vendredi 27 mai 2016

Naâman - Resistance

Avec son Deep Rockers, Naâman a conquis les foules en un rien de temps. Un nouvel album, Rays of Resistance, est disponible depuis le 30 octobre chez SoulBeats Records. Rencontre avec le chanteur, pour faire le bilan de ce premier essai et nous présenter sa suite, alors qu’il se ressource en terre hindoue.

Bonjour Naâman, s’il est temps de parler de ton nouvel album Rays of Resistance, que retiens-tu de 2015 ?
2015 a été une année particulièrement marquante pour moi, puisqu’elle a commencé par un recentrage, grâce à mes voyages au Népal, en Inde, puis au Liban, suivi d’un break de trois semaines en Jamaïque, où j’ai écrit la majeure partie de mon album Rays of Resistance. Sont venus ensuite les deux mois d’enregistrement au studio Haxo à Paris, puis la tournée estivale et la sortie de l’album. Nous avons eu la chance de jouer à de magnifiques festivals, les Francofolies de la Rochelle ou encore le Rototom Sunsplash à Benicassim, en Espagne… La tournée d’automne a été marquée par les terribles évènements du 13 novembre, qui nous ont tous profondément touchés… Au delà de la blessure, mon équipe et moi-même avons, à ce moment-là, pris réellement conscience du pouvoir de la musique et de son message d’amour. Nous sommes davantage soudés, c’est une raison supplémentaire de s’accrocher et continuer.

Que s’est-il passé depuis Deep Rockers Back A Yard ?
Depuis la sortie de l’album Back A Yard, il y a eu des concerts un peu partout, du Canada à la Chine, en passant par la Russie et la Nouvelle Calédonie… J’ai aussi fait plusieurs allers-retours en Jamaïque, où j’ai donné quelques lives avec des musiciens locaux. J’y ai d’ailleurs rencontré Massy et Triple avec qui on a enregistré l’EP Know Yourself. Ce projet a été l’occasion, pour notre association 1001prods, de créer le label Big Scoop Records, géré par Fatbabs, Peter LB et moi-même. Tout ce qui s’est passé ces trois dernières années a été l’occasion de renforcer nos liens, synchroniser et perfectionner le travail. Aujourd’hui, tout va pour le mieux, c’est un immense plaisir de travailler avec ceux qu’on aime !

Quand as-tu commencé à bosser sur ton album Rays of Resistance ?
Le travail démarre toujours avant qu’on s’en rende compte… Par exemple, le morceau « Karma » a été écrit sur la route en tournée, il y a au moins deux ans… « Garden of Destiny », avec Massy et Triple, date de l’été 2014, tout comme « My Days » avec Soom T… On a vraiment commencé à parler d’album avant que je parte au Népal en novembre. Fatbabs avait déjà des tas d’idées de riddims et les a travaillés avec les musiciens jusqu’à mon retour en France en mars 2015. C’est là que nous sommes entrés en studio et que nous avons débuté les enregistrements.

Comment présentes-tu ce nouveau projet ?
Cet album est un mélange de plein d’influences, les styles sont très variés. Nous nous sommes permis d’aller au fond des choses, sans trop se soucier de la durée ou de l’homogénéité. Sa particularité, c’est ce mélange de soul, reggae, hip hop, parfois blues, dans une énergie consciente et positive. 

Es-tu retourné en Jamaïque pour les enregistrements ? Avec qui as-tu travaillé ?
Nous avons choisi d’enregistrer l’album à Paris. Le premier ayant été fait à Kingston, nous nous sommes dit que ce serait bien de faire celui-ci 100% maison avec le Deep Rockers crew. Nous avons donc investi les studios Haxo, avec nos collègues Exl et Vinz, qui avaient déjà travaillé sur Back A Yard et Know Yourself en tant qu’ingénieurs. Pour le mastering, nous avons fait ça à La Source avec Jean-Pierre Chalbos. Nous avons eu le plaisir de travailler avec les choristes de Groundation, Kim et Sherida, qui ont fait un travail incroyable sur plusieurs titres. Je pense aussi à mon ami et artiste Adil Smaali qui a magnifié le morceau « Hopeful World » par sa prestation.

Tu es toujours accompagné de ton acolyte Fatbabs ! Vos envies musicales évoluent-elles dans le même sens ?
Fatbabs est le bras droit, on roule ensemble. Nos envies et goûts musicaux évoluent dans le même sens. Même si on n’a pas les mêmes influences, on aime les mêmes choses. Différentes racines, un seul arbre !

Que signifie pour toi le titre Rays of Resistance ?
Le mot « rays » fait référence à cette flamme intérieure qui brûle en chacun de nous. C’est en se reconnectant avec soi-même, avec son essence, que l’on peut se délester de ce qui nous empêche de briller. C’est de là que peut naitre la vraie « résistance », celle qui fait que l’amour reste vainqueur malgré le tumulte de nos émotions. Un homme libre est apte à penser consciencieusement et à mettre en place des solutions alternatives accessibles à tous, ce qui amènera à un éveil de la population et, qui sait, peut être à une réécriture de la constitution par le peuple pour le peuple ! Rays of Resistance est un appel à l’éveil, mêlé de vibes positives et de textes conscients.

Quelles ont été tes sources d’inspiration pour écrire les morceaux de cet album ?
Je m’inspire de tout ce qui m’entoure : les gens rencontrés, les paysages parcourus, les événements passés et les émotions traversées… J’ai une grande foi en l’humanité et c’est elle qui me donne l’envie d’écrire et de chanter. C’est elle qui est à la base de tous mes textes, diluée parmi les différents thèmes abordés. Il m’est aussi arrivé certaines choses ces dernières années qui ont poussé ma réflexion et alerté davantage ma conscience. Cette recherche de vérité, cette spiritualité, est ma principale source d’inspiration, aussi bien dans la vie que dans ma musique.

Quelle est l’histoire du morceau d’ouverture « Resistance » ?
Quand j’ai quitté la France en novembre 2014, l’assassinat du jeune manifestant Rémy Fraisse par les forces de l’ordre m’a profondément touché. Comment un jeune français faisant entendre sa voix chez lui pour protéger l’environnement ou quoique ce soit d’autre peut-il se faire tuer par son propre gouvernement ? Qui décide de nos vies ?... A mon retour, peu après les attentats de Charlie Hebdo, toute une trainée politique s’était réunie hypocritement pour la liberté d’expression. Le contraste a été fort et a fait monter en moi un sentiment de révolte face à leur manipulation aussi grossière qu’insultante. Jusqu’à quand va-t-on laisser une poignée de voleurs et d’assassins décider du sort de nos vies ? Les temps changent, les gens comprennent, et les nouvelles générations seront de plus en plus décidées à reprendre le contrôle du pays, trop longtemps laissé à une minorité malintentionnée… 

Y a-t-il un titre qui a été plus difficile à finaliser que les autres ?
« Pop Dem Bubble » a été pour moi le morceau le plus difficile à finaliser, car il ressemble beaucoup à ce qu’on a fait sur Back A Yard. J’ai du mal à trouver l’inspiration quand je tourne autour d’un même style. J’ai presque eu l’impression de travailler sur un deuxième « Skanking Shoes » !

Quelques mots à propos des invités qu’on trouve sur cet album : Nemir, Soom T, Massy The Creator & Triple…
Tous les invités sont des artistes dont nous apprécions le travail. Soom T, Massy et Triple sont des amis. Le côté humain est primordial, on obtient toujours un meilleurs rendu en travaillant avec des gens qu’on apprécie ! Nous avons emmené Soom T dans un univers différent de ce qu’elle fait d’habitude en l’invitant sur le morceau « My Days ». Nemir nous a fait le plaisir de participer au titre « Those Rays ». C’est un excellent artiste, dont on attend l’album avec impatience !

La tournée de Rays of Resistance a démarré quelques jours après sa sortie. Y a-t-il encore beaucoup de concerts au programme ?
La tournée va continuer jusqu’en octobre probablement. Il y aura encore beaucoup de dates, de festivals, en France et à l’étranger. Toute l’équipe est très motivée !

Comment avez-vous travaillé le nouveau show ?
C’est la première fois que mes musiciens jouent vraiment leur album sur scène, on l’a donc préparé avec plus de connaissance, d’amour et d’investissement. C’était aussi l’occasion pour nous de jouer des styles plus variés. Avoir un show de presque deux heures permet d’aller plus loin dans la musique. On est tous plutôt jeune dans le métier et c’est intéressant de voir la progression, les idées naissantes et les nouvelles possibilités. Mike, de Sinsemilia, nous file toujours un coup de main pour la mise en place du live. C’est un ami et une excellente référence dans d’innombrables domaines !

Pour finir, qu’écoutes-tu en ce moment ?
Mon petit frère a remis la main sur un vieux disque dur que j’avais adolescent ! J’écoute donc une playlist, aussi variée qu’interminable, de vieux roots, qui accompagne parfaitement l’écriture du prochain album, posé dans un backyard au sud de l’Inde !

Quels sont tes plans pour 2016 ?
2016 sera une année chargée de concerts, d’écriture et de composition. Mes plans sont de garder l’équilibre, alimenter la flamme… La suite vient toujours toute seule…

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #46 - février/mars 2016)

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