samedi 2 mai 2015

Païaka - Avec le sourire

A l’été 2012, deux ans après la naissance du groupe, Païaka faisait son entrée avec un premier EP intitulé Red, suivi, début 2014, par son remix, Redder Than Red, issu de leur rencontre avec The Dub Shepherds. Les huit musiciens de Païaka continuent sur leur lancée avec la sortie de l’album Alive Anyway, fruit de leur détermination collective et d’un travail soigné. Entrevue – très conviviale – avec la formation auvergnate.

Le 26 janvier sort votre premier album, Alive Anyway. Comment s’est déroulée sa réalisation ?
Red était plutôt un recueil des deux premières années du groupe et on parlait déjà, à ce moment-là, du disque suivant. On voulait que ce soit un album réfléchi et abouti, avec une vraie esthétique et une cohérence entre les morceaux. En 2012, on a donc commencé à travailler sur de nouveaux riddims, parallèlement à la tournée de Red. Les premières sessions de la maquette ont débuté en 2013, on en a fait plusieurs sur l’année pour faire mûrir les compositions et les arrangements. En décembre 2013, on a démarré les premières sessions et, début 2014, on est entrés en studio pour les prises rythmiques définitives. De février à juin, on a enregistré les claviers, guitares, cuivres et percussions additionnelles, les chœurs et les voix lead. Le mixage a eu lieu en juillet/août 2014, et on a travaillé sur le mastering en septembre. L’objectif était de prendre le temps pour faire les meilleurs choix à chaque étape. Pour nous, Alive Anyway est l’aboutissement de deux années de recherche et de création, aussi bien identitaire que musicale.

Le titre est plutôt positif. Quel était l’état d’esprit du groupe à la naissance de ce projet ?
Le titre est tiré de la cinquième chanson de l’album, « One Man Is Smiling », qui parle de la chaleur que peut transmettre un sourire, à la fois simple et inexplicable. C’est aussi une sorte de synthèse de tous les sujets évoqués dans cet album. Beaucoup parlent d’une quête d’identité, individuelle ou collective, et notre recherche musicale va aussi dans ce sens. Chacun contribue à un monde rempli de diversités, de merveilles mais aussi d’atrocités. A partir de là, nos textes, qu’ils soient légers ou graves, sont optimistes sur notre monde et sa capacité à réagir face aux défis qui lui sont lancés.

Comment s’est répartie la composition des titres entre les membres du groupe ?
Dans Païaka, on a un processus de composition vraiment collectif. Produire un morceau est quelque chose d’assez long, d’autant plus qu’il faut que chacun des huit musiciens s’y retrouvent ! En période de création, il y a beaucoup de débats et d’argumentation, chacun se permet de donner son avis sur la partie des autres. On a toujours fonctionné ainsi, ce qui nous a appris à communiquer sainement et contribué à souder le groupe.

Où et avec qui a été enregistré l’album ?
Il a été enregistré à Improve Tone Studios, dans la campagne auvergnate. On connaissait bien les lieux, puisque c’est là qu’on a enregistré notre premier EP ! Le studio a été créé quasiment en même temps que le groupe. Il évolue au même rythme que nous et la relation avec le gérant est vraiment bonne. Pour les prises et le mixage, nous avons travaillé avec Antoine Aubert, notre ingénieur du son, qui a fait un boulot remarquable du début à la fin. Sur les prises, nous avons eu l’appui et l’expérience de Stéphane Blaëss (Fela Kuti, No More Babylon…).

Le premier extrait, « Like A Candle », est disponible en single et en clip depuis le 24 novembre. Que raconte ce morceau ? Pourquoi ce choix d’un clip réalisé en plan-séquence ?
Notre vie, on la voit dans le prisme de la musique depuis deux ou trois ans maintenant, et peu importe ce qu’en disent les autres, les remarques, les critiques et les obstacles… Ce que nous voulons, c’est profiter de cette chance de pouvoir vivre de sa passion. Nous faisons beaucoup de sacrifices pour cela, passons beaucoup de temps sur les routes, en répétition, en résidence, en studio… Le temps passe très vite quand tu as ce rythme de vie, tu ne t’économises pas. Un peu comme une bougie : plus la flamme est belle, plus la mèche se consume. On assume ce choix et c’est ce qu’explique « Like A Candle ». En racontant l’histoire de la chanson à Alice, la réalisatrice, nous avons décidé de filmer le processus de création d’un morceau, de l’idée de départ jusqu’au concert. Le plan-séquence était évident. Pas de montage, pas de retouche ! Nous avons aimé soigner les détails, quitte à ne pas se simplifier la vie. Si tu regardes le clip, on change de vêtements à chaque scène, ce qui est une petite performance pour un plan-séquence !

Pourquoi avoir illustré la pochette de l’album avec le dessin d’une main colorée ?
Une main colorée… et ouverte ! On voulait mettre en image ce concept d’appartenance au monde vivant et à l’humanité. On a beaucoup discuté avec Lucie Auclair (artwork) et Quentin Pigeat (infographie) avant de les lancer sur le projet. Il y a eu un vrai travail d’équipe, d’échange et de réflexion.  Au final, cette main était une proposition de leur part, qui a tout de suite fait l’unanimité dans le groupe. Ils ont fait un super boulot sur cette pochette !

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Sur les arrangements live des nouveaux titres, pour que les morceaux soient percutants en concert. Nous allons aussi chercher à mettre en avant chacun des musiciens et profiter du projet dub Redder Than Red pour aller plus loin dans les effets. Nous entrons d’ailleurs bientôt en résidence pour finaliser ce boulot. Nous avons vraiment hâte de repartir en tournée ! Sinon, nous projetons de travailler sur un second clip. Il est aussi question d’un vinyle avec des remixes ou des versions dubs… Bien sûr, nous pensons déjà au prochain album, c’est plus fort que nous !

Le mot de la fin ?
Nous remercions tous les gens qui militent et défendent la culture, car beaucoup de choses changent en ce moment. En tant que moyen d’expression, elle est et sera toujours menacée. Nous remercions tous ceux qui s’intéressent, la défendent, la mettent en lumière, et qui vivent à travers elle. Big up à tous les lecteurs de Reggae Vibes !

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #40 - février/mars 2015)

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