samedi 27 décembre 2014

SOJA - Par amour

Quel plaisir que de retrouver SOJA avec ce Amid The Noise And Haste à la hauteur de leur réputation ! Interview avec Jacob Hemphill, de retour d’une tournée à Hawaï, le temps d’une pause, avant de reprendre la route et parcourir le monde avec ce nouvel excellent album.

A la formation du groupe, pensais-tu que vous seriez encore ensemble pour un cinquième album ?
Aujourd’hui, je ne peux pas imaginer arrêter de faire des albums ! Mais, à la sortie du premier (Peace In A Time Of War), je ne pensais pas aussi loin que cinq albums. Pouvoir réaliser et enregistrer le premier avec Jim Fox aux Lion & Fox studios était un grand exploit ! Nous cherchions un endroit, mais c’était trop cher partout. Notre batteur, Byrd, a réussi à nous avoir une offre aux Lion & Fox studios. C’est comme ça que nous avons rencontré Jim. Il a accepté de faire chaque morceau en fonction de ce que nous pouvions mettre.

Quand et où avez-vous enregistré le nouvel album ?
Ça s’est fait au cours des deux dernières années. Une grande partie au Circle Village, les studios de Inner Circle à Miami, en Floride, et j’ai aussi enregistré la plupart des voix et guitares dans mon studio à Arlington, en Virginie. Les parties des artistes invités viennent de différents endroits dans le monde.

Peux-tu expliquer le sens du titre de l’album, Amid The Noise And Haste ?
Chacun des albums a un thème. Le dernier, Strength To Survive, portait sur la Terre et les êtres humains qui vivent dans la biosphère. L’avant-dernier, Born In Babylon, dit : « ok, je suis né dans un pays qui fait partie du premier monde, mais que puis-je faire pour que nous soyons tous unis ? » Amid The Noise And Haste est beaucoup plus personnel. Il s’agit de reconnaître la condition humaine. Au milieu de tout ce vacarme et cette hâte, nous pouvons percevoir que la vie est la plus belle chose qui existe. C’est en vous, c’est en moi, et partout autour de nous…

Il y a beaucoup de combinaisons sur celui-ci par rapport aux autres : 7 sur l’album et 2 parmi les bonus de la version numérique. Avez-vous écrit ces chansons ensemble ou seul de ton côté avant de les inviter ?
J’écris généralement les chansons seul, dans un premier temps, juste avec ma guitare. Pour chaque titre qui a fait l’objet d’une collaboration, nous avons d’abord réfléchi à son sujet et, ensuite, nous avons pensé à l’artiste qui pourrait nous accompagner et contribuer à son message.

Sur « Your Song », on retrouve Damian Marley. C’est votre première collaboration ?
Oui, c’était la première. « Your Song » parle du fait d’être tout le temps sur la route. Au moment où on commence à s’intéresser à autre chose que gagner plus de renommée ou de succès, et que ce que l’on veut vraiment, c’est juste avoir sa vie. Dans ces moments-là, le seul réconfort que l’on peut trouver se trouve dans le public. Quand ils lèvent leurs mains et chantent, ça vous rappelle alors pourquoi vous faîtes tout ça. Quand nous avons songé à un invité sur ce titre, nous nous sommes dit qu’il faudrait quelqu’un qui comprend le fait d’être longtemps en déplacement. Evidemment, nous avons pensé à Damian Marley, qui est dans le reggae depuis tout petit. Travailler avec Damian était vraiment spécial, pas parce que nous nous sommes rapprochés de Bob Marley, mais parce que c’est un artiste au talent exceptionnel !

« She Still Loves Me » était sur Strength To Survive en version acoustique. Elle est aussi sur Amid The Noise And Haste en collaboration avec Collie Buddz. Pourquoi avoir décidé de faire cette nouvelle version ?
Toutes mes chansons commencent en acoustique. Elle s’est retrouvée sur Strength To Survive, mais nous savions que nous allions l’explorer davantage.

Sur Strength To Survive, il y a aussi une version de « Everything Changes » avec le groupe français Danakil et une autre avec l’Allemand Gentleman. Est-ce que ces collaborations ont contribué à vous donner envie d’en faire davantage sur celui-ci ?
J’ai toujours aimé travaillé avec d’autres artistes. Nous avons toujours fait beaucoup de combinaisons, remix et clips. La musique est encore plus agréable en collaborant et en expérimentant !

Pourquoi avoir choisi Danakil ?
Mon manager Elliot m’a fait écouter leur musique. C’était un plaisir de travailler avec Danakil sur « Everything Changes ». J’espère que nous aurons d’autres occasions, et que nous pourrons faire des concerts ensemble !

« Better » est une de mes chansons préférées sur votre nouvel album. Quelle est son histoire ?
« Better » est la suite de « Wait ». « Better » parle de ce moment où l’homme et la femme demandent de l’aide. Ça dit : « Regarde, nous sommes follement amoureux. Nous ne pouvons pas rester si éloignés. Mais je l’ai blessée et elle m’a blessé tellement de fois, que ce que nous avons est brisé. Pourtant, l’amour est toujours là… Alors, que faisons-nous ? » Dans le premier couplet, c’est moi qui demande. Dans le second, c’est elle. Le troisième couplet, nous nous rendons compte que nous ne savons pas comment faire mieux…

Tes paroles restent très humaines et sensées. Que penses-tu de la situation dans le monde actuellement ?
Je pense que l’amour n’a pas la place qu’il devrait avoir. Nos décisions sont de plus en plus liées à l’argent, plutôt qu’au bonheur, à l’amour et l’unité. Mais j’espère que nous nous dirigeons dans la bonne direction.

Penses-tu comprendre mieux la vie maintenant qu’auparavant ?
Je me rends mieux compte que je n’ai pas réponse à tout. Plus le temps passe, plus il y a de questions… « When We Younger », sur Strength To Survive, parle justement de ça. Nous pensons que nous savons tout, mais, en vieillissant les réponses se transforment en questions. Pourquoi sommes-nous ici ? Quel est le but de la vie ? Y a-t-il un Dieu ?... J’avais des certitudes là-dessus, mais, aujourd’hui, je me pose des questions.

SOJA a vendu plus de 200 000 albums et a des fans partout dans le monde ! Que penses-tu de ce parcours ?
Je ne vois pas les choses en terme d’albums vendus. Pour moi, ce qui compte c’est de savoir si oui ou non j’ai quitté ce monde pour quelque chose de meilleur que quand j’y suis entré. Les commentaires les plus gratifiants, c’est quand un fan me dit qu’une chanson en particulier l’a aidé à traverser une période difficile de sa vie ou qu’elle l’a aidé à changer son point de vue sur quelque chose…

Le mot de la fin ?
L’amour est tout ce dont vous avez besoin.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #38 - octobre/novembre 2014)

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