dimanche 13 novembre 2016

Rebelution

Les américains de Rebelution viennent d’enregistrer un cinquième album, disponible depuis le 3 juin. Digne successeur de Count Me In sorti en 2014, Falling Into Place est le nouveau bijou de quatre musiciens, qui ne se sont pas privés, cette fois, du talent de Don Corleon, Protoje ou Supa Dups. Petit voyage dans le temps avec Eric Rachmany, entre un premier EP éponyme à ce 5ème opus.

Peux-tu nous présenter Rebelution en quelques mots?
Je suis Eric Rachmany. Je chante et joue de la guitare pour le groupe Rebelution, que nous avons créé, en 2004, à Santa Barbara, Californie. Marley D. Williams est à la basse, Rory Carey aux claviers, Wesley Finley à la batterie. Nous nous sommes tous rencontrés à l’école, à l’époque où nous prenions des cours de musique.

Pourquoi avez-vous choisi ce nom de Rebelution ?
Le mot « rebel » a souvent une connotation négative. Nos textes prêchent la non-violence ; nous sommes rebelles dans nos mots, notre musique et notre art !

Pourquoi avez-vous décidé de jouer du reggae ? Qu’aimez-vous dans cette musique ?
C’est intéressant car beaucoup de gens considèrent Rebelution comme un groupe de reggae, et, pour beaucoup d’autres, ça n’en est pas, c’est un style à part. J’accepte les deux opinions. Le reggae a définitivement une grande influence dans notre musique et ça l’a toujours été. Personnellement, j’adore la place qu’a chaque instrument dans le reggae.

Quand avez-vous fait votre premier concert en tant que Rebelution ? Et votre première session studio ?
Notre premier concert, c’était en 2004. C’est dingue de se dire que c’était il y a plus de dix ans déjà ! Notre première session d’enregistrement a eu lieu dans l’appart d’un pote. Nous avions enregistré les cinq morceaux de notre premier EP, qui est toujours disponible aujourd’hui.

Que penses-tu de cet EP avec le recul ?
Quand je l’écoute, je me rends compte que la qualité du son n’est pas du tout la même. Mais, en dehors de ça, ce projet a capturé notre son et c’est la meilleure chose qu’on puisse attendre d’une session d’enregistrement. Au final, ça ne compte presque pas que la qualité soit moins bonne.

Ensuite, votre premier album Courage To Grow est sorti en 2007…
Courage To Grow a une qualité de son nettement supérieur. Nous l’avons enregistré dans un bon studio avec de bons instruments. iTunes l’a annoncé au sommet des charts reggae cette année-là, ce qui nous a apporté beaucoup de visibilité et de reconnaissance.

Le second album a été Bright Side Of Life, en 2009. Quel souvenir gardes-tu de celui-ci ?
Bright Side Of Life est certainement mon album préféré. Nous avions essayé des choses différentes, comme y incorporer d’autres styles de musique, pas que du reggae. Ce mélange donne réellement le ton des albums suivants.

Le suivant, justement, est Peace Of Mind, qui contient trois disques : version originale, acoustique et dub. On peut dire que c’est un projet complet ! Pourquoi avez-vous décidé de le faire avec cet album ?
Nous avions toujours parlé de faire un jour un album dub et un autre acoustique. Ce qu’il y a de spécial dans ce projet, c’est de les avoir mis tous ensemble. D’ailleurs, je ne pense pas avoir déjà vu un album comme ça. Nous essayons toujours de faire quelque chose d’un peu différent à chaque fois.

Maintenant, parlons un peu de Falling Into Place. Pourquoi avoir choisi de donner ce titre à ce nouvel opus ?
L’album a été enregistré à différents endroits et à différents moments. Il y a eu de multiples versions de chaque chanson et c’était une grande chance de travailler avec Supa Dups, Don Corleon et Yeti Beats. Cet album est venu de tellement de directions différentes que c’est comme si tout s’était mis en place naturellement au final. C’est le bon titre pour cet album.

Quelle est sa particularité ?
Une des spécificités tient aux personnes avec qui nous avons partagé la vibe en studio. Supa Dups, Don Corleon et Yeti Beats ont apporté une si bonne énergie ! Quand l’énergie est bonne et la vibration aussi, ça peut donner un résultat étonnant. Nous n’avons ressenti aucune forme de pression, nous avons vraiment aimé faire cet album du début à la fin.

Comment avez-vous décidé de faire un titre avec Protoje, « Inhale Exhale », sur le thème de la ganja ?
Nous avons toujours été de grands supporters de l’herbe ! Par notre musique, nous pouvons en quelque sorte éduquer les gens et, espérons-le, les aider à reconnaître ses bienfaits. Protoje est un de nos artistes reggae préférés actuellement. Son flow est brut et puissant. Il a enregistré sa partie quand nous étions en tournée sur la côte ouest…

Nous adorons le morceau « Pretty Lady ». Et toi, y a-t-il un morceau que tu préfères sur cet album ?
« Pretty Lady » a été enregistré avec Don Corleon. Nous sommes très heureux d’avoir fait cette chanson avec lui et son équipe. Comme je le disais tout à l’heure, c’est vraiment venu d’une vibration inexplicable. C’est aussi une de mes préférées, mais « Those Days » est certainement ma favorite !

Que peux-tu dire pour donner envie aux lecteurs de Reggae Vibes d’écouter Falling Into Place ?
Je pense que Falling Into Place est un album très ouvert, qui peut correspondre à des personnes qui écoutent différents styles de musique. Il y a un peu de tout dans cet album.

Jusqu’à présent, vous n’avez pas fait beaucoup de vidéoclips de vos morceaux… Pour quelle raison ?
C’est vrai, ce n’est pas trop notre truc, mais nous allons certainement en faire un pour une chanson de l’album. Entre les enregistrements et les tournées, il n’est pas toujours facile de trouver du temps pour faire un clip.

Y a-t-il des concerts de Rebelution prévus en France bientôt ? Que penses-tu de notre pays ?
Nous adorons jouer en France ! Nous n’avons pas de concerts programmés chez vous pour l’instant, mais nous espérons que ça arrivera bientôt. Nous avons beaucoup de bons souvenirs des précédents passages, merci pour votre soutien !

Trois artistes que tu apprécies en ce moment ?
Protoje, Chronixx, Keznamdi.

Pour finir, quoi de prévu cet été ?
Nous serons en tournée aux Etats-Unis avec J Boog, The Green, Stick Figure et Through The Roots, qui sont des groupes géniaux. Il y a beaucoup de super groupes influencés par le reggae aux Etats-Unis. Je suis très content de voir que cette musique continue de grandir. Ça va être une super tournée. Et c’est encore mieux de tourner avec des amis !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #49 - août/septembre 2016)

jeudi 10 novembre 2016

Djama Keita

Le chanteur et musicien martiniquais Djama Keita, en place depuis près de deux décennies, vient de sortir un album parfaitement à son image, Guidance, après moult mixtapes, compiles, EP et autres… En voilà une belle bénédiction !
L’histoire raconte que Djama Keita montrait déjà des prédispositions à la musique avec un tambour entre les mains, alors qu’il commençait à peine à parler et à marcher. A 13 ans, sa première prestation est un court concert de piano, avant de se concentrer assidûment sur le chant. Il commence à se faire connaître notamment grâce aux deux compilations du projet Redzone, à la fin des années 1990, avec, entre autres, Yaniss Odua, Queen Levy Cultcha, Traffic Jam, Liberty King… Il débarque en France quelques années plus tard et arrive dans les sound systems, retrouvant Baby G et FDY. Parmi les événements marquants de son long et riche chemin musical, la première mixtape, Volcanik Activity, sort en 2007, inaugurant également son label Prod.Action. En 2013, il collabore avec le label martiniquais Royal Warrior Muzik pour un sept titres, ce qui lui donne l’opportunité de partir en Jamaïque et de sortir le single « Love Mama Earth ». En 2014, Prod.Action s’associe à Selektaliban pour réaliser la mixtape R Road, qui regroupe une partie de ses morceaux roots. Nouvel événement des plus majeurs, la sortie, le 29 avril dernier, de l’album Guidance. « C’est mon premier album qui sort en physique et sur l’ensemble du territoire francophone, réalisé en Martinique, en partie mixé en Jamaïque, et avec la collaboration de musiciens caribéens talentueux. Nous avons aussi tourné des clips vidéo sur l’île de la Dominique et en Martinique pour accentuer la dimension caribéenne du projet. De plus, c’est un album joué en live qui, par ses textes, amène l’auditeur à une réflexion sur lui-même et sur le monde qui est le nôtre. Cet album représente l’aboutissement de trois ans de travail : une synthèse de l’expérience vécue et l’opportunité d’approfondir ma réflexion sur la justice et l’amour, qui en sont les thèmes principaux. Mes sources d’inspiration puisent dans mes voyages en Ethiopie, en Europe, aux Etats-Unis et dans les différentes îles des Caraïbes. Ils m’ont permis de mieux cerner le monde qui nous entoure. Guidance est un mélange d’influences de musiques jamaïquaines, de soul, de jazz et de chant polyphonique issu de la tradition africaine. Les morceaux ont été composés et enregistrés entre 2012 et 2015. Prod.Action s’est associé avec le studio Phonem, dirigé par David Rodap, qui a mené toutes les séances de travail avec les nombreux musiciens qui ont participé. Le sens premier du mot « guidance » est ligne de conduite et j’ai décidé d’y rester fidèle. Le titre de mon album devient révélateur d’une société qui se transforme et il est, pour moi, l’occasion de fixer une direction dans mon travail et dans ma vie. C’est une bouffée d’oxygène, une démarche nouvelle dans laquelle beaucoup devraient se retrouver… » Djama Keita et ses musiciens comptent se rendre en Martinique au mois de juillet pour quatre concerts au Sax’, ainsi que quelques dates dans les îles voisines. Ils seront de retour en Europe en septembre pour continuer à faire connaître Guidance. Mettez-vous d’ores et déjà en situation !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #49 - août/septembre 2016)

mardi 8 novembre 2016

Satya

Le 23 janvier dernier, le premier album du duo toulousain Satya a vu le jour, deux ans après la formation du groupe. Sanka et N-Jin ont capturé l’esprit unique en son genre de Satya, une vibration acoustique et authentique, exprimée simplement grâce à la guitare, au chant et au beatbox.
Sanka (chant/guitare) : « Nous avons commencé les enregistrements en mars 2015. Il y a eu quelques galères au studio et N-Jin a dû entièrement finir et mixer l’album chez lui durant l’été, ce qui n’était pas vraiment prévu… Nous avons fait le mastering au Waïti Studio à Toulouse et il est sorti début 2016. Le tout en autoproduction. Cet album représente le plus fidèlement possible ce qu’est Satya : un beatbox, une guitare et une voix. La volonté de réduire au maximum les arrangements et de proposer nos morceaux au plus proche du live nous a poussés à sobrement l’intituler Satya. Les textes sont des constats sur l’état actuel du monde, les relations humaines, les problèmes que nous rencontrons… mais ils se veulent aussi positifs, suggérant de se questionner sur le sens de nos vies. Selon moi, la première révolution à faire est une révolution intérieure. Il s’agit de prendre conscience et de se prendre en main. La pochette, réalisée par Gutter, dessinateur et illustrateur toulousain, représente la nature reprenant ses droits sur l’urbanisation, nos deux facettes, urbaine et roots, l’essence même de Satya. Actuellement, nous réfléchissons à l’évolution de notre musique, pourquoi pas avec l’arrivée d’un bassiste. Nous avons également l'intention de faire des featurings et avons déjà quelques idées en tête… Nous peaufinons pour cet été le set live, auquel nous commençons à intégrer de nouveaux morceaux, annonciateurs aussi d’un nouvel EP… » N-Jin (beatbox) : « Nous avons enregistré la majorité des pistes au studio du MAPCU (Mouvement Associatif Pour les Cultures Urbaines) au nord de Toulouse, avec un ingé son qui s'est révélé plutôt bancal, ce qui  m'a amené à devoir faire les dernières prises de beatbox et le mix de l'album chez moi… La date de sortie a dû être repoussée, mais le disque est là aujourd’hui et nous en sommes contents ! Pour le visuel de la pochette, comme je connais Gutter depuis longtemps, l'idée de le lui confier est venue naturellement. C'est vraiment dans un registre différent de ce qu'il fait habituellement, mais avec le même sens du détail et une technique incroyable. Cette pochette, ce tableau plutôt, a surpassé tout ce que je pouvais imaginer, et, cela, même s’il ne s’agissait pas de notre disque ! Le quatrième clip issu de l’album, « Wake Up And Live », est en ligne sur YouTube depuis quelques semaines. Le morceau se prêtant à l'illustration des paroles, l’idée était que nous ne soyons pas l'objet central de la vidéo, à la différence de « Future Is In Our Hands » ou « Let It Groove ». Nous avons cherché des images en adéquation, puis avons fait quelques prises avec Chaz Shandora, réalisateur du clip, qui s'est chargé de la magie du montage et du reste. Bajo El Mar, notre nouveau tourneur, nous a concocté de belles dates pour cet été qui s’annonce vraiment bien ! » Satya a désormais une première carte de visite en poche tout à fait explicite et compte, évidemment, continuer de faire ce qui lui plaît.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #49 - août/septembre 2016)

dimanche 6 novembre 2016

Raphael

Après la sortie de son premier album solo Mind vs Heart, en octobre 2013, Raphael a donné, au cours des deux années qui ont suivi, plus de 150 concerts dans une quinzaine de pays. Son successeur, Reggae Survival, vient de sortir fin avril en digital.
« Produit par le label californien Sugar Cane Records, Reggae Survival est mon second album solo. Il contient neuf nouveaux morceaux, une version dub comme final, et aussi quatre interludes, qui incluent les voix du roi de l’afrobeat Fela Kuti et de l’ancien président de l’Uruguay José « Pepe » Mujica. Ce sont deux personnalités qui m’ont réellement beaucoup inspiré. Il y a une petite anecdote concernant le titre que j’ai choisi pour cet album. J’étais en Jamaïque avec des musiciens d’un certain âge et je les écoutais parler de l’expression « reggae revival ». L’un d’entre eux a dit : « Comment pourrions-nous revivre quelque chose qui ne mourra jamais ? » Les mots « reggae survival » me sont alors venus à l’esprit. L’album a été enregistré durant l’hiver dernier en Europe, en Jamaïque et en Californie. Deux labels européens y ont participé, Bizzarri Records pour « Rebel » et Irie Ites pour « Who Dem A Pree » feat. Lion D. Il y a une piste avec Triston Palmer, un cover de son hit « Joker Smoker » intitulé « Joka Soundbwoy ». J’ai rencontré Triston en Belgique. Nous jouions tous les deux au Smile Festival à Anvers, avec Asham comme backing band. Il a aimé ma prestation et m’a invité à partager un morceau sur scène avec lui. Ensuite, je suis allé lui rendre visite en Jamaïque et j’ai enregistré deux chansons du nouvel album dans son studio à Kingston. Il a également fait venir Dean Fraser et Nambo Robinson pour les cuivres, Sherida Sharpe pour les chœurs et Steven Stanley pour le mixage. Quand je lui ai proposé de faire une nouvelle version de son classic tune, il a adoré l’idée et nous nous sommes aussi beaucoup amusés en tournant le clip, auquel ont participé des amis et membres de sa famille. Concernant l’autre combinaison, j’ai rencontré pour la première fois Lion D en 2009 à Osoppo en Italie, au Rototom Sunsplash. Peu de temps après, j’ai commencé à travailler avec son label, Bizzarri Records, d’abord pour des séries de riddims, ensuite pour mon premier EP, My Name Is Raphael, qui est sorti en 2012. Nous avons eu l’occasion de partager beaucoup d’aventures musicales ensemble et nous sommes devenus bons amis. Nous avons aussi exactement les mêmes origines : nos mères sont italiennes et nos pères nigérians ! Mind vs Heart avait un son new roots, c’est en quelque sorte la bande son de ma réflexion personnelle sur le monde et l’humanité. Reggae Survival se tourne vers le futur, avec des fondations fortes, musicalement et idéologiquement. J’ai voulu allier le côté agréable et puissant de cette musique au pouvoir de ses messages. Cet été, je suis en tournée pour promouvoir ce nouvel album, en passant notamment par la grande scène du Rototom Sunsplash festival. Je vais aussi jouer pour la première fois aux Etats-Unis avec Jah Sun et Lion D grâce au label Sugar Cane. J’ai hâte ! »

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #49 - août/septembre 2016)