mercredi 31 décembre 2014

SOJA - Amid The Noise And Haste (Verycords)

Le nouvel album de SOJA est une pure merveille ! On sait, depuis longtemps, que les Américains savent parfaitement nous surprendre et nous satisfaire avec leur extraordinaire vibration. Le dernier en date, Strength To Survive, est sans nul doute l’un des albums majeurs de 2012 et celui-ci va certainement faire date à son tour. Amid The Noise And Haste conserve cette saveur habituelle, si agréable et enivrante, de chacune de leur galette. Les 13 titres ont toujours cette sonorité rock/reggae, qu’ils savent si bien explorer, et la voix de Jacob Hemphill ne manque pas de douceur, nous emportant d’une piste à l’autre sans qu’on ne puisse résister à l’appel. L’une des particularités est la présence de nombreux featurings, pas des moindres qui plus est, et très diversifiés : Damian Marley, Collie Buddz, J Boog et Anuhea, Alfred The MC, Michael Franti et Nahko sur « I Believe » (le premier single)… Les bonus de la version digitale ajoutent Bobby Lee sur « Driving Faster » et Mala Rodriguez sur « Like It Used To ». Le reste est à l’avenant. La lecture s’ouvre sur « Tear It Down », d’emblée séduisant. « Once Upon A Time », « Signature », « Wait », « Better »… sont exactement ce à quoi nous a habitués SOJA au cours de ces quatre précédents albums et dont on ne saurait se passer. Il ne faut pas bien longtemps pour être totalement sous le charme. Quant aux sujets abordés ici, il est question de ce bonheur et de cette paix que l’on mérite tous, en aidant les autres à faire de même… Même au milieu du bruit et de la hâte, nos soldats savent se faire encourager !

Simba

(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

lundi 29 décembre 2014

Lek Sen - Jaam Dong (Jahsen Creation)

Le quatrième album de Lëk Sèn s’intitule Jaam Dong, qui signifie « seulement la paix ». C’est bien tout l’esprit qui accompagne l’artiste originaire du Sénégal, toujours aussi engagé et conscient. Burn et Tomorrow avaient laissé entendre qu’il avait tout d’un inclassable, à la fois world, blues africain, afrobeat, hip-hop, reggae… Après Hope Inna Afreeka, sorti l’année dernière, dont la totalité des bénéfices sert à la construction d’une école de musique dans son village natal de Ngor, Puppa Lëk Sèn revient avec un album résolument reggae, parsemé de touches africaines, regroupant des sons très roots, comme le titre d’ouverture « Zion », et d’autres aux rythmes plus cadencés. La thématique de la paix est abordée sous tous ses angles (« Brave Man », « Don’t Give Up », « Warrior », « Jaam Dong », « No Man Can Stop Us »…). Lëk Sèn nous ravit de sa splendide voix, à l’éraillement singulier qui séduit instantanément nos oreilles, qu’il chante ou toaste, en anglais ou dialecte africain. Lëk Sèn a assurément un immense talent et cet album devrait combler tous les amateurs de reggae, puisqu’il en explore toutes les dimensions, riche dans le fond comme dans la forme, grâce à ses multiples facettes vocales et ses compositions soignées. Un petit bijou musical !

Simba

(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

samedi 27 décembre 2014

SOJA - Par amour

Quel plaisir que de retrouver SOJA avec ce Amid The Noise And Haste à la hauteur de leur réputation ! Interview avec Jacob Hemphill, de retour d’une tournée à Hawaï, le temps d’une pause, avant de reprendre la route et parcourir le monde avec ce nouvel excellent album.

A la formation du groupe, pensais-tu que vous seriez encore ensemble pour un cinquième album ?
Aujourd’hui, je ne peux pas imaginer arrêter de faire des albums ! Mais, à la sortie du premier (Peace In A Time Of War), je ne pensais pas aussi loin que cinq albums. Pouvoir réaliser et enregistrer le premier avec Jim Fox aux Lion & Fox studios était un grand exploit ! Nous cherchions un endroit, mais c’était trop cher partout. Notre batteur, Byrd, a réussi à nous avoir une offre aux Lion & Fox studios. C’est comme ça que nous avons rencontré Jim. Il a accepté de faire chaque morceau en fonction de ce que nous pouvions mettre.

Quand et où avez-vous enregistré le nouvel album ?
Ça s’est fait au cours des deux dernières années. Une grande partie au Circle Village, les studios de Inner Circle à Miami, en Floride, et j’ai aussi enregistré la plupart des voix et guitares dans mon studio à Arlington, en Virginie. Les parties des artistes invités viennent de différents endroits dans le monde.

Peux-tu expliquer le sens du titre de l’album, Amid The Noise And Haste ?
Chacun des albums a un thème. Le dernier, Strength To Survive, portait sur la Terre et les êtres humains qui vivent dans la biosphère. L’avant-dernier, Born In Babylon, dit : « ok, je suis né dans un pays qui fait partie du premier monde, mais que puis-je faire pour que nous soyons tous unis ? » Amid The Noise And Haste est beaucoup plus personnel. Il s’agit de reconnaître la condition humaine. Au milieu de tout ce vacarme et cette hâte, nous pouvons percevoir que la vie est la plus belle chose qui existe. C’est en vous, c’est en moi, et partout autour de nous…

Il y a beaucoup de combinaisons sur celui-ci par rapport aux autres : 7 sur l’album et 2 parmi les bonus de la version numérique. Avez-vous écrit ces chansons ensemble ou seul de ton côté avant de les inviter ?
J’écris généralement les chansons seul, dans un premier temps, juste avec ma guitare. Pour chaque titre qui a fait l’objet d’une collaboration, nous avons d’abord réfléchi à son sujet et, ensuite, nous avons pensé à l’artiste qui pourrait nous accompagner et contribuer à son message.

Sur « Your Song », on retrouve Damian Marley. C’est votre première collaboration ?
Oui, c’était la première. « Your Song » parle du fait d’être tout le temps sur la route. Au moment où on commence à s’intéresser à autre chose que gagner plus de renommée ou de succès, et que ce que l’on veut vraiment, c’est juste avoir sa vie. Dans ces moments-là, le seul réconfort que l’on peut trouver se trouve dans le public. Quand ils lèvent leurs mains et chantent, ça vous rappelle alors pourquoi vous faîtes tout ça. Quand nous avons songé à un invité sur ce titre, nous nous sommes dit qu’il faudrait quelqu’un qui comprend le fait d’être longtemps en déplacement. Evidemment, nous avons pensé à Damian Marley, qui est dans le reggae depuis tout petit. Travailler avec Damian était vraiment spécial, pas parce que nous nous sommes rapprochés de Bob Marley, mais parce que c’est un artiste au talent exceptionnel !

« She Still Loves Me » était sur Strength To Survive en version acoustique. Elle est aussi sur Amid The Noise And Haste en collaboration avec Collie Buddz. Pourquoi avoir décidé de faire cette nouvelle version ?
Toutes mes chansons commencent en acoustique. Elle s’est retrouvée sur Strength To Survive, mais nous savions que nous allions l’explorer davantage.

Sur Strength To Survive, il y a aussi une version de « Everything Changes » avec le groupe français Danakil et une autre avec l’Allemand Gentleman. Est-ce que ces collaborations ont contribué à vous donner envie d’en faire davantage sur celui-ci ?
J’ai toujours aimé travaillé avec d’autres artistes. Nous avons toujours fait beaucoup de combinaisons, remix et clips. La musique est encore plus agréable en collaborant et en expérimentant !

Pourquoi avoir choisi Danakil ?
Mon manager Elliot m’a fait écouter leur musique. C’était un plaisir de travailler avec Danakil sur « Everything Changes ». J’espère que nous aurons d’autres occasions, et que nous pourrons faire des concerts ensemble !

« Better » est une de mes chansons préférées sur votre nouvel album. Quelle est son histoire ?
« Better » est la suite de « Wait ». « Better » parle de ce moment où l’homme et la femme demandent de l’aide. Ça dit : « Regarde, nous sommes follement amoureux. Nous ne pouvons pas rester si éloignés. Mais je l’ai blessée et elle m’a blessé tellement de fois, que ce que nous avons est brisé. Pourtant, l’amour est toujours là… Alors, que faisons-nous ? » Dans le premier couplet, c’est moi qui demande. Dans le second, c’est elle. Le troisième couplet, nous nous rendons compte que nous ne savons pas comment faire mieux…

Tes paroles restent très humaines et sensées. Que penses-tu de la situation dans le monde actuellement ?
Je pense que l’amour n’a pas la place qu’il devrait avoir. Nos décisions sont de plus en plus liées à l’argent, plutôt qu’au bonheur, à l’amour et l’unité. Mais j’espère que nous nous dirigeons dans la bonne direction.

Penses-tu comprendre mieux la vie maintenant qu’auparavant ?
Je me rends mieux compte que je n’ai pas réponse à tout. Plus le temps passe, plus il y a de questions… « When We Younger », sur Strength To Survive, parle justement de ça. Nous pensons que nous savons tout, mais, en vieillissant les réponses se transforment en questions. Pourquoi sommes-nous ici ? Quel est le but de la vie ? Y a-t-il un Dieu ?... J’avais des certitudes là-dessus, mais, aujourd’hui, je me pose des questions.

SOJA a vendu plus de 200 000 albums et a des fans partout dans le monde ! Que penses-tu de ce parcours ?
Je ne vois pas les choses en terme d’albums vendus. Pour moi, ce qui compte c’est de savoir si oui ou non j’ai quitté ce monde pour quelque chose de meilleur que quand j’y suis entré. Les commentaires les plus gratifiants, c’est quand un fan me dit qu’une chanson en particulier l’a aidé à traverser une période difficile de sa vie ou qu’elle l’a aidé à changer son point de vue sur quelque chose…

Le mot de la fin ?
L’amour est tout ce dont vous avez besoin.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

jeudi 25 décembre 2014

Edgar Rebel - Rebelle un jour

Originaire de Centrafrique, Edgar Rebel découvre la scène sound system parisienne au début des années 1990, aux côtés de Jah Wisdom et Youthman Unity notamment, avant de traverser la Manche, pour étancher sa soif de Jamaïque… De retour dans l’Hexagone, après long exil et nombreux efforts, Edgar Rebel est muni d’un album, Rasta Concept, sorti avant l’été, où l’auteur-compositeur-interprète en dit long sur son cheminement musical.

Quand as-tu commencé à faire de la musique ? Pourquoi as-tu choisi le nom Edgar Rebel ?
J’ai commencé la musique en 1990. A mes débuts, j’ai été inspiré par une vague d'artistes de la fin des années 1980, tels que Cutty Ranks, Tony Rebel et beaucoup d'autres… Je me considère « rebelle » car, pour moi, la musique rasta est avant tout une musique contestataire, remettant en cause les points obscurs de la société dans laquelle nous vivons. Ayant choisi de la représenter dignement, m’appeler Edgar Rebel me semblait parfaitement approprié.

Pourquoi es-tu parti t’installer au Royaume-Uni, en 1992 ?
J’ai choisi de m’installer en Angleterre car, dans un premier temps, c’était la meilleure façon pour moi de découvrir et de vivre la culture jamaïcaine, à Londres, à 500 km de Paris.

Combien de temps y es-tu resté ? Quelles expériences musicales y as-tu vécu ?
J’y suis resté dix-sept ans. Dès mon arrivée à Londres, j’ai rencontré Malik Martin, du projet Twin Explosion, qui m’a introduit dans le milieu de la « british industry » en me présentant différents artistes, sound systems et producteurs. Il m’a, notamment, permis une première partie de Brigadier Jerry et Sister Nancy, au Chicago Club de Peckham. Notre sound system, African Ship, a participé à deux reprises à la Dub Cup et nous avons beaucoup joué au côté d’autres sound systems !

En quoi consistait le projet Edgar Rebel and The Rasta Disciples ?
Le projet Edgar Rebel and The Rasta Disciples est un album roots produit par Gussy P. Il a été enregistré avec Quincy Roots, aka Ras Indian, mon partenaire DJ pendant de longues années. La particularité de cet album est qu’il n’y a que des featurings, avec, entre autres, Juxy Nice, Rick Wayne, Earl Sixteen, Mike Anthony… 

En quelle année as-tu créé l’African Ship Sound System ? Existe-t-il toujours ?
J’ai monté l’African Ship Sound System en 1995. Il existe toujours, mais nous n’avons pas joué depuis bien longtemps… Se concentrer sur la production prend beaucoup de temps !

Quels sont tes souvenirs les plus marquants avec ce sound system ? Quels en sont les membres ?
Un des meilleurs souvenirs qui me vient à l’esprit est African Ship alongside Coxsone à Streatham Vale ! Ça a été un grand succès pour nous ! Les autres membres d’African Ship sont Ras Indian, Clarendon et Babenco. Deux d'entre eux vivent en Angleterre.

Quand a eu lieu ton premier voyage en Jamaïque pour le projet Twin Explosion ?
Je suis allé pour la première fois en Jamaïque en 2005, j’ai enregistré chez Mix Lab. Puis, j’y suis retourné l’année suivante, mais pas pour la musique cette fois…  

Quand a été créé le label Grebel Music ? D’où vient ce nom ?
Grebel Music a été créé en 2007 et, pour la signification, il s’agit simplement de la lettre G et Rebel ! (rires)

La première sortie du label en a été le single « Holy Mountain », c’est bien cela ?
Oui, tout à fait. J’avais enregistré un 12-titres à Londres et je n'en étais pas vraiment satisfait. Du coup, j’ai sélectionné trois morceaux que j’ai réenregistrés en 2010, pour la sortie d’un single, l’année suivante.

En avril dernier est sorti ton premier album solo, intitulé Rasta Concept. Quand as-tu commencé à travailler dessus ?
J’ai commencé à travailler sur Rasta Concept au moment où je me suis rendu compte que les singles 2 ou 3 titres n’avaient plus vraiment leur place sur le marché, qu’il fallait plutôt un EP, au minimum, pour présenter son travail et jouer sur scène. Dans cet album, j’exprime sincèrement et profondément ma conception de la foi Rastafarienne… J’aurais pu l’appeler Rasta Philosophy, mais j’ai choisi Rasta Concept car l’impact du mot me paraît plus significatif par rapport à mon appartenance à un mouvement religieux.

De quelle manière exprimes-tu ta foi rasta sur cet album ?
J’ai essayé d’aborder des sujets qui peuvent éclairer ceux qui se posent des questions sur ce que peut être le Rastafarisme et ses principes… Je vis ma foi rasta « by giving thanks and praises to the most high Jah ! »

Les musiciens qui t’accompagnent sont-ils toujours ceux du Grebel Band ?
Quatre des musiciens du Grebel Band m’accompagnent sur l'album : Omar Marquez (batteur et percussionniste de formation jazz, folk, musiques traditionnelles), Rodrigo Miqueles (claviers et flûte de formation jazz, musiques latines, classique), Soan Dusan (trombone) et Ignacio Ferrera (trompette alto). Les autres membres du groupe sont Marcello Albertani (guitariste de formation jazz, funk, reggae et musiques traditionnelles latines) et Raoul Monsalves (bassiste jazz, rock, reggae, funk, musiques traditionnelles latines). L’album a été enregistré aux Studios Mael et One Two Pass It à Paris.

Quels sont tes projets ?
La réalisation de l'album Edgar Rebel and The Rasta Disciples pour 2015… A suivre !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

mardi 23 décembre 2014

Jah On Slide

Après plusieurs années de silence, les parisiens de Jah On Slide sont de retour avec un nouvel album gonflé à bloc, Never Knocked Out. Depuis la formation du groupe, en 1999, les Jah On Slide sont restés fidèles à leur goût pour le ska, épris de cette musique des années 1960 et de toute la vague Two Tone et ska revival.
Le trio d’origine des Jah On Slide, composé de Jérôme Lanvin aux claviers, Frédéric Lazard à la guitare et Hugues Lazard à la batterie, s’est formé dans les années 1990 au sein du groupe Skarface, qui faisait vibrer l’underground de l’époque. Tous ont totalement succombé aux maîtres du ska anglais (The Specials, The Beat, The Selecter, Madness, Bad Manners…), mais aussi aux incontournables légendes d’outre-Manche que sont Beatles, Clash, Stranglers… sans avoir non plus échappé au ska jamaïcain pure souche de Laurel Aitken, Desmond Dekker, Judge Dread… Ils forment ensuite Goldfinger, avec Richard Mazza à la basse. Une fois cette aventure terminée et un repos bien mérité, le trio reprend du service en créant Jah On Slide, qui incorpore d’autres musiciens au fur et à mesure des rencontres, leur permettant de composer des albums de leur cru, tout en ayant chacun leur ambiance singulière. Le premier, Skannibale Street, sort en 1999, suivi de très près par Tranquille, Pastaga et Rouflaquette, puis Danger & Pressure, en 2002, et Parole de Rude Boy, en 2004. Ils font une tournée au Japon, en 2007, et des dates en France jusqu’à l’année suivante, avant de ressentir le besoin de faire une petite pause pour reprendre leur souffle, laisser passer un peu de temps et digérer leurs déboires avec l’industrie musicale. La fin des Jah On Slide n’avait pourtant pas encore sonné et leur nouvel album, Never Knocked Out, disponible depuis le 25 avril, est là pour le confirmer ! Aujourd’hui, ce sont Fabrice Allain à la guitare, Cyrille Guibert à la basse et Mathias Martin au saxophone ténor qui complètent le trio. « C'est un album plus revival et 2Tone que les précédents. Il y a eu la volonté de réaliser un travail d'arrangement plus important au niveau des voix et des instruments. Certains titres sonnent très british et on reconnait, d'une certaine manière, l'originalité de Jah On Slide. Comme sur tous nos albums, il y a des invités – et non des moindres : Dr Ring Ding, Rudy Cat, Le Donz… et même Rachid Casta, chanteur marocain qui pose son style raï sur un de nos titres ! » Le combo en profite pour reprendre les routes des concerts en France et dans toute l’Europe. Un clip du titre avec Dr Ring Ding est également en préparation… Les Jah On Slide sont de nouveau au taquet !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

dimanche 21 décembre 2014

DJ Vadim

Il est des nouvelles tellement bonnes qu’il est obligatoire d’en faire le meilleur écho ! Pour son nouvel album, Dubcatcher, DJ Vadim s’est plongé dans les vibrations reggae, complétant allègrement son impressionnante discographie, tout en continuant de surprendre les adeptes du genre. L’Anglo-russe relève haut la main le défi.
En 1980, Vadim arrive en Angleterre, âgé d’à peine quelques années. Immergé dans cette culture londonienne riche, son goût pour les beats hip-hop le pousse, plus tard, à faire de la musique et à en explorer les infinies possibilités. Voilà déjà deux bonnes décennies que Daddy Vad l’expérimente sous toutes les coutures, en solo comme en bonne compagnie (The Electric, The Bug…), jamais à cours d’inspiration et d’imagination. Toutes ses productions ont montré qu’il ne craignait pas les autres styles – et que le reggae était toujours de la partie. Les années ont vu passer entre ses mains des titres qu’il a pris plaisir à remixer de Big Red, Anthony B, Capleton, Macka B, Collie Buddz… Cependant, on était loin d’imaginer que Vadim nous ferait le plaisir d’y consacrer un album original tout entier ! Dubcatcher, disponible depuis début juin, exhale l’authenticité. Le DJ-producteur a concocté des instrumentaux issus de tout l’éventail des musiques jamaïcaines (early reggae, roots, dancehall, dub…) pour accueillir les artistes rencontrés sur la route, dont le flow a tous les atouts requis (YT, Gappy Ranks, Jamalski, Demolition Man…). Si Vadim a glissé vers le reggae lentement mais sûrement, il reconnaît être particulièrement touché par l’espoir et l’amour qui habitent cette musique, ainsi que sa particularité d’aborder des sujets très réels. En 2007 est sorti l’album Soundcatcher, à l’origine du jeu de mots qui a donné naissance à ce nouvel opus, désireux de revenir à des versions épurées. Bien que certaines pistes ont commencé à prendre forme en 2004, la majeure partie du travail de composition et d’enregistrement a eu lieu entre 2012 et 2013. Il lui a simplement suffi de proposer plusieurs rythmiques à chacun des artistes qu’il souhaitait voir faire partie de cette aventure, pour les laisser choisir celles sur lesquelles ils ressentaient l’envie de faire rebondir leurs mots. Le résultat a produit 16 morceaux. Jamais à court d’idées, DJ Vadim prévoit un autre volet, Soulcatcher, pour emmener ses explorations vers d’autres univers. Après la basse, la soul… Comme il le dit lui-même : « It’s bigger than reggae ! »

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

vendredi 19 décembre 2014

Doctor Red

Vous avez sans doute remarqué que la scène dub française est des plus florissantes, avec des projets aussi inventifs qu’addictifs, pour satisfaire les aficionados de basses lourdes et puissantes ! Doctor Red compte parmi ces combos qui s’acharnent à faire vibrer les murs d’enceintes.
Leur histoire démarre en 2009 lorsque Yvan et Lolo se rencontrent au Sabar, à Annecy, par l’intermédiaire de Jahlow. Yvan est bassiste et a joué dans plusieurs groupes de punk-rock de la scène savoyarde, avant d’intégrer, en 1995, le collectif reggae Sleng Teng basé à Chambéry, et de collaborer avec Dub Interior, une décennie plus tard. De son côté, Lolo est percussionniste et expérimente tout ce qui peut sonner, des percus traditionnelles comme les congas et la darbouka, aux inventions technologiques que sont les pads électroniques et les samplers. Il débute dans les années 1990, avec le Jahlow Sound System, dans un esprit roots & culture, tout en jouant dans des groupes de rumba congolaise, musique électro malgache, pop-rock… En 2011, le duo rencontre Brother Culture avec lequel ils enregistrent deux morceaux qui suffisent au MC anglais pour leur proposer de réaliser tout un album ensemble, We Legalize The Dub. En septembre de cette même année, les deux Docteurs font une rencontre déterminante avec Catali, chanteuse multilingue façonnée par ses nombreux voyages et expériences musicales diversifiées, qui va devenir la voix des Rouges. Pour ne rien gâcher, elle maîtrise également trombone et mélodica et est toute disposée à faire tourner le groupe. En 2012, Seb devient leur régisseur général, puis, en février dernier, Jonat, leur technicien lumières. L’équipe est au complet pour la scène ! Après plusieurs sessions d’enregistrement à l’automne 2013, notamment dans les studios de Jarring Effects, deux maxis vinyle (Warrior Dub part.1 et 2 et One Love – Daram Sala Dub) sont sortis au printemps, illustrés des visuels conçus par Lolo, qui assure toute la partie graphique du groupe. Et ce n’est que le début, puisque le combo nous réserve, pour l’automne, la sortie d’un album intitulé United Colors of Dub, qui sera disponible en CD et en téléchargement, pour s’immerger totalement dans l’univers Doctor Red. On ne demande que ça !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

mercredi 17 décembre 2014

Daoud MC

Auteur-compositeur-interprète, Daoud MC n’en est pas à son coup d’essai, présent dans le circuit depuis déjà près de deux décennies. Maximum Dose est pourtant son premier projet 100% reggae : un concentré de bonnes vibrations.
Né en 1979, Daoud MC apprend très tôt le piano et écrit ses premiers textes dès l’âge de 10 ans. Il monte pour la première fois sur scène, en 1992, à la fête de fin d’année de son collège. Sa carrière démarre sans attendre, trois ans plus tard, dans le mouvement hip-hop, au sein du groupe Deblé-Men, attiré par le groove de cette musique, et aussi par la danse et le graff. Leur premier disque sort en 1997 (Vigi-Pirates), puis trois maxi-vinyle, l’album Tout Système A Une Faille en 2001, sans oublier des titres sur des mixtapes, avant que l’aventure touche à sa fin… Il démarre sa carrière solo en 2003, par le maxi Illegal Concept, en téléchargement gratuit avec Suspekt Corp, qu’il fait suivre, deux ans plus tard, de l’album 25, sur lequel figure un featuring avec Daddy Mory. Bien qu’il ait toujours baigné dans les vibrations reggae-ragga, le hip-hop reste encore largement la dominante. Lui vient alors l’idée d’un projet exclusivement reggae. C’est chose faite avec Maximum Dose qui contient sept titres, dont les premiers singles « Je Me Vois Bien Différent » et « Sous Contrôle » ont été mis en clip. Composé et enregistré entre ses murs, l’EP a ensuite été mixé au Demolisha Studio en Seine-Saint-Denis. Pour faire vivre ses nouveaux titres sur scène, Daoud MC s’accompagne du Bass Culture band des Yvelines, qui existe depuis plus de 30 ans, dont le membre fondateur n’est autre que son oncle, Slimane, aka Dubrise. Après avoir suivi le groupe depuis tout petit, voilà qu’il le rejoint de l’autre côté de la scène ! « La musique est un défouloir, un moyen à la fois de m’amuser et d’exprimer ce que j’ai sur le cœur. J’aimerais avoir plus de temps à consacrer à cette passion, pour dire à tout le monde : regarde-toi, respecte-toi, aime-toi ! Je chante ce que je vis et ce que je vois. Et je vis à Babylone… On peut dire que c’est un constat sur ce que nous devenons en évoluant dans notre société. Aujourd’hui, je paie des impôts et j’ai deux enfants à élever, c’est ce qui m’inspire… » Des concerts sont en préparation, tout comme le tournage d’un troisième clip extrait de Maximum Dose : une seule recommandation, respectez la posologie prescrite !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

lundi 15 décembre 2014

Rastas du Coeur

La généreuse idée des Rastas du Cœur est née en 2011 avec la création de l’association Chap’Asso, à La Chapelle-au-Riboul. Ce village, situé en Mayenne, répond positivement à l’initiative de Taleb Abdourahman, bénévole depuis longtemps déjà dans de nombreuses associations de la région, dont Réel Son de Nantes, organisatrice de concerts reggae…
Le principe des Rastas du Cœur est simple : proposer un évènement musical spécifiquement reggae dont l’entrée est accessible au public en contrepartie de 5 kilos de denrées non périssables, reversées ensuite à des organismes caritatifs, comme Les Restos du Cœur, Le Secours Populaire, La Croix Rouge, etc. Pour ce faire, tous les intervenants doivent participer bénévolement. Chap’Asso organise le premier Rastas du Cœur en février 2011, dans leur commune, avec à l’affiche One Seed, Albinos Williams et Rastamytho. La première graine est semée, une tonne de denrées est récoltée ! Progressivement, contactés par toute sorte de structures, d’autres concerts, respectant la charte du concept, ont lieu, d’abord dans l’Ouest et le Nord, puis dans tout le pays. Proposant un plateau musical de trois groupes qui inclut la logistique technique ou la possibilité de faire sa propre programmation, avec affiches et prospectus à disposition, le bilan de ces quatre années est des plus positifs : plus d’une centaine d’événements ont été organisés, plus de 450 artistes y ont participés, plus de 5000 bénévoles ont prêté main forte… et plus de 400 000 repas ont pu être distribués ! Foodj, du label indépendant Madrigal, a permis la réalisation de la compilation des Rastas du Cœur intitulée Laisse Ta Trace, où figurent artistes français (Naâman, Positiv Young Lion, Daddy Clean…) et africains (Beta Simon…). Pour l’éditer et pouvoir l’offrir au public présent à chaque Rastas du Cœur, une date exceptionnelle payante aura lieu mi-octobre avec Naâman. L’association organise également le Festival solidaire La Ribouldingue, chaque année, le premier week-end de septembre. Pour voir toujours plus grand, Chap’Asso travaille à l’extension de la chaîne de solidarité à toute l’Europe. Les Rastas du Cœur n’ont sans doute pas fini de gagner du terrain !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

samedi 13 décembre 2014

Jadawee I

Après s’être fait la main en préparant, en totale autoproduction, l’album Rise Up, sorti en 2005, et un EP avec le Freedom Iration Band, Jadawee I présente, trois ans plus tard, un nouvel opus intitulé Golden Life, pour lequel il n’a pas manqué de voir les choses en grand.
Originaire de Seine-et-Marne, David, de son prénom d’usage, est né dans une famille de musiciens. Il s’oriente très tôt vers le piano, influencé par les grands maîtres du jazz (Monty Alexander, Ernest Ranglin, Dean Fraser, Wynston Kelly, Dave Brubeck, Duke Ellington…), et le chant, grâce à Bob Marley et aux Jamaïcains Bobo Shanti (Sizzla, Capleton, Jah Mason…), qui le touchent également sur le plan spirituel. Après quelques années de voyages et de découvertes autour du globe, son amour de la musique le pousse à explorer ses envies et à les concrétiser, malgré des moyens restreints, permettant ainsi les premières sorties. Pendant cinq ans, le Freedom Iration Band l’accompagne jouer ses morceaux en public. Jadawee I fait également partie du Sion I Crew, qui réunit autour de son sound system des chanteurs d’horizons divers, dans le but de diffuser des musiques conscientes et un message d’unité. Fort de toutes ses expériences, Jadawee I a sollicité sa section chœurs, des musiciens de Rezone, du Cactus Roots Band… et rejoint le Fifth Floor Studio de Paris pour enregistrer ce nouvel opus dans les meilleures conditions possibles. Inspiré par la connaissance Rastafari qu’il considère comme sa source, il propose un reggae nu-roots lumineux et conscient, énergique et engagé, parsemé d’influences roots-rock ou roots-jazz, pour voyager, dans tous les sens du terme. Cet éveil des consciences passe par des thèmes essentiels : l’amour, l’unité, la justice, la spiritualité, la gratitude, l’écologie… La sortie de l’album Golden Life, « Time of Reconnection », d’abord programmée pour le 7 avril, a eu lieu le 29 septembre. Le printemps a été l’occasion de travailler à la réalisation d’un clip, avant d’amener l’album sur les scènes, en compagnie du Frère2Roots Band. Jadawee I n’a qu’une envie : celle de connecter le plus grand nombre possible autour de ses belles vibrations.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

jeudi 11 décembre 2014

Tiwony

En attendant la sortie toute proche de son nouvel album, Roots Rebel, Tiwony frappe fort avec la mixtape Plis Roots, disponible en téléchargement gratuit sur la Toile. Un Best Of Roots des meilleurs tunes de ces dernières années mixé par Polino, de l’inimitable Stand Tall sound system. Du lourd comme on aime !
Voilà un bail que Tiwony compte parmi les artistes antillais en qui on peut avoir toute confiance pour délivrer de bonnes vibrations, roots reggae comme dancehall. Quel plaisir lorsque celui-ci a annoncé l’arrivée d’une mixtape en téléchargement gratuit, disponible le jour bien choisi de la Fête de la musique, regroupant ses meilleurs sons roots, naturellement réunis sous le titre Plis Roots. 33 titres confiés à Selecta Polino, pour traverser les dix dernières années du MC, en passant forcément par « Priyé Jah », « L’Union Fait La Force », « Mon Continent »… Une poignée de combinaisons qui avaient ravi nos oreilles : « Faut Qu’On Soit Fort » feat. Straïka D et Féfé Typical, « Jamais Le Mal Ne L’Emporte » feat. Féfé Typical, « Reine Sans Couronne » feat. Taïro, « Give Thanks » feat. Jah Defender… Et ce n’est là qu’un tout petit aperçu de cette belle sélection. Pour clore le mix, une exclusivité, le premier single issu de l’album Roots Rebel, dont la sortie est prévue pour la fin de l’année : « Big Up » produit par Bost & Bim. Le mieux pour se rendre compte du beau cadeau qui nous est fait ici est encore de se précipiter sur son ordinateur pour le télécharger, si ce n’est pas déjà fait. Tout y est pour apprécier le parcours musical de Tiwony, en donnant l’envie irrépressible d’écouter le prochain. Il aura fallu trois ans à notre Lion indomptable pour obtenir le résultat escompté. Soyez prévenus, il s’agit de son meilleur album… On a vraiment hâte !

Simba

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(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

mardi 9 décembre 2014

Martin Zobel & Soulrise - Show Must Go On

Après Land Of The Free sorti en 2012, Martin Zobel et son Soulrise Band sont de retour avec un nouvel album, intitulé Keep Planting Seeds, empli d’espoir et de bonnes vibrations roots reggae. Interview avec Martin Zobel pour en savoir un peu plus sur ce nouvel opus, et aussi l’histoire et l’esprit de Soulrise

Quand est né le groupe Martin Zobel & Soulrise Band ?
J’ai vraiment commencé à faire de la musique et à donner de petits concerts en 2004. Juste moi et ma guitare, et ça a duré comme ça pendant plusieurs années. Je n’avais pas du tout prévu de devenir musicien ! Je jouais juste mes chansons de temps en temps et, à un moment, un autre groupe, qui était en pleine tournée, m’a vu et m’a demandé si je voulais faire leur première partie sur toutes leurs dates. J’ai dit oui et je suis parti en tournée avec eux. Quand les promoteurs demandaient comment m’annoncer, on utilisait juste mon vrai nom, parce que je ne pensais pas que cela comptait. Les gens ont commencé à me connaître, j’ai fait encore plus de concerts et il était trop tard pour trouver un nom d’artiste. Voilà pourquoi j’utilise encore mon vrai nom aujourd’hui !
J’ai rencontré des musiciens sur la route et, quand nous avons décidé de former un groupe, Soulrise est né. Mais ça avait peu à voir avec le Soulrise Band d’aujourd’hui. Ce n’était pas vraiment reggae, c’était plus un chanteur avec une touche de reggae. Les premiers membres du groupe, qui en font toujours partie aujourd’hui, l’ont rejoint en 2007 et, à partir de là, le projet a évolué. Nous nous sommes alors plongés profondément dans le reggae. La majeure partie du groupe n’a pas changé depuis 2011. C’est devenu ma seconde famille !

Qui sont les musiciens du Soulrise Band ?
Le Soulrise Band est un groupe très spécial : chacun des membres est extrêmement talentueux ! Ce sont des musiciens extraordinaires, qui aiment le travail fait à la main, le roots reggae music analogique ! Et, au-delà de ça, ce sont des personnes formidables, comme je l’ai dit, ma seconde famille. Je suis extrêmement reconnaissant d’en faire partie.
A la batterie, nous avons aDUBta, aka 3in1, un batteur exceptionnel ! Je n’en connais pas d’autres en Allemagne qui puisse jouer du roots comme lui ! Nous avons l’habitude de l’appeler aDUBta, mais le premier jour où nous étions au studio pour enregistrer Land Of The Free, Fully l’a appelé 3in1, parce qu’il a dit que aDUBta joue comme trois de ces batteurs préférés à lui tout seul (Santa Davis, Sly Dunbar et Horsemouth) !
A la basse, pendant toutes ces années, nous avons eu Dublex, avec là aussi, un maximum de vibrations. Même les grands du genre, comme Aston Family Man Barrett et Fully Fullwood, le félicitaient ! Malheureusement, en novembre de l’année dernière, Dublex nous a soudainement quittés, à l’âge de 33 ans… et il a laissé un vide profond dans le groupe. C’est aussi pour cette raison que, sur le nouvel album, Fully Fullwood a pris la basse à la place de Dublex… Maintenant, notre nouveau bassiste est une fille, Sumalee. Elle est très petite – à peu près la taille d’un Ampeg 8x10 (rires) – et toute fine, mais sa basse est énorme ! Tu devrais la voir et l’entendre, tu n’en reviendrais pas !
A l’orgue, clavinet et mélodica, nous avons Andy Haslacher, le dernier à avoir rejoint le groupe. Il a un super feeling avec le son et les instruments. Il écoute toujours très attentivement ce qu’il se passe musicalement dans le groupe et y répond instantanément. C’est ce que j’aime chez lui.
Au piano, synthé et chœurs, nous avons Jan Geuer, qui est un génie ! En fait, c’est un bassiste, mais c’est aussi un chanteur d’enfer. Il a commencé dans le Soulrise Band comme choriste. Au bout d’un moment, nous avions besoin d’un second clavier et, comme il a plusieurs cordes à son arc, nous lui avons demandé s’il pouvait en jouer. Il a dit quelque chose comme « oui, je pense que je peux apprendre », et maintenant, il assure grave ! Je suis sûr que si on lui demandait de réparer une voiture en même temps que de donner un concert, il pourrait le faire ! (rires)
Egalement aux chœurs, nous avons Jennifer Washington. Jenny est une chanteuse incroyable. Je pense que c’est une des plus grandes artistes reggae féminines que l’Allemagne a à offrir. Reggaeville a même écrit qu’elle faisait partie des meilleures artistes féminines d’Europe actuellement ! Je suis très honorée qu’elle soit dans le groupe !
Le dernier, mais non des moindres, Daniel Rickler, à la guitare lead. Ce mec a quitté l’école quand il avait 16 ans pour étudier la guitare. Je pense que depuis, il n’a fait que ça ! Vous pouvez penser que j’exagère, mais pourtant non. Selon moi, et je suis sûr que beaucoup seraient d’accord, c’est le meilleur guitariste de roots reggae que nous avons en Allemagne en ce moment !
Donc, tu vois, je suis très fier de mon groupe, mais il y a de bonnes raisons !

Votre musique est vraiment roots reggae. Quels sont les artistes qui vous ont influencés ?
Probablement trop pour les citer tous ici ! En dehors des évidents Bob Marley, Peter Tosh… je dirais The Gladiators, The Abyssinians, Culture, Max Romeo… pour en nommer quelques-uns. Ce qui nous influence essentiellement est le son chaleureux et naturel de ces enregistrements. On peut entendre ce qu’il se passe dans la musique. Il y a des musiciens qui ont une certaine vibration quand ils jouent ensemble. Comparé à aujourd’hui où on dit juste « faisons un nouveau riddim », c’est une autre mentalité. Je trouve que le reggae vintage est très rafraîchissant.

Votre premier album ensemble a été One Future, sorti en 2010, avec Irievibrations Records, c’est bien cela ?
Oui, c’est en partie vrai. Il n’y avait que Daniel et Dublex qui faisaient déjà partie du Soulrise Band, quand nous avons enregistré One Future. C’était notre première expérience à jouer vraiment du reggae. Et une approche complètement différente : nous avons enregistré tout piste par piste et, parfois, nous avons fait plusieurs prises parce que nous voulions que ce soit parfait. Tout était édité sur l’ordinateur. Au moment où il est sorti, j’ai vraiment aimé. Mais après avoir goûté à l’expérience des sessions d’enregistrement analogiques, en direct, et entendu le son que cela donnait, j’étais totalement époustouflé par la différence !

Que s’est-il passé pour le groupe depuis la sortie de Land Of The Free en 2012 ?
Land Of The Free a changé beaucoup de choses pour nous. L’album a été numéro 1 des charts reggae allemands et, tout d’un coup, nous avons été vus et appréciés par une bien plus large audience, pas uniquement en Allemagne, mais aussi dans les autres pays d’Europe, et même aux Etats-Unis, en Amérique Latine… Nous avons fait une tournée en Allemagne, Autriche et Suisse et, l’hiver 2012, nous avons fait notre première tournée américaine, incluant plusieurs émissions de radio, c’était super ! Au final, nous avons joué dans les plus grands festivals, ici, en Allemagne, comme le Summerjam. Tout ça a constitué un grand pas en avant pour nous.

Quand avez-vous commencé à travailler sur Keep Planting Seeds ?
Nous avons commencé à travailler sur les chansons l’été 2013, avec une entière pré-production faite dans mon studio, au sud de l’Allemagne. Ce studio, j’ai commencé à le construire juste après les enregistrements de Land Of The Free. J’étais tellement inspiré par le son analogique que je voulais qu’il soit le plus analogique possible. Ainsi, l’Analogvibes studio dispose d’une console analogique et de beaucoup d’effets qui ont été fabriqués dans les années 1960-70, et il a même une machine à bandes.  Nous nous y sommes retrouvés un certain nombre de fois, nous avons jammé pendant 3-4 jours et nous avons tout enregistré. Ensuite, nous avons écouté et choisi les idées que nous aimions. Les enregistrements étaient prévus pour décembre 2013, donc nous nous sommes vus un peu avant pour répéter les chansons que nous voulions sur l’album.

Ce nouvel album a été enregistré dans un contexte inhabituel, le décès de votre bassiste Dublex… Comment peux-tu résumer l’esprit et l’inspiration de cet album ?
Comme je l’ai dit, nous avons commencé à travailler sur l’album à l’été 2013. Au printemps, la tumeur au cerveau de Dublex a été diagnostiquée. Je me souviens encore quand tout a commencé, car nous avions un concert avec Groundation, en Allemagne, la nuit juste avant l’intervention. Il était à l’hôpital tout l’été, nous l’avons sorti de là une paire de fois sans que sa famille ne le sache. Lex vivait pour la musique et ne pas pouvoir jouer de la basse le rendait complètement fou. Une fois, nous l’avons sorti de l’hôpital et avons jammé dans notre studio. Il nous répétait souvent que jouer de la musique avec nous l’aider à garder la force de surmonter cette épreuve. Une autre fois, nous l’avons sorti parce que nous étions programmé au Summerjam Festival et ça avait toujours été le rêve de Dublex de jouer là, alors nous devions le faire !
Pour revenir sur le nouvel album, pendant cette période, il m’appelait souvent en me disant qu’il avait des idées pour l’album, mais il n’avait pas la possibilité de les enregistrer. J’ai pris du matériel d’enregistrement portable, une basse et ma guitare acoustique, j’ai roulé 150 km jusqu’à l’hôpital et nous avons enregistré ses idées directement dans sa chambre. Nous les avons ensuite utilisées et créé des chansons en fonction d’elles. Musicalement, on peut dire qu’il y a un peu de Dublex dans cet album. Mais l’esprit et l’inspiration qu’il a contribué à apporter à cet album va bien plus loin que ça. Il faut que tu saches que Dublex est l’un des mecs les plus sympa que j’ai connu, mais il était aussi celui qui nous rappelait toujours la chance que nous avions de vivre ce que nous vivions, que nous vivions notre rêve et que nous avions trouvé notre liberté dans la musique. Parce que lorsque nous jouons de la musique et célébrons le roots reggae ensemble, nous pouvons oublier nos peurs, nos peines, notre douleur. Là, si tu reprends ce que j’ai dit, tu as déjà le titre de deux chansons ! Même si le titre de l’album est inspiré par Lex, d’une certaine manière, nous avons traversé une période très difficile après sa mort, mais nous voulons continuer de planter des graines !

Vous avez enregistré les chansons exclusivement en session live analogique au Fully’s Kitchen Studio de Fullwood. Pourquoi avoir fait ce choix ?
Je t’ai parlé de mon studio. Nous aurions pu enregistrer le nouvel album là, mais nous avons décidé de retourner en Californie, pour plusieurs raisons :
1. Nous voulions encore travailler avec Fully, parce que c’est un génie de la musique ! Il était déjà devenu un vrai ami et un frère pendant que nous travaillions sur Land Of The Free. Depuis le début, il sait exactement comment ça doit sonner.
2. Au studio de Fully, c’est lui le producteur, nous sommes les musiciens, c’est donc lui qui prend les décisions. Si tu sais que tu peux faire confiance au mec qui décide, parce que tu sais qu’il sait exactement ce qu’il fait, c’est un grand avantage !
3. Nous n’étions pas dans notre environnement quotidien, ce qui nous permettait de nous concentrer complètement sur la musique, tu vois ce que je veux dire ?
4. En dehors de ça, travailler avec Fully signifie qu’il n’y aura qu’une seule prise, peut être une deuxième, mais c’est tout. Nous avons du nous y habituer, parce que les erreurs peuvent arriver. Particulièrement dans le reggae, il est question de vibrations et non de perfection. C’est ce que nous a enseigné Fully.
5. Et aussi, la Californie est très agréable ! Particulièrement en hiver, par rapport à l’Allemagne ! (rires)

L’EP 4 titres Inspiration, extrait de Keep Planting Seeds, est disponible en téléchargement gratuit sur la Toile. Est-ce un aperçu de l’album, en quelque sorte ?
Oui, mais seulement deux chansons de l’EP sont sur l’album. Les deux autres sont exclusivement disponibles sur l’EP. Après tout ce qui est arrivé, nous avons été absents pendant un certain temps et, avec cet EP, nous voulions annoncer notre retour, dire merci et offrir quelque chose de spécial à notre public. (http://www.soulrise.analogvibes.net/ / https://soundcloud.com/reggaeville/sets/martin-zobel-soulrise-inspiration-ep)

Y a-t-il des concerts prévus en France et en Europe prochainement ?
Tout d’abord, nous allons faire une tournée en Allemagne, en Autriche et Suisse, en février et mars 2015, et bien sûr, quelques festivals. J’espère que nous donnerons aussi des concerts en France ! Les gens nous disent souvent que nous devrions venir en France, parce que les massives français apprécient vraiment le bon roots reggae. Bien sûr, nous aimerions venir, mais nous n’avons pas encore de tourneur attitré là-bas…

Quels sont les projets pour les prochains mois ?
Nous allons à Paris ! (rires) Keep Planting Seeds est sorti dans beaucoup de pays et il y a encore du travail à faire. Depuis le 17 novembre, le disque est enfin disponible en France, et le 21 novembre arrive une édition vinyl ultra limitée. Nous avons une tournée promotionnelle des radios à Paris, du 26 novembre au 2 décembre, pour présenter Keep Planting Seeds au public français. Pour finir, nous travaillons sur un nouveau set live pour 2015… et nous sommes aussi activement à la recherche de partenaires booking afin de venir jouer en France !

Simba