jeudi 15 août 2013

Patko - Enfant de Jah

Né en Guyane française de parents surinamiens, Patko rejoint Paris en 2001, avant de s’installer à Grenoble, en 2005, où il mûrit son reggae new roots riche et diversifié, métissé des cultures sud-américaine, africaine, antillaise et occidentale. Auteur, compositeur et interprète, Patko présente son premier album, Just Take It Easy, sorti le 29 avril.

Peux-tu nous parler un peu de toi et de tes débuts dans la musique ?
Patko, c’est un surnom qui vient de mon pays d’origine, le Suriname. Ma famille m’a toujours appelé comme ça et c’est resté. J’ai baigné très tôt dans la musique. Mon oncle, Paul Intro, était un sélecteur très populaire au Suriname. Il avait un mur de son, je le regardais souvent quand il enregistrait des jingles. Le week-end, je le voyais charger le matos pour aller jouer et, quand on est un petit gars, on ne peut qu’être attiré par ça ! Un autre oncle, lui aussi sélecta, m’a appris quelques grilles d’accords à la guitare, puis au clavier. A l’heure où les autres enfants du village d’Acarouany jouaient au foot, je boeufais avec mon oncle presque tous les après-midi ! Ca a développé mon oreille musicale de chercher les accords des chansons qu’on écoutait sur cassettes ! C’était vraiment une belle époque…
Par la suite, j’ai fait partie d’un groupe reggae, Enfants de Jah, à Mana, en Guyane française, avant de me mettre au chant. Mais comme j’étais quelqu’un d’assez réservé, ce n’était pas facile… Les encouragements des filles du village m’ont beaucoup motivé ! (rires) Puis, j’ai eu envie de bouger. Je n’étais pas du tout attiré par l’école. Du coup, j’ai tout lâché en 1ère pour me consacrer à la musique. J’ai tout de suite eu envie d’aller en métropole et, à mon arrivée, je suis resté quelques mois sur Paris à squatter chez des amis. Je me suis presque retrouvé à la rue… Un pote d’enfance, qui était à Tours, m’a hébergé et c’est là que j’ai croisé Mighty Killa lors d’un open mic. Après, je suis parti pour Grenoble, où j’ai pu me poser et continuer à faire de la musique, à la maison cette fois.

Y a-t-il des artistes qui t’ont marqué ? De quels instruments joues-tu ?
Je suis inspiré par tout ce qui m’entoure et j’ai beaucoup de respect pour les bons artistes, surtout quand il y a de l’originalité. Je joue un peu de basse, guitare et clavier, mais pas suffisamment pour en jouer sur scène.

Quelles ont été tes expériences avant ce projet et que t’ont-elles apporté ?
Avec Myg, un autre beat maker, on a monté un petit label. On a bossé sur le projet Shaby, qui a eu une signature chez Wagram. A l’époque, il y avait l’émission Graines de Star, elle était toute jeune pour concourir. Au final, ça a été pour moi une grosse déception… Puis, on a composé des titres pour une compile avec presque tous les bons artistes du moment, Tiwony, Straika, Mighty Killa, Lyricson, Rosta Damaniak… mais cette compile n’est jamais sortie, on manquait d‘expérience. Ensuite, le one riddim Flame of Life, l’occasion d‘entendre Takana Zion, Lyricson, Straika, et même Colonel Reyel avant qu’ils ne touchent le grand public. Chacune de ces étapes a été un véritable cadeau du ciel. A cette époque, je rêvais de composer pour un album tout entier… J’ai eu le No Gun riddim sur l’album K Libre de Mighty Killa, Messages de Lyricson et For The Next Generation de Maxxo.

Ton premier album s’intitule Just Take It Easy, une invitation à la paix. Quelles sont les sources d’inspiration des textes que tu écris ?
Mes inspirations ? Le départ de la Guyane, l’arrivée en France, ma vie privée, les différentes rencontres, les échanges culturels, la vie au quotidien…

C’est un album métissé dans les styles et les langues (anglais, patois jamaïcain, créole et français), à ton image. Comment conçois-tu ta musique ?
Elle est le carrefour de plusieurs identités musicales dont le reggae est la vibe dominante. On me dit souvent que ma musique englobe plusieurs styles et que le dosage est intéressant, donc une fois que vous aurez l’album, n’hésitez pas à me faire un retour ! (rires)

Comment se sont passés son enregistrement et sa réalisation en France comme en Jamaïque ?
La plupart des instruments ont été enregistrés en France en home studio et les drums en Jamaïque. Le mix et mastering ont été faits à Grenoble par le magicien Don Pablo. Et, très franchement, même Fitzroy a été bluffé par son taf quand il l’a entendu. Donc respect Don Pablo !

Avec quelle équipe et quels musiciens as-tu travaillé ?
La plupart des batteries sont de Fitzroy Green (Alborosie, Luciano…). Il y a Ivan Boucheras, un keyboard d’exception (Maxxo, Mighty Cut, The Soulsonics), Jo Coco (Mighty Cut, Clinton Fearon, Broussaï, Cornell Campbell, The Viceroys, Sir Jean…), Eldé, que l’on connaît en tant que chanteur et qui est aussi un excellent bassiste, Djuka à la guitare (L’Année du Singe, Shaady), Rafi (Jah King) et Jimmy aux chœurs. J’ai moi-même joué les claviers sur certains titres et on a bossé les arrangements avec Benjamin Chambaz, mon technicien son façade.

Y a-t-il des évènements prévus pour accompagner la sortie de l’album ?
L’album est sorti le 29 avril. Premier concert, le 23 mai à l’Ampérage de Grenoble, et quelques uns cet été. On prépare surtout une belle tournée pour l’automne. Côté vidéo, le clip de « Mama » a été réalisé par Antoine Dubois, une bête de réalisateur ! On vient de finir le montage de « Just Take It Easy » dont une petite partie a été tournée à Los Angeles, Oakland et San Francisco pendant mon séjour le mois dernier. Là, je pense à clipper « Dom Tom », titre que j’affectionne particulièrement…

Quels sont tes projets pour les prochains mois ?
Au programme, enregistrements, compos autant que possible, tenter de faire une tournée aux USA avec Dubtonic Kru, avec qui j’ai passé du temps en studio en Californie, récemment. Je vais peut être travailler avec Sir Jean sur son album solo. Il y a aussi un projet avec Aboubass, ancien chef d’orchestre du Solar System, avec qui on collabore depuis maintenant  un an… Pas mal de choses à venir, mais je préfère en parler une fois que ce sera plus sûr…

Simba


(pour Reggae Vibes Magazine #30 - juin/juillet 2013)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.