mercredi 27 février 2019

Taj Weekes

On attendait avec impatience un nouvel album de Taj Weekes & Adowa après le délicieux Love, Herb and Reggae en 2016. To All My Relations, leur sixième opus, est sorti le 26 octobre en CD et digital.
Depuis Hope & Doubt en 2005, le reggae touchant porté par la belle voix de Taj Weekes poursuit son chemin pavé d’amour, de lucidité et de bienveillance. DEIDEM (2008), A Waterlogged Soul Kitchen (2010) et Pariah in Transit (2014) ont tous contribué à faire connaître aux quatre coins du monde le groupe et la voix unique de son chanteur. Le titre de ce nouvel album vient de leur voyage à Standing Rock dans le Dakota du Nord où ils sont allés apporter leur soutien aux Amérindiens qui dédient leurs prières « to all my relations ». Le message que Taj Weekes souhaite transmettre à tous ses contacts est que nous sommes plus semblables que différents : « Je vois cet album comme un voyage politique et social de découverte de soi. Car notre position sociale dépend d’où nous nous trouvons et elle signifie une position politique. C’est triste parce que tout est devenu politique, même ce qui est personnel. Ce disque, c’est mon point de vue sur la situation politique actuelle et sur mes rapports avec elle en tant qu’étranger, sur mon intégration, sur la meilleure façon d’exprimer mon état d’esprit dans le contexte politique qui m’entoure… Les premières chansons que j’ai écrites ont été « You and I » et « SOB » (Song Of A Bitch). Le titre « You and I » exprime cette idée que la haine nous est enseignée et qu’elle n’est pas naturelle. Nous n’avons aucune guerre à part celles que nous avons reçues. Le monde extérieur n’est pas figé, même si nous sommes pris au piège. Nous devons penser par nous-mêmes et apprendre à coexister… »
Taj Weekes a exploré tous les sujets qui l’ont touché d’une manière ou d’une autre, aussi bien la colère, la joie, la tristesse ou l’indifférence. « Je parle notamment de la crise des opioïdes dans « Heroin Trade » et aussi dans « Big Pharma », des mensonges flagrants dans « The Lie », de la violence excessive dans « Bullet From A Gun », du courage dans « One Little Spark », de la résistance dans « Vibe Up »… Mon humeur a changé tout au long de l’écriture des quinze chansons de cet album, comme il se passait beaucoup de choses dans le monde. Malgré ça, j’ai essayé d’être juste pour parler des différentes situations. Dans « SOB », les couplets et les chœurs ont été écrits dans des atmosphères tout à fait différentes, il y a le haineux et le détesté dans la même chanson. »
La majeure partie de l’album a été enregistrée à New York à la Mills Room, le studio de Sidney Mills, le producteur de Steel Pulse, et à son ancien studio, Coop. « J’ai rencontré Sidney bien avant cet enregistrement. Nous avions parlé de bosser ensemble, mais jusque là nos plannings ne le permettaient pas. Cette année, tout s’est bien aligné pour faire To All My Relations. Au final, nous sommes vraiment contents du résultat ! » Le clip de « Vibe Up » est sur la Toile depuis octobre. D’autres sont en préparation, sur « SOB », « What Do You Believe », « Insecurities »… Taj Weekes et ses musiciens seront en tournée en Europe en 2019. D’ici-là, pas de temps à perdre, cet album vous est adressé !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°63 - décembre 2018/janvier 2019)

samedi 23 février 2019

Tomawok - Eek A Wok

Tomawok, notre apache préféré vient de sortir un projet original qui lui va comme un gant, Eek A Wok, en hommage au style incontournable d’Eek-A-Mouse. Quoi de plus naturel quand on connait le flow exceptionnel du chanteur originaire d’Angers ! Composé de six pistes, Eek A Wok est disponible depuis le 5 octobre en vinyle et digitale. Les clips de « Indian Squaw » et « Ever Ready » avec Junior Cat sont déjà sur la Toile.
« J’ai énormément écouté Eek-A-Mouse ces dix dernières années, jusqu’à poser des flows totalement inspirés par cet artiste. Après deux chansons dans cet esprit-là, j’ai eu envie d’en faire d’autres et de sortir un projet. C’est comme si Eek-A-Mouse était entré dans ma tête le temps d’écrire ces quelques morceaux. Je me suis dit que la meilleure façon de nommer un projet de Tomawok totalement inspiré par le grand Eek-A-Mouse serait Eek A Wok, tout simplement ! J’ai commencé à travailler dessus il y a environ quatre ans, en parallèle de mes albums et mixtapes. Les titres ont été écrits entre 2014 et 2016. Il y a le ganja tune « Ganja City » et les autres parlent de la vie de tous les jours ou racontent des histoires… Ça faisait longtemps que j’attendais la bonne occasion pour solliciter Junior Cat pour une combinaison. Avec un ami commun, nous sommes allés à Kingston, il a écouté le riddim avec ma voix dessus et, le jour même, nous avons terminé « Ever Ready ». Je suis retourné là-bas quelques mois plus tard pour tourner le clip. Junior Cat a été agréablement surpris de la version finale », avoue Tomawok.
Le label D&H de Daddy et Hypa semblait être l’équipe parfaite pour travailler sur cet EP. « Je les ai vus à Rennes et je leur ai expliqué le concept un peu particulier de ce projet. Dès les premières maquettes, j’ai senti que ça allait très bien coller entre nous ! Tous les morceaux de l’EP sont différents, on a essayé de varier les styles. Le titre « King Kong », qui est le deuxième morceau que j’ai écrit dans cette vibe, figurait déjà sur l’album Weedamuffin. En faire un remix avec D&H était une bonne occasion de l’inclure ici. J’ai mis la version aussi pour laisser la place à chacun de chanter dessus ! Sinon, je travaille actuellement sur mon troisième album, et même sur le quatrième… Le clip de « Ganja City » tourné en Jamaïque va bientôt sortir. D’ailleurs, je produis aussi une série sur ce riddim… Et surtout, le Eek A Wok Tour a déjà commencé ! »

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°63 - décembre 2018/janvier 2019)

mardi 19 février 2019

Black Roots

Les Anglais de Bristol viennent de sortir un nouvel album intitulé Take It, le quatrième depuis leur grand retour en 2012. Après un silence qui aura duré près de vingt ans, plus rien ne semble pouvoir arrêter Black Roots !
Propulsé sur le devant de la scène au même moment que UB40, dans les 80’s, Black Roots compte parmi les meilleurs groupes de l’histoire du reggae UK. Ils jouent une musique qui dénonce les injustices et les failles du système, enregistrent une dizaine d’albums et donnent de nombreux concerts en Europe, avant de disparaître complètement du paysage musical en 1993… C’est grâce à Makasound que le groupe revient dans les bacs, puisque le label rachète les droits et ressort une partie de leur catalogue, notamment On The Frontline en 2004 et In Session en 2007. De son côté, le label anglais Bristol Archives Records réédite en 2011 une compilation de leurs singles, The Reggae Singles Anthology, et leur album All Day All Night. Le groupe se reforme cette année-là et il faudra attendre encore un tout petit peu pour pouvoir écouter un nouvel album et les voir à nouveau sur scène.
Huit à la création du groupe en 1979, Jabulani Ngozi (guitare), Kondwani Ngozi (voix, congas), Carlton Smith (voix) et Errol Brown (voix) ont raccroché pour reprendre les rênes, continuer l’histoire et perpétuer l’esprit rebelle et bon de Black Roots. On The Ground sort en 2012 chez Sugar Shack Records. Il sera suivi par Ghetto Feel en 2014 et Son Of Man en 2016 chez Soulbeats Records, puis de l’EP I Believe l’année dernière. Toujours fidèle à son reggae roots originel, Black Roots en a des choses à dire maintenant que ses membres ont repris le micro ! Disponible depuis le 2 novembre en CD, vinyle et digital, Take It s’adresse tout particulièrement à la nouvelle génération. Le titre éponyme ouvre l’écoute et exprime l’idée que nous vivons actuellement dans un monde davantage guidé par l’argent que par l’humain. Il suggère de prendre sa vie en main et de rester combattif. C’est le constat des dommages causés par le système qu’ils expriment sous différents angles au cours des onze chansons de l’album (dix sur la version vinyle). Black Roots trouve une grande part de son inspiration dans les souffrances de l’humanité, avec une profonde envie de justice animée de la meilleure énergie positive. C’est la voix de ceux qui ne sont pas entendus et qui choisissent d’échapper à la méchanceté qui sévit sur la planète. En bons soldats de Rastafari, leur objectif est toujours d’inspirer le public avec leurs vibrations, aussi bien spirituellement que mentalement et physiquement. Actuellement en tournée, Black Roots se fait un plaisir de jouer en live ses incontournables de l’époque comme les morceaux des récents albums. Si vous voulez vaincre Babylone, rejoignez-les !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°63 - décembre 2018/janvier 2019)

vendredi 15 février 2019

Chinese Man - Shikantaza Remix

Un an après la sortie de l’album Shikantaza, Chinese Man prolonge le voyage avec sa version remixée, comme ils avaient déjà pu le faire avec Racing With The Sun. Les morceaux sont donc passés entre les mains de nombreux artistes, aussi bien français qu’internationaux, pour leur offrir une seconde vie et nous en mettre plein les oreilles.
Le label indépendant et le collectif Chinese Man ont vu le jour en 2004 par l’amour de la musique authentique et des disques vinyles. Inclassables dans un seul genre, les trois compères réunis sous le joug de ce mystérieux homme chinois sortent d’abord deux volumes des Groove Sessions, en 2007 et 2009, suivis deux ans plus tard par l’incontournable Racing With The Sun. Remix With The Sun sort l’année suivante et le troisième volume des Groove Sessions arrive ensuite en 2014. High Ku, Sly et Zé Mateo renouvellent l’expérience du remix intégral, avec leur dernier opus, Shikantaza, publié en février 2017. Dès la réalisation de l’album original, ils imaginaient qu’il pourrait y avoir des remixes des morceaux qu’ils étaient entrain de composer. Alors qu’ils ont enchaîné les mois suivants avec la tournée de l’album et des concerts dans toute la France, affichant souvent complets, puis chez nos voisins européens et même aux Etats-Unis et au Canada, ils ne pouvaient pas en rester là, curieux d’entendre ce que donneraient des collaborations autour de ce projet, avec des artistes de leur entourage, comme Mophono et OBF, d’autres qu’ils ont rencontré en tournée, notamment L’Entourloop et ProleteR, et quelques uns qu’ils ont sollicité spécialement pour l’occasion, appréciant leur travail, tel que Clap ! Clap !…
Toujours surpris à la première écoute des remixes réalisés, ils reconnaissent qu’il est déstabilisant d’entrer dans la nouvelle version d’un morceau sur lequel on a longuement travaillé, jusqu’à s’approprier sa nouvelle atmosphère, parfois très différente de l’originale… Le choix des pistes à remixer s’est fait en concertation. S’ils ont souvent proposé le morceau qui leur semblait le plus en adéquation avec le style de l’artiste, chacun a eu le loisir de choisir celui qui les attirait spontanément. Au final, quatorze titres ont été remixés, dont trois à deux reprises (« Blah », « Liar » et « Anvoyé »), pour obtenir un tout nouveau Shikantaza sacrément relevé ! L’ordre diffère de la tracklist originale en fonction des rythmes et des sonorités de chaque piste. Les clips de « Blah » remixé par L’Entourloop, « Liar » par Mophono et, tout récemment, « Modern Slave » remixé par Matteo lui-même sont à visionner sur leur chaîne YouTube et en disent déjà long sur cette vaste exploration musicale. Shikantaza Remix est disponible en CD, double vinyle et digitale, depuis le 9 novembre dernier !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°63 - décembre 2018/janvier 2019)

lundi 11 février 2019

Natural Mighty

Formé en 2007, le groupe Natural Mighty vient de sortir, le 9 novembre dernier, son deuxième disque, Reflection Of My Dreams, chez Khanti Records. Plus qu’une simple œuvre musicale, derrière ce titre intriguant se cache un véritable album-concept qui raconte une histoire articulée autour de l’idée du rêve, tout au long de ses dix chansons.
C’est dans un studio en pleine cambrousse qu’ils se sont baptisés ainsi, jouant avec les mots « nature » et « almighty ». Réunis par l’amour du reggae roots, les musiciens du groupe ont tous connu des expériences musicales de différents genres avant de se retrouver. Après quelques évolutions dans la formation, Natural Mighty est aujourd’hui composé d’Alex aux claviers, Théo à la batterie, Matt à la basse, Vivien à la guitare rythmique, Papaye à la guitare lead, Francky et Vanessa aux chœurs, et Gene-Vincent au chant lead. En 2011, Gene-Vincent rejoint le groupe et, peu de temps après, sort le premier album éponyme en autoproduction, suivi du EP Good Time en 2015. Reflection Of My Dreams est leur second long. Il s’agit là d’un album-concept, centré sur une idée bien précise et sur la volonté d’un album qui tient en dix pistes avec un fil conducteur, une seule et même histoire du premier au dernier morceau.
Inspirés par les lectures d’American God et Sandman, deux œuvres de Neil Gaiman, l’envie de faire un opus axé sur le rêve a été une évidence pour Gene-Vincent qui a fait découvrir le comics des 90’s Sandman aux autres membres du groupe qui ont immédiatement accroché. Voilà qui a posé le cadre d’un univers fait de magie et de force mystique et donner l’inspiration d’écrire des histoires courtes où le plus important n’est pas Sandman mais plutôt le personnage qui se révèle à son contact. L’histoire commence par l’envie pour le héros de partir et fuir la dure réalité. Sandman lui apparaît et lui propose de créer un monde à ses idéaux. Il imagine un monde parfait, solidaire et juste, mais l’amour y est artificiel, ce qui le plonge dans une grande solitude. Il invoque à nouveau Sandman pour quitter ce monde factice et reprendre sa vie en main… Cette aventure s’interroge sur les contradictions et les complexités de la nature humaine. Rêver sa vie ou vivre ses rêves, telle est la question. Gene-Vincent confie : « L’idée était de partager nos questionnements entre la brutalité de notre quotidien et nos idéaux, qui sont parfois contradictoires, sous une forme musicale essentiellement reggae. Notre inconscient est souvent bien plus connecté au réel que nous le pensons. La quête de notre personnage à travers ces dix morceaux est de se reconnecter avec lui-même… »  Pour cet album à la fois roots et contemporain, le groupe francilien a sollicité les talents de Guillaume Stepper Briard et Didier Bolay, Rico Gaultier, Faya Horn, les musiciens des Frères Smith Saké et Fab… Les enregistrements ont eu lieu au Wise Studio et se sont achevés il y a six mois de ça. Une release party de Reflection Of My Dreams aura lieu le 25 janvier à Paris, avant que Natural Mighty n’aille partager ses vibrations rêveuses partout où ils sont les bienvenus !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°63 - décembre 2018/janvier 2019)