mardi 21 avril 2020

Chinese Man - 15 ans - Interview

Le label Chinese Man Records fête quinze années d’activité ! Interview avec le boss Frédéric Maigne et les membres de Chinese Man pour évoquer les débuts de l’aventure jusqu’à la tournée des quinze ans, qui démarrera au printemps prochain, après la sortie d’un nouvel album réunissant Chinese Man, Scratch Bandits Crew et Baja Frequencia, The Groove Sessions Vol.5.

Pensiez-vous que l’aventure Chinese Man Records pourrait durer aussi longtemps ?
Frédéric Maigne : Pas vraiment... C’est l'idée de faire vivre des projets multi-artistiques qui a fait naître le collectif. Le premier, initié par les trois membres de Chinese Man, a été de sortir un vinyle à 500 exemplaires vendu de main en main, en 2004.
Sly (Chinese Man) : On ne peut pas dire que l'objectif à ce moment-là était de créer ce que CMR est devenu aujourd'hui. Mais le succès rencontré par le groupe et les opportunités ont fait que nous avons pu professionnaliser la structure.

Quel souvenir gardez-vous de la création du label ? Est-ce que ça avait été facile pour vous à l’époque ?
F. M. : Le label s'est créé sous la forme d'un collectif et pas d'un pur label de musique. Les choses ont beaucoup évolué au fil des années, pour passer d'un projet entre potes assez « artisanal » au label/tourneur qu'il est devenu.
High Ku (Chinese Man) : A l'origine du collectif, avec Matteo et Sly, nous nous sommes attelés à sortir notre premier projet, Pandi Groove. Notre but était de sortir un vinyle pour pouvoir le jouer en soirée. En fait, il a suffit de réunir assez d'argent pour presser 500 exemplaires !
F. M. : En parallèle, le collectif s'est assez vite lancé dans la production vidéo avec les deux premiers clips de l’album. Les trois événements marquants de la première année sont la sortie du vinyle Pandi Groove, le tournage du premier clip et la première soirée à Marseille Pandi Night en 2005.

Quels ont été les projets qui ont suivis ? Les premiers artistes avec lesquels vous avez travaillé ?
F. M. : Entre 2004 et 2007, il y a eu trois vinyles de Chinese Man, qui ont été réunis sur le premier CD sorti en 2007, The Groove Sessions Vol.1. Les titres étaient alors composés uniquement par les trois membres de Chinese Man. Dès 2009 et la sortie du second volume des Groove Sessions, les premiers featurings apparaissent et certains titres sont également produits par des artistes du collectif de la première heure, comme Leo Le Bug, par exemple.
Matteo (Chinese Man) : Nos premiers featurings viennent tous de la Bay Area, des rencontres faites lors d’un des premiers voyages fondateurs du collectif, en 2006, à San Francisco. Nous avons rencontré Mophono et Philip Drummond, tous deux producteurs et DJ, qui nous ont présentés pas mal de MCs issus de la scène des battles hip-hop : Cyph4, Plex, Lush One… Ce sont aussi les premiers MCs américains qui sont venus avec nous en tournée quelques années plus tard, quand nous avons commencé à faire de grosses scènes.

Quels ont été les grands moments du label au cours de ces quinze années ?
F. M. : C'est difficile de choisir quelques moments, parce qu'on commence à avoir fait pas mal de trucs en quinze ans ! Le premier concert live en 2009 à l'Affranchi à Marseille, la première date en tourbus et la rencontre avec de grands artistes que tu as écouté toute ta vie et qui se retrouvent à côté de toi en backstage, les premiers grands festivals (Solidays, Francofolies, Garorock...), certaines tournées à l'étranger, les concerts en Zénith, notamment le 10 Years Tour avec Deluxe… Chaque rencontre artistique a été réellement marquante, avec Taiwan MC, puis Youthstar, Scratch Bandits Crew, Tumi, et plus récemment Baja Frequencia ou ASM…
H. K. (Chinese Man) : Forcément, nous avons de supers souvenirs de festivals, de rencontres, de tournées à l'étranger… Faire des morceaux avec Chali 2na (Jurassic 5) ou Johnny Osbourne, partager la scène avec Method Man et le voir faire un concert entier avec un t-shirt Chinese Man, partir en tournée en Asie ou en Amérique du Sud tous ensemble…

Y a-t-il eu des périodes plus difficiles ?
F. M. : Pas vraiment... Tous les projets n'ont pas abouti et certaines périodes sont moins roses, mais ça fait partie du jeu. L'ambition du projet CMR a toujours été raisonnable et raisonné, ça nous a permis de grandir à une vitesse gérable et de minimiser les erreurs. Parallèlement, pour faire tourner le label, gérer quotidiennement l'équipe qui s'est beaucoup agrandie et développer tous les projets des artistes et notre modèle 360°, cela nécessite d'y passer beaucoup de temps, d'y mettre beaucoup d'énergie et d'avoir une équipe motivée, passionnée et super investie... C'est le cas et c'est aussi ce qui fait avancer le projet !

Pour fêter cet anniversaire, une tournée est prévue en mars/avril prochain intitulé The Groove Sessions Live, qui suivra la sortie de The Groove Sessions Vol.5 en février, réalisé par Chinese Man, Baja Frequencia et Scratch Bandits Crew. Que prévoyez-vous pour le show ?
Sly (Chinese Man) : Les morceaux du GS5 seront le fil rouge de ce nouveau show et seront interprétés par les trois groupes réunis sur scène, accompagnés de Youthstar et Miscellaneous. Nous jouerons également les classiques de chacun pour marquer nos quinze ans. Évidemment, la vidéo aura une place importante dans le show avec une toute nouvelle scénographie !

Que trouvera-t-on sur ce nouvel album ?
H. K. (Chinese Man) : En février dernier, nous nous sommes exilés pendant quinze jours entre les Cévennes et la Lozère. L'idée était de mélanger les styles et les inspirations de chacun en privilégiant la spontanéité des productions. On pourra sentir l'énergie tropicale de Baja Frequencia, la technique et le savoir-faire aux platines de Scratch Bandits Crew et le côté mélodique de Chinese Man. La plupart des MCs les plus proches du label ont aussi été invités à participer à ce nouvel album.

Comment imaginez-vous les quinze prochaines années de Chinese Man Records ? Quels sont vos souhaits ?
M. (Chinese Man) : L'idéal serait que le label évolue comme il a évolué ces quinze dernières années, lentement mais sûrement, en gardant une dimension humaine et notre façon de faire.
F. M. : Globalement, nous essayons de faire évoluer la structure en nous appuyant sur l'équipe du label, sur tous les talents qui entourent chaque groupe, et en développant nos points forts. Nous avons envie de sortir plus de choses, mais de le faire bien, et de continuer à développer la partie booking. Beaucoup de projets sont en cours avec ASM, Taiwan MC, Baja Frequencia, Youthstar, Rumble, Matteo, et des surprises aussi… On ne va pas s’ennuyer pour fêter les quinze ans du label !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°69 - décembre 2019/janvier-février 2020)

mardi 14 avril 2020

Baco & Urban Plant

Le 4 octobre est sorti le single « Désolé Les Enfants » de Baco & Urban Plant, annonciateur de l’album Rocking My Roots pour le printemps prochain. Un ambitieux projet en trois volets illustrant son style unique, le R’n’G, qui allie au rock-reggae-rap, le goma et ses percussions traditionnelles.
Originaire de Mayotte, Baco est de retour, après quelques années de silence, avec un disque en hommage à la diaspora du peuple noir. Auteur, chanteur et compositeur, Baco commence la guitare électrique alors qu’il n’a que dix ans. Il grandit à Mayotte et débarque plus tard à Paris, passant de la forêt tropicale à la jungle du béton. Inventeur du R’n’G pour mélanger toutes ses diverses influences, il marie les musiques actuelles et traditionnelles, plonge dans ses racines et dans le monde environnant, pour les rythmiques comme les thèmes qu’il aime explorer. Après avoir sorti trois albums solos et deux en collaborations, il planche sur le projet Rocking My Roots qu’il veut aussi profond et complet que possible. Le premier single « Désolé Les Enfants » est sorti le 4 octobre dernier en CD et vinyle. Il est accompagné de quatre titres qui donnent un aperçu de l’album dans sa globalité, quelques mois avant sa sortie.
Rocking My Roots, c’est un cri d’alerte, alors qu’à Mayotte le béton remplace peu à peu la forêt. Le plus grand lagon du monde est en danger… Baco se veut le porte-parole d’une population déboussolée et déracinée face à une terre malade. Le premier volet de ce futur album est dédié au style pur qu’est le R’n’G ; le second restitue la diversité des styles de cette diaspora ; le troisième est un live de cette combinaison. Une version collector de Rocking My Roots incluant un double vinyle, un DVD et une BD sortira en quantité limitée, proposant ainsi un objet hybride qui élargit le projet. « L’idée première de cet album est de célébrer la création musicale des Afro-descendants, particulièrement ceux de l’Amérique du nord et de la Jamaïque, ainsi que la diaspora dans son ensemble, et poser cette création sur un socle ternaire du continent-mère, afin de lui donner un seul roulement, un seul mouvement. Ce style, le R’n’G, est un emboitement du « R »,  autrement dit le reggae, le rock, le rap, et du « G », autrement dit le goma, terme bantou qui signifie tambour ou toute percussion à peau. Il est symbolisé dans le style par la pulsation ternaire. Le premier volume de l’album illustrera cet emboîtement R’n’G. Le  second est consacré aux styles qui y sont associés. Quant au dernier volume, c’est un live expérimental qui revient à l’origine du style. » Baco sera en tournée dans toute la France avec les musiciens de Urban Plant, composé de Aboubass à la basse, Alex à la guitare, Christian Bourdon à la batterie, Abbe au clavier et au violon, Valérie Tribord aux chœurs et Plissman l’ingénieur du son. En concert le 25 octobre dernier à La Dame de Canton, à Paris, le groupe se prépare pour la tournée de Rocking My Roots et a hâte de faire sonner son R’n’G sur scène.

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°69 - décembre 2019/janvier-février 2020)

mardi 7 avril 2020

Mystical Faya

Alors que Chill Sessions tournent encore dans nos têtes et nos enceintes, Mystical Faya revient avec une nouvelle sortie reggae : Born Again, disponible depuis le 8 novembre, en CD, vinyle et digitale chez Khanti Records.
« Born Again signifie renaissance. Nous avons choisi ce titre parce que nous avions envie de prendre une nouvelle direction, trouver un nouveau son, une nouvelle identité. C'est le premier EP reggae avec tous les membres actuels du groupe. Comme un nouveau point de départ, c’est aussi le nom d’un morceau de l’EP qui parle de ce sentiment de renaissance que l’on peut ressentir lorsqu’on se relève de périodes difficiles… Les riddims ont été composés l'année dernière, suivis des textes et des arrangements, jusqu’au printemps », avance Loïc, le chanteur de Mystical Faya qui a enregistré dans son local entre novembre 2018 et mars 2019, avec Riké, son bassiste. « Puis, nous avons travaillé notre show pour la tournée de cette année, enchaîné une trentaine de dates et préparé la sortie de ce nouveau disque. Born Again contient cinq titres exclusifs, deux versions dub et un titre bonus. Nous avons sollicité quelques musiciens extérieurs, comme Zak, percussionniste, une section de cuivres menée par Tribuman sur le titre « Confusion » avec Marcus Gad… Grâce à son manager français, Thomas Garmier, Derajah est venu nous rejoindre à Besançon pour écrire avec nous « Jah Never Fail », le titre bonus qui était déjà sorti en digital fin 2017. Quant au mixage et au mastering, ils ont été réalisés au studio le Zèbre à Besançon par Thomas Jacquot, notre ingénieur du son. », confie Loïc, le frontman.
« Il était important pour nous de revenir assez vite vers le reggae après la parenthèse Chill Sessions. Nous avions envie de proposer au public de nouvelles chansons, dans la continuité des disques précédents, tout en faisant évoluer notre musique vers un style plus new roots. Nous avons cherché à innover en mêlant des sons électroniques et synthétiques à des sons plus classiques et traditionnels, tout en essayant de laisser transparaître davantage les influences musicales de chacun. Cet EP porte aussi un message moins engagé que le précédent album, Sleeping Souls, et des sujets auxquels chacun peut s’identifier. Les deux dubs sont l’œuvre de Riké. Une version dub de « What Goes Around » était une évidence pour nous tous. En revanche, ça a été une réelle surprise pour « Simplicity ». Riké nous a simplement dit qu'il avait quelque chose à proposer avec ce morceau et, cette version assez éloignée de l'originale, entre le dub et le remix, est des plus pertinentes ! » Avec ce nouvel EP en poche et leur renaissance musicale, les musiciens de Mystical Faya sont prêts à partager toutes leurs bonnes vibrations. « Nous avons vraiment hâte de reprendre la route en 2020 pour défendre cet EP en live ! En ce moment, nous bossons sur les arrangements du nouveau show pour le Born Again Tour, tout en commençant tranquillement à composer de nouvelles choses… Le clip de « Confusion » avec Marcus Gad va sortir et nous pensons à en tourner un autre, pour le titre « Youthman »… » À suivre ! 

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine n°69 - décembre 2019/janvier-février 2020)