vendredi 30 juin 2017

Vibronics - Half Dub Century

Il y a du lourd chez l’anglais Vibronics avec la sortie d’un album épatant, Half Dub Century. Comme son titre l’indique, le dub affiche cinquante ans de musique au compteur ! Steve a pensé à un album regroupant des morceaux emblématiques de ces cinq décennies et c’est avec un ami de longue date, tout aussi impliqué dans le genre, Dougie Wardrop de Conscious Sound, qu’il s’est associé pour obtenir le meilleur son qui puisse mettre en valeur cette tranche d’histoire.

Vibronics meets Conscious Sound Half Dub Century est sorti le 3 février dernier. Cet album célèbre cinquante ans de musique dub ! Comment est née cette idée ? Qui en a été l’instigateur ?
C’était mon idée. Plus j’avance dans le dub, plus je suis intéressé par l’histoire, très riche, de cette musique. Au milieu celle-ci, il y a la petite place de Vibronics, après vingt ans d’activité.

Depuis combien de temps connais-tu Dougie Wardrop de Conscious Sound ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Avais-tu déjà fait de la musique avec lui auparavant ?
Je connais Dougie depuis plus de quinze ans ! J’avais l’habitude d’écouter ses disques au début des années 1990, quand j’ai commencé à découvrir le nouveau style digital du dub UK. Nous avons fait plein de concerts ensemble au cours des années et pas mal de remixes. En 2016, nous avons bossé ensemble sur le projet 3 The Dub Way avec The Disciples, et c’est d’ailleurs ce qui amené l’idée de Half Century Dub.

Pour célébrer en grande pompe ces cinquante années de dub, vous avez choisi de reprendre plusieurs classiques du genre. Quels sont les morceaux originaux que vous avez utilisés ?
Alors, il y a, dans l’ordre : Ronnies Davies « Jah Jah Jahovia », Freddie McGregor « Leave Ya », White Mice « Try A Thing », Johnny Osbourne « Kiss Somebody », King General « Long Time », Vibronics « Jah Light Jah Love », Kenny Knotts « Babylon Fall Down », Vibronics « China Dub » et deux nouveaux morceaux exclusifs, spécialement composés pour ce projet inédit, « Blaze A Fire Dub » et « Hail Up Dub ».

Pourquoi seulement dix morceaux pour cette rétrospective ?
Je voulais que chaque décennie du dub soit représentée : les années 1970, 1980, 1990, 2000 et 2010. Pour chacune, nous avons tous les deux choisis un morceau, ce qui en donne donc dix en tout !

Que ressens-tu pour la musique dub ?
Je l’aime un peu plus à chaque instant. C’est quelque chose que j’ai avec moi depuis tellement longtemps, que je ne peux pas imaginer ma vie sans ! Le dub change tout le temps et parvient toujours à rester moderne, c’est ce qui m’intéresse tout particulièrement. Il est en constante évolution et il n’a pas de limite, c’est ce qui rend cette musique si vivante.

Que penses-tu de son évolution au fil des ans ?
C’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé, le monde entier écoute du dub, c’est vraiment incroyable ! Je suis content de le vivre réellement et d’en faire partie.

Depuis quand en joues-tu précisément ?
Vibronics a démarré en 1995, en faisant uniquement des dubs pour Aba Shanti et Iration Steppas, au départ. Puis, c’est en 1997 qu’est sortie la première production de Vibronics. Vous connaissez la suite…

Quels sont, pour toi, les trois artistes majeurs du dub ?
Difficile de n’en choisir que trois ! Mais, là, comme ça, je dirais que je recommande à tout le monde d’écouter les pionniers : Scientist, King Tubby et Mad Professor.

Et les trois albums essentiels ?
A nouveau, difficile de choisir ! Je conseillerais : Scientist Wins The World Cup, Dub Judah Dubtech Dub et The Disciples Resonations.

Que penses-tu de ton parcours, celui de Vibronics, depuis toutes ces années ?
Très occupé ! Pour faire carrière dans la musique, il faut réellement avoir tout le temps de nouvelles idées et de nouvelles sorties. Le dub n’est pas comme le rock, par exemple, où tu peux faire un album tous les quatre ou cinq ans. Le dub a besoin de nouvelles instrumentales et de nouvelles productions en permanence. Ma musique est destinée au sound system et le sound system se nourrit constamment de nouveautés à jouer.

Sur quoi travailles-tu en ce moment ? Quelles seront les prochaines sorties ?
Il y a beaucoup de choses sur le feu. Des projets avec des légendes jamaïcaines, Rod Taylor, Michael Prophet et Earl 16, un album de dub mettant à l’honneur les femmes, un nouveau projet avec un batteur et un bassiste… Ça n’arrête jamais au Studio Vibronics !

Aurons-nous l’occasion de voir Vibronics et Conscious Sound jouer ensemble pour la sortie de Half Dub Century ?
Oui, bien sûr, nous avons de super concerts programmés en Grande-Bretagne, Belgique, Croatie, en France aussi… Beaucoup de voyages en vue, où nous allons pouvoir partager au maximum notre musique avec la foule. C’est notre passion et notre travail, nous sommes vraiment très chanceux de vivre ce rêve !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #53 - avril/mai 2017)

mardi 27 juin 2017

Les Vieux Môgôs

Si vous êtes en quête de bon reggae roots aux effluves africains, à la fois conscient et spirituel, vous allez adorer Les Vieux Môgôs. Ce groupe, né à Abidjan il y a bientôt vingt ans, vient d’enregistrer un nouvel album, Motherland, chaleureux et vibrant, qui vaut vraiment le détour.
Sam Koné, le batteur – dont le nom évoque sans doute à vos oreilles le Solar System et quelques albums incontournables d’Alpha Blondy –, a eu l’idée de regrouper des musiciens chevronnés et expérimentés qui avaient envie de faire de la musique ensemble, pour la diffuser dans leur pays et, si possible, bien au-delà : celle qu’ils aiment depuis si longtemps, le roots reggae, auquel ils mêlent inévitablement une petite touche africaine bien à eux. Pour cela, il fallait aussi un nom à leur image, qui reflète au mieux leur identité. Sachez que « môgô » signifie, en langue malinké, le grand frère, l’aîné. Quelques musiciens sont partis et d’autres sont arrivés au cours des nombreuses années que Les Vieux Môgôs ont derrière eux. Aujourd’hui, ils sont neuf : Lucien Atsé à la basse, Sam Koné à la batterie donc, Willy Kodjo aux percussions, Adou Siméon au clavier, Osha David à la guitare, Carmelithe et Mory au chant, ainsi que Joël Gbanda, ingénieur du son, et Olivier Koffi, manager du groupe. En 2011 sort leur premier album Confirmation, sur le label d’Alpha Blondy, qui leur apporte beaucoup en sagesse et en expérience musicale. Confirmation reflète parfaitement leur style à la fois roots et africain. Il a été réalisé entre Paris et Abidjan et a donné lieu à de nombreux concerts, passant, notamment, par les plus beaux festivals du continent africain (Festa, Abi Reggae, APT, 24h Reggae…), ainsi que de fréquentes sollicitations de nos musiciens à jouer sur d’autres scènes. En 2013, l’équipe commence à travailler sur un nouvel album. Le résultat obtenu s’intitule Motherland, disponible depuis le 24 mars. Par le biais d’une atmosphère positive, Les Vieux Môgôs reviennent aux racines, la terre africaine, d’où le choix du titre et du visuel qui l’accompagne, qui se devait de mettre au premier plan un instrument traditionnel. La petite fille qui joue des percussions symbolise l’espoir et l’avenir, d’autant plus que Lucien est son papa ! Les dix morceaux de ce deuxième opus, de « Addis-Abeba », dont le clip vient tout juste d’être dévoilé sur la Toile, à « Djaga », laissent s’exprimer, en toute liberté, leur musique sincère et consciente. Ils parviennent à rester fidèles à leurs racines dans le jeu des instruments, comme aux valeurs dans leurs textes. Il s’agit d’idées de paix, d’amour, de solidarité, face à la dureté du monde actuel et à l’individualisme. Avec l’aide d’iWelcom, le groupe met en place les prochaines dates de concert dans notre pays. Il planche également sur la sortie de l’album en Côte d’Ivoire, qui aura lieu fin avril. Les Vieux Môgôs n’ont qu’une seule envie : partager au maximum toutes ces bonnes vibrations !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #53 - avril/mai 2017)

samedi 24 juin 2017

Booboo'zzz All Stars

Plus qu’un simple backing band, les musiciens de Booboo’zzz All Stars ont eu la bonne idée de réaliser un album regroupant une poignée de covers, teintées de reggae, de chansons auxquelles on n’aurait pas forcément pensé, issues de tous les genres. Confiées aux cordes vocales d’artistes avec qui ils ont déjà eu l’occasion d’échanger des vibrations, la magie opère tout bonnement à la rencontre de leurs instruments. Studio Reggae Bash est sorti le 10 mars chez Baco Records.
Le collectif Booboo’zzz All Stars existe depuis 2013, composé de Jon Jon (guitare rythmique, chœurs), Nimal (batterie), Bubar (basse), Oliver Smith (claviers, chœurs) et Wyman Low (guitare lead, chœurs). Vous avez certainement déjà entendu parler de chacun d’eux, sans le savoir peut-être, puisqu’ils n’en sont pas à leur coup d’essai. L’an passé, Wyman Low figurait dans nos pages grâce à son album Trippin, sorti chez Khanti Records, en compagnie des musiciens des Ravers. Quant aux autres, Jon Jon a fait partie, pendant une dizaine d’années, du trio vocal The Jouby’s ; Nimal est également batteur pour Tom Frager ; Oliver Smith joue, quant à lui, dans Alam et dans le groupe de rythm’n blues jamaïcain, Train’s Tone. Le club qui les a réunis en 2013 s’appelait le Booboo’zzz. C’est de là que vient le nom si particulier qu’ils ont donné à leur backing band. Pendant deux ans, tous les mardis, dans ce club de Bordeaux, ils ont fait leurs sessions micro ouvert, qui ont aussi semé les graines des projets suivants, comme les vidéos live diffusées sur le Net, jusqu’à cet album Studio Reggae Bash. Il faut dire que les covers étaient déjà leur spécialité à cette époque, reprenant des standards des années 60 ou 70 comme des morceaux plus actuels, avec toujours une pointe de reggae. Aujourd’hui, le club a déménagé plus au sud, plus près du sable, mais conserve son ambiance aussi chaleureuse. De 2013 à 2015, nos cinq musiciens ont eu l’occasion d’accompagner plus d’une cinquantaine d’artistes dans leurs sessions, dont Balik de Danakil, Max Livio, Papa Style… L’histoire de ce premier album est peu commune. Tout a commencé par des vidéos live de ces covers enregistrées en studio, puis partagées sur les réseaux sociaux. Au vue de leur succès inattendu et de l’enthousiasme général, l’idée d’en faire un plein album leur vient à l’esprit et ne semble pas si insensée, étant donné la qualité des pistes comme des prises. Alors qu’à ce moment-là, ils démarrent à peine leur collaboration scénique avec Volodia, Baco Records est tout de suite emballé par le projet. C’est la parfaite association de la chanson au chanteur – ou bien l’inverse – qui rend toute l’intensité de ces Studio Reggae Bash. Au programme, Max Livio se frotte à Alain Bashung (« La Nuit Je Mens »), Laurène à Björk (« Venus As A Boy »), Guive à Tom Jones (« It’s Not Unusual »), Dre Gipson à Amy Winehouse (« Love Is A Losing Game »), Volodia à MC Solaar (« RMI »)… Les Booboo’zzz All Stars sont actuellement en tournée avec ce dernier pour la sortie de son album Un Pied Sur Terre. Ce qui n’empêche pas les sessions live d’être toujours au programme. D’ailleurs, la saison 2 des Studio Reggae Bash a déjà commencé ! Retrouvez toutes les vidéos des Studio Reggae Bash sur leur chaîne YouTube : Booboozzz All Stars

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #53 - avril/mai 2017)

vendredi 9 juin 2017

Wach'Da

Installé en France depuis le milieu des années 70, Joseph Rano dit Wach’Da est originaire de la Martinique. Plus de trente ans après la création de son groupe, le moment d’un troisième album est arrivé, intitulé Jeux de Vérité, il est disponible en téléchargement légal depuis le 24 février.
L’histoire du nom Wach’Da vient de sa grand-mère qui, pour s’assurer de la bonne santé de sa voisine, se souciait de l’entendre, chaque jour, couper le bois à la hache. « Wach » signifie hache en patois créole et « Da » désigne celui qui est bienveillant. Le groupe commence à se produire en concert au début des années 1980. Ils font le tour des scènes parisiennes et alentour pendant plus de dix ans avant de sortir un premier album, en 1994, Passeport Pour La Vie. Il faudra ensuite attendre quinze ans pour voir naître son petit frère, Tout l’monde Tout l’temps, en 2010. La formation du groupe a du évoluer, au gré des années et du parcours de chacun, mais sans jamais perdre le fil de sa musique. Wach’Da résiste aux effets du temps et continue à faire les choses soigneusement. En français, en anglais et en créole, sa voix exprime ce que lui souffle l’inspiration. Issu d’influences multiples, du reggae à la soul en passant par le R&B, la funk, les musiques caribéennes… le style original de Wach’Da serait une sorte de reggae world music. « Jeux de Vérité représente le début d’une nouvelle ère, un renouveau, le résultat de toutes mes expériences vécues. C’est un appel à la vigilance à rester connectés, à différents niveaux. Je pense qu’il y a une continuité avec les précédents albums, malgré le temps qui passe, dans le sens où la source reste la même. Les différences se trouvent dans les nouveaux outils techniques de notre époque que nous utilisons. Quant au titre et au thème de cet opus, chacun a sa vérité, et celle-ci doit se conformer ou se confronter à une sorte de vérité universelle. » L’album a été enregistré à Paris il y a quelques mois, avec une belle équipe de musiciens : Richacha Balengola (batterie), Christian Moore (claviers), Jérôme Perez (guitare), Junior Maclier (basse)… Parmi les invités, Winston McAnuff, sur le titre « Leave A Chance », aborde le mépris que l’homme semble porter à la Terre et la chance que nous avons d’être vivant. Enregistré à Londres, le morceau mi-rap mi-reggae « Antillais », avec le jeune rappeur Afroz, est un hommage à son île natale, la Martinique, où Wach’Da vient d’ailleurs de passer deux mois, pour quelques concerts notamment. Autre surprise : un duo avec Sandrine Bonnaire sur le titre « Le Monde à l’Envers », accompagné d’un clip que l’actrice a coproduit et coréalisé avec Fabienne Robineau, est à apprécier dès maintenant sur la Toile. Wach’Da se concentre sur les prochaines dates de concert qui feront vivre ce nouvel album sur scène, espérant que les occasions ne manqueront pas de le partager et le faire voyager au loin. Restez connectés !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #53 - avril/mai 2017)

mercredi 7 juin 2017

Subajah

En 2013, Subajah nous invitait à faire sa connaissance avec l’EP Voice Of Freedom. Cette agréable introduction incitait, d’emblée, à rester attentif à la chaleureuse voix de ce chanteur français installé à Londres depuis près de dix ans. Le voici muni d’un premier album intitulé Architect, où figurent, notamment, les singles qui nous avaient fait patienter « Hold You » et « Walls Of Babylon ».
« Architect est mon premier album, ma première pierre, une petite porte ouverte sur mon univers. J’y présente les différentes parties de mon monde musical. C’est un album essentiellement deep roots. On y retrouve des morceaux très lents, dans la lignée de Voice of Freedom, d’autres plus explosifs, mais aussi de l’acoustique, avec une touche de musique malinké d’Afrique de l’Ouest. J’ai choisi le titre Architect parce que le tout-puissant, Jah, est l’architecte de ce monde, mais aussi, parce qu’à notre propre échelle, nous sommes également des architectes. Nous nous devons d’apporter notre plan, notre construction, pour un meilleur monde. La pochette représente la vie au milieu d’un paysage désertique, ce qui symbolise nos racines, la création originelle, à partir de rien. Je m’inspire de mon environnement, de ce qui m’entoure, que ce soit positif ou négatif. Tout est source d’inspiration, le monde dans son ensemble, autant la beauté de la nature et des éléments, que les atrocités du système, ses injustices et la négativité qu’il répand… Le fond est aussi primordial que la forme, pour moi, dans la musique. Ce qu’on chante ou joue doit sortir des profondeurs de l’âme et doit avoir cette connexion avec les profondeurs de la Terre et de l’univers. Les enregistrements ont eu lieu au printemps 2015. J’ai fait appel à mon équipe, The Architects Band. Nous avons fait le voyage depuis Londres pour enregistrer live, tous ensemble, au Studio Davout à Paris, avec Tamal, super ingénieur du son avec qui j’avais déjà travaillé pour mon EP. Seuls les percussions et chœurs ont été enregistrés séparément, à Londres. J’ai également fait appel à la section cuivre de Tu Shung Peng (Fred et Alex), à Youssouf Diabaté au n’goni et Amen Viana à la guitare sur mes morceaux acoustiques, Roadz et Grandpa aux percussions, Les Menenites, JJ Soul X, Djayan, Supa Dona aux chœurs… La liste est longue ! Aussi, le dub est une part importante de la musique reggae et, en Angleterre, il est vraiment très présent. C’était une évidence pour moi d’inclure plusieurs pistes dub sur cet album. En dubbant, on capture une autre expression, vraiment unique, à partir des mêmes sons, et les possibilités sont infinies. Tamal et First Eye livrent ici chacun deux versions dub. Avec la sortie de cet album, je souhaite un maximum de concerts, de vibrations, de rencontres… Je travaille déjà sur mon deuxième opus et j’ai aussi d’autres projets en cours. Pour l’instant, la plupart des dates de concert confirmées sont en Angleterre. J’espère me produire bientôt plus souvent en France et ailleurs. La scène est le lieu où s’exprime pleinement l’essence même de la musique ! »

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #53 - avril/mai 2017)