musicale que j’avais choisie se rapproche
plutôt des années 1970, avec de vrais musiciens, alors qu’avant, on avait
tendance à beaucoup utiliser les ordis, les synthés… Là, c’est plus humain,
plus roots, moins électronique. J’ai essayé de mettre du ska, du rocksteady,
plus de cuivres, des sons latinos, du hip-hop, des scratchs de DJ Idem aussi… Avec
Heavy This Year, j’ai voulu montrer
tout ce dont j’étais capable et, comme j’étais signé sur Chinese Man Records,
j’ai aussi essayé de coller à l’image du label. C’est ce qu’on a tenté de faire
à nouveau, mais de façon plus aboutie, avec douze morceaux et plein de featurings !
Comment
sont nés ces featurings ? Avais-tu dès le démarrage de cette aventure ces
artistes en tête ?
Ce sont tous des potes ou des gens qu’on
a croisés à droite et à gauche, dont j’avais bien aimé la voix ou le style…
Tumi, on le connaît bien, il a tourné plusieurs fois avec Chinese Man. C’est un
excellent rappeur d’Afrique du Sud ! Il y a Youthstar, qui est un MC de
Chinese Man et un pote de longue date. On a fait des soirées drum’n bass à l’ancienne
ensemble. Les musiciens sont des collègues de SOAP, le percussionniste et le tromboniste
viennent de Chinese Man. C’est la famille ! Je n’essaie pas d’aller
chercher des mecs que je ne connais pas du tout, des super stars qu’on paie
pour avoir un couplet… Il y a juste un feat que nous n’avons pas enregistré
ensemble, c’est celui de Cyph4, parce qu’il était aux Etats-Unis. C’est un
rappeur de San Francisco avec lequel on a déjà bossé, il a du nous envoyer son
couplet…
Et
concernant les deux voix féminines ?
Il y a Anouk Aiata, dont le nouveau nom est
Railey. C’est une connexion de SOAP, avec qui on avait fait un morceau qui
avait bien plu il y a quelques années, « One Last Dance ». Du coup,
on l’a réinvitée. L’autre voix féminine, c’est Paloma Pradal, une autre amie de
SOAP, une chanteuse espagnole de flamenco traditionnel à la base, mais qui
écoute plein de styles de musique. Là, elle a testé quelque chose qu’elle avait
jamais fait, chanter du reggaeton, avec de l’autotune et tous les effets
modernes. Ça a donné un résultat complètement dingue ! Ce morceau a été
enregistré en à peu près dix minutes! Je n’étais même pas dans le studio. Je
suis revenu, c’était un tube ! (rires)
Comment
est venue l’idée de ce morceau « Catalina » ?
On voulait faire un ou deux morceaux
dancehall pour l’album. J’avais fait une instru, SOAP en avait fait une super bien,
qui est devenue « Catalina ». J’avais envie de faire les couplets,
mais pas le refrain. On a failli ne pas le mettre sur l’album et, au final,
Paloma est venue chanter pour un autre morceau du disque. Il restait du temps
et elle a testé un petit freestyle. Le premier riddim que SOAP avait sous la
main, c’était celui-là. En fait, elle a chanté une vieille chanson
traditionnelle espagnole populaire, qui fait partie du folklore de beaucoup de
pays latins. Immédiatement, c’est devenu le single !
Le
clip de « Catalina » est aussi disponible depuis le 15 juillet !
Oui, on l’a clippé, on l’a sorti en
avance, de sorte que les gens puissent se faire une idée de l’album et, surtout,
parce qu’on s’est dit que c’était un bon morceau pour l’été. Il est disponible
sur toutes les plateformes et le clip, réalisé par Kévin Gay, a été tourné sur
le dancefloor d’un bar parisien qui s’appelle le Panic Room. C’est un
clip dancehall très basique mais très cool. Je suis plutôt content du résultat.
A
quel moment as-tu choisi le titre Cool
& Deadly pour l’album ?
C’est le nom de mon premier crew, c’est
aussi une expression que j’utilise dans mes paroles depuis très longtemps, et c’est
même une danse jamaïcaine ! « Frais et mortel », c’est un
concept qui colle bien à l’album, puisqu’il y a des morceaux très posés et d’autres
plus énergiques.
Sur
le visuel de la pochette, on découvre un univers plein de détails…
Il reste dans la lignée des deux
premiers EPs, car c’est le même dessinateur, Julien Loïs. Ça me rappelle les
pochettes de Scientist et celles de pas mal de disques de reggae, et même
d’autres genres. Beaucoup de vieilles pochettes de vinyles salsa et cumbia sont
dans le même style, dessinées à la main, avec des personnages dans tous les
coins. Tu peux passer une heure à tout regarder ! J’ai essayé de refaire
ça à ma manière, avec le talent de Julien Loïs, qui adore les petits détails.
C’est un dessinateur de bandes dessinées, ça lui parle de faire des petites
histoires à l’intérieur de la pochette. Concernant les personnages sont
dessinés dessus, une partie représente des personnages fictifs et l’autre ceux
qui ont travaillé sur l’album, tous les musiciens, chanteurs etc.
Il
y a un chat sur la pochette, fait-il partie de l’aventure ?
Oui. Le chat va avec le mec qui le
porte sur ses épaules. C’est Blanka, qui a fait le mastering, de Kasablanka
Mastering.
Quand
vont commencer les concerts pour Cool
& Deadly ?
Nous faisons des concerts tout le temps,
nous n’arrêtons jamais ! Pour promouvoir le disque, ça va être à partir du
moment de sa sortie, en octobre. On joue cet été en Italie, avec SOAP, au
festival Outlook en Croatie, avec Tom Fire en Suisse, avec Manu Digital au
Rototom…
Travailles-tu
sur d’autres projets actuellement ?
Bosser pendant presque un an sur un album,
c’était assez stressant. Donc là, j’ai envie de travailler sur des petits
projets, comme des EPs ou des singles. C’est génial de faire un album et je
vais être très content quand il va sortir, mais quand on a eu fini, je me suis
dit qu’après ça, j’allais faire quelques EPs ! (rires) Si j’ai le temps, je vais essayer de bosser sur pas mal de
collaborations, pourquoi pas sortir mes propres instrus aussi… Reste à voir
s’il y aura le temps !
Simba
(pour Reggae Vibes Magazine #50 - octobre/novembre 2016)