lundi 30 juillet 2012

Vibronics

Si la scène dub made in UK possède une réputation largement méritée, Vibronics y a assurément contribué. Après UK Dub Story en 2008, le nouveau projet du producteur anglais concerne notre beau pays : The French Connection contient 15 remixes de morceaux composés par la crème de la scène dub française…
Influencé par des courants musicaux variés (punk, rock, jazz, soul), Steve Vibronics considère comme ses mentors King Tubby, Scientist, Augustus Pablo, mais aussi les anglais The Disciples et Dub Judah. Si sa musique et son style ont évolué en quinze ans, il le doit en partie au développement des nouvelles technologies et à l’acquisition de l’expérience. L’équipement qu’il possédait à l’origine n’a rien à voir avec ce qu’il peut avoir à sa disposition aujourd’hui… Aussi, Vibronics ne serait pas vraiment Vibronics sans le collectif d’artistes avec lequel travaille Steve, comprenant Richie Rootz, Echo Ranx, Madu, I-mitry… En 1999, Steve et Richie Rootz fondent le label Scoops pour sortir leurs propres productions, au nombre de 43 depuis sa création. Et Steve travaille actuellement sur celles de cet été avec Demolition Man, Professor Natty, Ras Tweed…, ce qui ne l’a jamais empêché de collaborer avec de nombreux autres labels comme Universal Egg, Jarring Effects, Jah Tubbys… La discographie de Vibronics n’est pas négligeable. De nombreux singles, plusieurs albums, et le dernier, French Connection, qui met à l’honneur la scène dub de l’Hexagone. Ayant toujours apprécié la France, depuis la première fois qu’il y a joué en 1997, il a vu le dub y grandir avec des sound systems, des artistes, des producteurs influencés par la scène anglaise, mais qui ont su créer leur style et la force d’une identité propre. C’était donc tout naturel de créer un lien entre l’Angleterre et la France autour d’un tel album, dont le résultat est plutôt orienté stepper. La plupart des artistes qui y figurent sont des amis, même s’il n’a pas été possible de faire de la place pour tout le monde (High Tone, Zenzile, Brain Damage, Weeding Dub, Ezekiel, OBF, Kanka, No More Babylon…). En pleine diffusion de la French Connection, Vibronics passera par de nombreuses villes de France dans les prochaines semaines, avant de se rendre au Brésil, en Belgique, Italie, Croatie… Bon trip.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #24 - juin/juillet 2012)

dimanche 29 juillet 2012

High Damage

Vous connaissez High Tone et avez certainement entendu parler de Brain Damage. Voici venu High Damage, ou la fusion de deux entités pionnières du dub hexagonal. Il s’agit du 5ème volet du projet In A Dubtone Sessions lancé par les Lyonnais en 2002 (rencontrant successivement Kali Live Dub, Improvisator Dub, Wang Lei, Zenzile), et animé par l’idée d’inventer un nouveau style de dub en France.
Plus d’une décennie en arrière, les membres d’High Tone rencontrent Brain Damage, partageant scènes et remixes grâce à leurs affinités musicales. Le moment était venu de « franchir le cap et de travailler ensemble le temps d’une année pour deux tournées et un album commun : c’est High Damage ! ». Se distinguant des précédentes rencontres des Dubtone Sessions, au projet phonographique s’ajouterait une tournée en deux parties, à l’automne 2011 puis au printemps suivant, avec la sortie de l’album chez Jarring Effects entre les deux. Du côté High Tone, cinq musiciens jouant basse, batterie, guitare, synthé, platines ; du côté Brain Damage, Martin Nathan, continuant seul l’aventure, suite au départ du bassiste Raphaël Talis. Au printemps 2011, ils composent l’intégralité des morceaux et se retrouvent, à l’automne, pour finaliser l’ensemble en répétition. En décembre, ils entrent en studio et enregistrent le disque avec leurs techniciens respectifs. Avoir d’abord composé pour la version live offre une réelle continuité entre les enregistrements audio et les prestations scéniques. Surpris par la présence et la longévité de la scène dub, les six musiciens ne se lassent pas d’explorer ses possibilités. Le show d’High Damage n’est pas banal : « En live, c’est trois heures de musique sans interruption ! En première partie, Brain Damage sound system chauffe l’ambiance en jouant au milieu du public. Puis, il est rejoint, progressivement, par les musiciens d’High Tone pour le set d’High Damage. Enfin, High Tone conclut la soirée. Comme d’habitude, l’accent est mis sur la vidéo et la lumière. Il reste encore des dates jusque fin juin, mais le projet est éphémère, c’est ici et maintenant ! Après, il sera trop tard ! » Une fois l’expérience High Damage aboutie, High Tone compte donner une suite au projet Dub Invaders. Quant à Brain Damage, la refonte du concept poursuit son cours avec un album et une tournée prévus pour octobre prochain. A noter, la sortie, le 23 avril dernier, d’un EP 4 titres Brain Damage Dub Sessions feat. Sir Jean.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #24 - juin/juillet 2012)

samedi 28 juillet 2012

Surviv'All

Six musiciens (Jahknow à la basse, Cy à la batterie, Djiko et Théo aux guitares, Charly et Tof aux claviers) accompagnés de deux chanteurs, Marina P et Jules B, composent Surviv’All. En 2004, les deux voix intègrent définitivement le combo parisien et leur choix s’arrête sur ce nom, à la fois hommage au mythique album de Bob Marley et - avec une telle orthographe – volonté de signifier leur unité et complicité.
Issus d’horizons musicaux et culturels divers, tous se connaissaient depuis plusieurs années et avaient l’envie commune de « monter une formation dans laquelle chacun puisse participer à la même enseigne aux compositions et aux arrangements avec sa propre interprétation. » Dans la société actuelle, il faut se battre pour survivre et c’est cette idée qu’évoque leur patronyme. Ils multiplient les scènes et un maxi autoproduit, Living Reggae, sort en 2007. Premier fruit de leur collaboration, il est enregistré live dans un studio à la campagne. Il donne l’occasion à chacun de s’exprimer à travers le groupe, leur permet de se faire connaître et de financer la suite de leurs projets. Depuis quelques mois est disponible leur premier album, Daily Resistance. Du temps a été nécessaire pour le réaliser, car ils se sont appliqués à concilier les envies des huit musiciens. Le résultat leur correspond parfaitement. Le reggae prédomine, avec des pincées de soul, world, hip-hop, chanson…, aucune barrière musicale n’étant fixée. Sur 17 titres enregistrés, 13 ont été choisis pour former la tracklist de cette « Résistance Quotidienne », avec l’aide de leur ingénieur du son Roro, pour l’enregistrement, le mixage et le mastering. Ce titre est un clin d’œil à un de leur morceau, encore inconnu du public. « Il résume parfaitement notre état d’esprit face à une mondialisation de l’information et un capitalisme financier banalisé. Etre arrivé à produire cet album par nos propres moyens a été notre façon de résister… » Une musique militante qui s’exprime contre l’exclusion, l’exploitation et les pouvoirs en place. Et même si le message s’inspire de ce qui dérange, il est toujours retranscrit de manière positive. Avec ce premier opus et leur site internet en pleine construction, les Surviv’All comptent bien faire parler d’eux, prévoyant un maximum de scènes, des nouvelles collaborations - on parle notamment de Tu Shung Peng - et continuer, bien sûr, de résister…

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #24 - juin/juillet 2012)

vendredi 27 juillet 2012

Red Eyes Band

Formation alsacienne avec, à son actif, plus de 200 concerts en France, Allemagne et Suisse, le Red Eyes Band a été fondé au début des années 2000 autour des valeurs d’amitié et de partage. Complétant les classiques chant, batterie, basse, guitare, clavier… à l’aide de mélodica, percussions, flûte traversière et chœurs, l’alchimie des 9 musiciens, exposée sur le premier opus, révèle leur couleur musicale atypique.
Réunis autour de leur goût pour le reggae (Groundation, Midnite, Alborosie, Dub Inc…), les membres du groupe y ont apporté des influences variées (électro dub, hip-hop, chanson française, musiques orientales et balkaniques…) qui leur donnent cette sonorité atypique. Une fois chacune justement dosée, on obtient ce reggae créatif et original propre au Red Eyes Band. Ce groupe, qui se veut à la fois spirituel et dénonciateur, souhaite divulguer, par le biais de la voix de Gill’us, un message sincère et porteur de sens, défendant des valeurs humanistes ou abordant avec davantage de légèreté le quotidien, toujours dans l’enthousiasme, sur support audio comme sur scène. Une première démo en 2004, Premiers Regards, est suivie d’une seconde, en 2006, Evolution. Leur premier opus a fait son apparition au printemps 2011 et il porte le nom d’Alchimie. « Cet album représente le début d’une étape, celle d’avoir mis un mot sur notre histoire... Le style du Red Eyes Band est un reggae roots aux accents hip-hop, dub électro et dancehall. » Le résultat de douze ans à côtoyer et échanger avec les nombreux artistes et associations de la scène reggae en Alsace (Spirit Revolution, Tribuman, Unity Vibration…) et aux frontières suisse et allemande (Skarra Mucci, Sugar Daddy…). Alchimie a été enregistré au studio One Drop du groupe Scrucialists à Bâle, avec l’ajout d’une section cuivre et le soin d’obtenir des sonorités live de ce travail en studio. Il accueille quelques artistes renommés : Takana Zion, Solo Banton et Claudio Capéo. C’est sur scène que l’alchimie du Red Eyes Band s’opère, ayant envie de faire transpirer mais aussi d’interpeller et de surprendre le public. Débutant actuellement une période d’un an de collaboration avec le Centre de Ressources Les Dominicains de Haute-Alsace pour un travail scénique et sonore, c’est entouré de professionnels que le groupe va pouvoir poursuivre son évolution et expérimenter d’autres univers musicaux.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #24 - juillet/août 2012)

mercredi 25 juillet 2012

Barrington Levy (20 juin 2012 - La Kulturfabrik - Esch-sur-Alzette)

Barrington Levy était à la Kulturfabrik mercredi 20 juin dernier. Evènement de taille, en ce jour de veille de la Fête de la Musique, organisé par Irie Crew, Melting Pot et la Kulturfabrik. Pour lui ouvrir la voie, Bossmen et Bass Maker étaient aussi à l’affiche.
Barrington Levy fait partie des artistes incontournables du reggae. Aussi bien, grâce à sa voix incomparable, à des titres qui sont devenus des classiques, qu’à sa carrière musicale qui perdure et continue de s’écrire. Son nom n’évoque pas que quelques tubes, ni ne fait partie de ceux qui ont trouvé leur style deux ou trois décennies plus tôt et ne l’ont plus quitté invariablement. Barrington Levy, c’est « Black Roses », « Murderer », « Under Mi Sensi », « Here I Come », « Raggamuffin »… bien sûr ! Mais aussi, une trentaine d’albums, d’innombrables singles, des featuring notables, son timbre de voix toujours aussi provocateur de frissons, et le talent de retourner n’importe quel public partout où il passe. Barrington Levy est une sorte de légende vivante, dont vibrations et énergie demeurent intactes. Sa venue à la Kulturfabrik méritait tous les honneurs et a conquis tous les amateurs de reggae présents comme il se doit. Respect.

Simba

lundi 23 juillet 2012

Romain Virgo - The System (VP)

En pensant à Romain Virgo, immédiatement, c’est « Who Feels It Knows It » qui vient à l’esprit. Ce titre phare de l’année 2010, sur le Serve & Protect riddim, ne risque pas de tomber dans l’oubli. Le premier album, intitulé Romain Virgo, sorti chez VP, a agréablement confirmé qu’il s’agissait d’une nouvelle tête montante de la scène nu-roots. Deux ans sont passés, quelques singles qui ont permis de patienter, et voici un second opus : The System. Calibré comme le précédent, Romain Virgo revient avec sa douce voix et des propos réfléchis sur fond de rythmes one drop. La recette est efficace, une nouvelle fois. On retrouve « The System » version acoustique, « I Am Rich In Love », « I Know Better », « Don’t You Remember »…, on découvre « Minimum Wage », « Not Today », « Broken Heart » featuring Busy Signal…, et l’ensemble de la tracklist passe sans la moindre objection. Il y a de quoi prendre goût à son style et compter sur l’artiste. Poursuivant dans la même lignée, The System est tout ce qu’on pouvait attendre, et c’est un réel plaisir.

Simba

Tracklist :
01. The System
02. Minimum Wage
03. Another Day Another Dollar
04. Food Fi The Plate
05. Dem A Coward
06. I Know Better
07. Mama’s Song
08. Not Today
09. I Am Rich In Love
10. Ray Of Sunshine
11. Fantasize
12. Fired Up Inside
13. Don’t You Remember
14. Broken Heart feat. Busy Signal
15. Press On

lundi 16 juillet 2012

Busy Signal - Reggae Music Again (VP/Wagram)

Depuis ses débuts, Reanno Gordon aka Busy Signal s’est imposé comme une figure indispensable de la scène jamaïcaine actuelle. Révélé avec le titre - et l’album du même nom, « Step Out », immédiatement il apparaissait que le dancehall lui allait comme un gant et qu’on pouvait lui faire confiance en la matière. Si bien que l’artiste s’est également dévoilé, au fil du temps, excellent lover, parfois conscient, et même spirituel, avec tout autant de talent (« Missing You », « Peace Reign », « Protect Me »…). Ce 4ème opus est à la hauteur de la réputation du représentant du Gully side. Reggae Music Again, voilà un titre qui en dit long. Retour aux sources et exploration soignée du reggae à la fois authentique et moderne, guidés par Busy Signal, n’oubliant pas les origines. Assurément, ce disque ne passera pas inaperçu, véritable apport pour la culture musicale comme pour l’évolution de l’artiste. Cette parenthèse reggae est une merveille… Introduits par quelques propos tenus par le Jamaïcain d’un souhait d’une musique positive et conclus par son intention, les 14 titres illustrent la complicité parfaite de la voix et du flow de Busy Signal sur des rythmes one drop et des instruments qui sonnent. Comment ne pas aimer « Royal Night », « Kingston Town », « Running From The Law » ft. Romain Virgo et Esco Levi, « Jah Love », « Sweetest Life » ou encore la version acoustique de « Comfort Zone » ? Cet album est savoureux du début à la fin. Bien que sa sortie ait été suivie de près par l’arrestation de l’artiste, musicalement parlant, celui-ci n’a pas commis le moindre faux pas… Ses trois précédents opus méritaient déjà une bonne place dans toute collection. Celui-ci, qui montre le lien naturel et cohérent entre roots et dancehall, également. Et d’autant plus qu’il pourra certainement convaincre un plus large public. Un seul mot : indispensable ! Let’s play Reggae Music Again.

Simba

Tracklist :
01. Busy Thoughts: Positive Music
02. Run Weh
03. Modern Day Slavery
04. Reggae Music Again
05. Come Over (Missing You)
06. Royal Night
07. Kingston Town
08. 119 feat. Anthony Redrose & Joe Lickshot
09. Fire Ball
10. Wicked Man
11. Running From The Law feat. Romain Virgo & Esco Levi
12. Busy Thoughts: Music From The Heart
13. Jah Love
14. Part Of Life
15. Sweetest Life
16. Comfort Zone Accoustic Remix
17. Busy Thoughts: My Intention

mardi 10 juillet 2012

Abdou Day / Tony Nephtali & 57 Roots Band / Tidacoustyk (19 mai 2012 - Les Trinitaires - Metz)

Pour commémorer simultanément la date de l’abolition de l’esclavage et celle de l’anniversaire de la mort du grand Bob Marley, Les Trinitaires accueillaient quelques représentants connus du reggae mosellan : Abdou Day, précédé par Tidacoustyk et Tony Nephtali & 57 Roots Band, samedi 19 mai 2012 dès 20h.
Le trio de Tidacoustyk est le premier à grimper sur la scène de la Chapelle. Nouvelle occasion d’entendre leur reggae rafraîchissant, à retrouver sur leur premier opus, Prologue, où figurent notamment « Il Ramène Le Soleil », « Pas Le Temps », « Mad Moizelle »…
Changement de plateau, au tour de Tony Nephtali & 57 Roots Band de ravir l’assistance présente avec des sonorités roots et des vibrations conscientes et spirituelles, « I n I », « Everyday », « Love Jah Forever », « Laisse Les Croire », « Empress »…
Après une courte pause et la lecture d’un texte par Marius Renaud, c’est maintenant à Abdou Day de faire jouer la musique. Avec ses albums Libre et Tous Egaux, Abdou Day n’est pas passé inaperçu et a su personnaliser son reggae avec ses origines, ce qu’on appelle le reggassy, sachant toujours comment, avec l’aide de ses musiciens, emporter le public dans la danse. Introduction avec « Redemption Song » et « Three Little Birds », puis le sublime « Your Love », « Elle », « We Can Live Together », et encore  « Andeha », « Mes Frères », « Cool Rasta »… Les enfants dansent devant la scène ; le reste de la salle en fait autant ; comment ne pas se laisser doucement emporter. Tony Nephtali et Tida le rejoignent pour le final, sur « War », et ils ne sont pas les seuls à chanter…
Une excellente soirée et de bons concerts qui ont honoré le reggae dans sa diversité et ses valeurs comme il se doit, bien que l’évènement méritait une salle encore plus comble.

Simba